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Claude Lelouch (1)
Itinéraire d'un enfant du cinéma (première partie)
Claude Lelouch nait le 30 octobre 1937 dans le 9ème Arrondissement de Paris, de parents juifs. En 1942, alors que son père est à Alger, sa mère cache le jeune Claude dans des salles de cinéma où l'enfant va tomber amoureux du septième Art.
Après la Guerre, la vie reprend son cours, et Claude va se voir offrir une caméra par son père. Avec elle, le jeune homme qui a raté son Bac débute dans le reportage d'actualité, tournant des documentaires sur le Tour de France ou les 24 Heures du Mans.
Son travail le plus intéressant est un reportage "en caméra cachée" en U.R.S.S, "Quand le rideau se lève". Lors de ce tournage, il a l'occasion de visiter les studios soviétiques de Mosfilm où se tourne Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov. Cette expérience sera déterminante pour le futur metteur en scène : "J'ai su dès ce jour-là que la caméra était l'acteur invisible mais principal de tous les films de l'histoire du cinéma et en particulier de tous mes films" dira-t-il.
Après son périple à Moscou, il revient en France ou il effectue son service militaire au Service cinématographique des armées. Il y réalisera sept films et c'est là qu'il apprend la direction d'acteurs.
En 1960, Claude Lelouch utilise l'argent de la vente de son reportage sur l'U.R.S.S. pour autoproduire Le Propre de l'homme. Lui-même admettra plus tard que ce long-métrage "cumule toutes les erreurs à ne pas commettre sur un premier film". Refusé par tout les distributeurs, descendu en flamme par les critiques, cette première oeuvre ne bénéficiera que d'une seule projection au Cinéma d'Essai, à laquelle assistent ses parents.
Néanmoins, il parvient à fonder la même année sa maison de production. Il pense à l'appeler "Les Films de l'Apocalypse", mais le notaire lui dit : "Nous sommes le 13 de ce mois, il est 13 heures et votre nom comporte 13 lettres... Est-ce que vous avez quelque chose contre le chiffre 13 ?". La société s'appellera alors "Les Films 13".
Nous sommes alors en pleine période "Yé-Yé", et Claude Lelouch va se lancer dans le tournage de "Scopitones". Devant ses caméras chanteront Johnny Halliday, Claude François, Sheila, ou encore Dalida, Jeanne Moreau ou Claude Nougaro.
En 1962 sort son deuxième long-métrage, L'Amour avec des si, qui sera lui aussi un échec critique et public. Il va ensuite réaliser un film de commande, La Femme-spectacle (1964) sur le phénomène de "la femme-objet" ; l'oeuvre sera censurée pour sa misogynie et Lelouch en dira "J'ai trahi ce que j'aimai le plus au monde, les femmes et le cinéma".
Deux ans plus tard, il met en chantier Une fille et des fusils, avec ses amis Amidou, Pierre Barouh et Jean-Pierre Kalfon. Le film sera un demi-succès, et contient des idées qui seront reprises plus tard dans Le Bon et les méchants et L'Aventure c'est l'aventure. Il y aura une "suite", Les Grands moments, qui ne sera pas distribué.
Déprimé, Claude Lelouch part à Dauville. C'est en observant une femme et son enfant longeant la plage que le réalisateur va imaginer ce qui deviendra Un homme et une femme. Il aura des difficultés à réunir les fonds pour réaliser le film, mais son acteur principal, Jean-Louis Trintignant, aura une entière confiance pour ce jeune réalisateur encore débutant.
Le film sera accepté in-extremis à la sélection du Festival de Cannes 1966 et obtiendra la Palme d'or ex-aequo avec Ces Messieurs dames de Pietro Geni. Mais ce sera surtout le premier succès critique et public de Claude Lelouch, qui va alors recevoir des propositions de tous les producteurs, y compris à Hollywood.
Mais le réalisateur, alors âgé de 29 ans, va refuser le pont d'or américain et tourne Vivre pour vivre avec Yves Montand et Annie Girardot, avec qui il a une liaison. Le film obtiendra le Grand prix du Film Français et le Golden Globe du meilleur film étranger.
Lelouch co-réalise ensuite avec François Reichenbach 13 jours à Grenoble, sur les Jeux Olympique qui se déroulèrent dans cette ville ; sélectionné pour être présenté à Cannes, ce documentaire n'y sera pas projeté, les événements de "Mai 68" bousculant le festival (entre autre choses).
Cette même année 1968 sort La Vie, l'amour, la mort, plaidoyer contre la peine de mort avec Amidou, Caroline Cellier et Marcel Bozzuffi. Claude Lelouch réalise également son dernier scopitone, "Petite fille de français moyens" de Sheila, avant de prendre congé de la maison de disques Carère qui l'employait jusque là.
Il va dès lors se consacrer entièrement à la réalisation de longs-métrages, à commencer par Un homme qui me plait (1969) avec Annie Girardot, Marcel Bozzuffi et Farah Fawcett. Suivront Le Voyou (70) avec un rôle à contre-emploi pour Jean-Louis Trintignant, puis Smic, Smac, Smoc (71), avec Amidou, Charles Gérard et Catherine Allégret.
Les bouleversements sociaux engendrés par Mai-68 vont inspirer indirectement Claude Lelouch, qui réunis Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Gérard et Aldo Maccione pour ce qui sera son deuxième grand succès cinématographique, L'Aventure c'est l'aventure (72).
Impressionné par le jeu de Ventura, il le réemploi dans La Bonne année (73) au côté de Françoise Fabian. Le film ne sera pas vraiment plébiscité par le public mais parmi ses plus grands admirateurs figurera Stanley Kubrick.
Claude Lelouch tourne à ce moment un ou deux films par an, avec plus ou moins de bonheur : Toute une vie (74) avec Marthe Keller, Le Chat et la souris (75) qui réunit Serge Reggiani et Michèle Morgan, Le Bon et les méchants la même année avec Jacques Dutronc, Marlène Jobert et Bruno Cremer. La décennie suivante sera plus faste pour le réalisateur...
(À suivre...)
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Commentaires
2DanielVendredi 7 Octobre 2016 à 17:30Avec Lelouch , j en suis resté à " Itinéraire...." , ça date ! Pas trop fan du réalisateur en fait . Comme on le voit beaucoup dans les médias en ce moment j ai aimé son anecdote américaine : " On m a proposé de travailler avec Marlon Brando et Steve McQueen : le premier avait des exigences sur tous les points , le second m a donné carte blanche ." Mais Lelouch est bien trop libre pour se plier au diktat hollywoodien , un peu tout le contraire des réalisateurs français actuels prêt a se corrompre pour monter une marche sur le parvis du cinéma mondial ( voir tout micmac autour de " The Artist ).
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Quelqu'un a vu son dernier film avec Dujardin, "Un + Une"? Un bijou, mon film préféré du cinéaste avec "La belle histoire".