• Bruno Cremer (1929-2010)

    Une "gueule" virile

    Bruno Cremer (1929-2010)Bruno Cremer est né le 6 octobre 1929 à Saint-Mandé, d'une mère musicienne et d'un père homme d'affaires, tout deux de nationalité belge. Cadet d'une famille de trois enfants, il grandit dans un immeuble hausmannien de la place de la Nation, et se passionne à l'adolescence pour le théâtre.

    Après ses études secondaires, il intègre le Conservatoire et fait partie de la promotion 1952. Ses camarades se nomment Annie Girardot, Jean-Paul Belmondo, Jean Rochefort...

    Bruno Cremer débute sur les planches en 1953 dans Robinson de Jules Supervielle. Il interprète ensuite Shakespeare, Oscar Wilde, Alfred de Vigny ou Jean Anouih qui lui offre lui-même le rôle-titre de Becket ou l'homme de Dieu.

    Au cinéma, il commence en 1952 par de la figuration puis obtient le second rôle dans Quand la femme s'en mêle d'Yves Allégret en 1957. On le retrouve dans divers films mais ce n'est qu'en 1965 que l'acteur voit sa carrière prendre son éssor avec La 317ème Section de Pierre Schoendoerffer.

    Il retrouvera souvent le metteur en scène et sera souvent employé par des réalisateurs "engagés" comme Costa-Gavras ou Yves Boisset.

    Cremer va également tourner pour Denys de la Patellière (Les Fabuleuses aventures de Marco Polo - 65), René Clément (Paris brûle-t-il ? - 66),  Luchino Visconti (L'Étranger - 67 - d'après l'oeuvre de Camus). Il retrouve ses vieux copains du Conservatoire devant les caméras, notamment Annie Girardot dans Les Gauloises bleues (68) ou Jean-Paul Belmondo dans L'Alpagueur (76).

    "Geule" virile et séduisante, il joue le rôle-titre de La Bande à Bonnot (69) de Philippe Fourastier, est un médecin enquêtant sur un suicide dans Cran d'arrêt (1970) d'Yves Boisset, assure la narration du documentaire La Guerre d'Algérie d'Yves Courrière et Philippe Mounier (72), interprète un avocat dans L'Attentat (72) de Boisset (film inspiré de l'affaire Ben Barka).

    Bruno Cremer (1929-2010)

    On le retrouve au côté de Charlotte Rampling dans La Chair de l'orchidée (75) de Patrice Chéreau d'après James Hardley Chase, il est le journaliste Lucien Sampaix dans Section Spéciale de Costa-Gavras en 75, est au générique du film de Lelouche Le Bon et les méchants l'année suivante puis joue dans Le Convoi de la peur de William Friedkin en 1977, remake du Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot.

    Bruno Cremer passe dans l'univers de Claude Sautet le temps du film Une histoire simple (78) puis retrouve le cinéma de guerre avec La Légion saute sur Kolwezi (80), inspiré d'une histoire vraie, où il partage l'affiche avec Jacques Perrin, Laurent Malet et Pierre Vaneck.

    Il retrouve Annie Girardot dans Une robe noire pour un tueur (81) de José Giovanni, il côtoie Lino Ventura dans Espion lève-toi (82) d'Yves Boisset, qui le réemploi dans Le Prix du danger (83), un film de SF aux propos quasi prophétiques sur les dérives télévisuelles.

    Suivent À coups de crosse (84) de Vincente Aranda, où il joue un flic ripoux, il est commandant de marine dans Le Matelot 512 (86) de René Alliot, devient un amateur d'art dans Tenue de soirée (86) de Bertrand Blier, avant d'être commissaire dans l'excellent L'Union sacrée (89) d'Alexandre Arcady.

    Bruno Cremer (1929-2010)

    La même année, Bruno Cremer est professeur de philosophie succombant au "charme" vénéneux de son élève Vanessa Paradis dans Noce Blanche de Jean-Claude Brisseau. Sa carrière se poursuit avec les réalisateurs Serge Leroy (Taxi de nuit), François Ozon (Sous le sable).

    Cremer est aussi présent à la télévision, et ce depuis la fin des années 70. Après des téléfilms (Une page d'amour d'Eli Chouraqui d'après Émile Zola en 80) et des séries (Orient-Express, Le Regard dans le miroir, Médecins des hommes), il va succéder à Jean Richard dans le rôle du 'Commissaire Maigret' dans une série de 54 épisodes jusqu'en 2005.

    En 2000, il publie son autobiographie, "Un certain jeune homme".

    En 2001, il joue le père du héros dans Mon père, il m'a sauvé la vie, film de José Giovanni d'après son livre autobiographique "Il avait dans le coeur des jardins introuvables". Son tout dernier film Là-haut, un roi au-dessus des nuages (2003) est réalisé par celui qui lança sa carrière,  Pierre Schoendoerffer.

    En 2005, il est atteint d'un cancer de la gorge ; après avoir été doublé par Vincent Grass dans l'épisode "Maigret et l'Étoile du Nord", il décide d'abandonner son métier. Il est ensuite touché par un cancer de la langue et du pharynx, et s'éteint le 7 août 2010.

    Côté vie privée, Bruno Cremer a eu trois enfants d'un premier mariage (son fils Stéphane est devenu romancier). Il a deux filles d'une seconde union.

    Bruno Cremer (1929-2010)

     

     

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  • Commentaires

    1
    Kinskiklaus
    Mercredi 22 Mars 2017 à 09:08

    L'un de mes acteurs préféré. Je vous conseille la lecture de son autobiographie "un certain jeune homme". Je l'ai lue il y a deux mois, elle couvre sa vie jusqu'à l'âge de 30 ans environ. On y découvre un homme assez déstabilisant, dur, assez prétentieux, parfois impudique, complexe. Intéressant. Je pense souvent à Bruno Crémer quand je me balade à Paris, notamment quand je passe rue de la Tour d'Auvergne, rue dans laquelle il prit ses premiers cours de théâtre, rue de Clichy et son "Théâtre de l'Oeuvre", théâtre dans lequel il se produisit souvent à ses débuts, parfois avec son ami et maître dans le métier, Michel Bouquet. Systématiquement je pense à lui en passant devant la le Conservatoire d'art dramatique situé dans la rue du même nom, et à lui encore dans le quartier de la Madeleine où il perdit sa virginité avec une prostituée noire. Voilà, si un jour vous voulez que je vous fasse une visite gratuite à Paris, vous êtes les bienvenus !!!

      • Mercredi 22 Mars 2017 à 11:03

        Voilà une idée intéressante : "Paris sur les pas de.." (Bruno Crémer, Jean-Paul Belmondo, etc.) avec des cinéphiles comme guides.

        En tout cas, merci pour la visite virtuelle, cher Kinskiklaus ! smile

    2
    Kinskiklaus
    Mercredi 22 Mars 2017 à 12:06

    De rien, chère Val ! Petit aparté, tu en est où de tes projets d'éventuels regroupements de blogs ?

      • Mercredi 22 Mars 2017 à 12:38

        Pour le moment, c'est dans un coin de ma tête, déjà bien remplie ! happy Ne t'inquiète pas, dès que j'ai un moment de libre je m'y colle.

    3
    Kinskiklaus
    Mercredi 22 Mars 2017 à 22:08

    Rien ne presse, Val, le principal étant que tu sois satisfaite du résultat.

    4
    Jeudi 23 Mars 2017 à 10:42

    Un de mes acteurs préféré aussi et le meilleur Maigret, à mon sens, dont j'ai vu avec plaisir la série.

    5
    Daniel
    Jeudi 23 Mars 2017 à 13:30

    Formidable acteur. Je ne suis pas fan des " Maigret" , mais je n ai aucun doute sur la prestation de Cremer. Je regrette qu il ait été assez sous exploité au cinéma  a partir des années 90 et que sa disparition soit passée assez inaperçue . Pour moi dans " L alpagueur" il efface Belmondo et pour ça faut être sacrément bon , et que dire de " Noce blanche" ou il est grandiose ..Immense talent , belle idée , Val , de lui rendre hommage. 

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    6
    Kinskiklaus
    Jeudi 23 Mars 2017 à 16:03

    Yep, très bel idée cet hommage ! Vrai qu'il n'a pas été assez exploité durant les années 90 mais en même temps, les "Maigret" lui prenaient beaucoup de temps. J'avais rencontré brièvement Jean-Claude Brisseau (d'une carrure assez impressionnante) par hasard dans un magasin parisien et l'avais remercié pour les rôles qu'il avait offert à Crémer. A noter tout de même que François Ozon l'avait remis sur les rails, et de belle manière, au début des années 2000 avec son très beau "Sous le sable".

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