Frère du cowboy...

Au même titre que le cowboy, l'Indien ou le chercheur d'or, le trappeur est un personnage emblématique du western. Il a même une "aura" particulière de par son contact très étroit avec la nature et les peuples amérindiens qu'il côtoie.

Le mot "trappeur" est apparu dans la langue française au XIXème Siècle, il est issu de l'américain "trapper" qui est lui-même un dérivé du vieux français "trappe" qui désignait un piège. Aujourd'hui encore, au Québec, le verbe "trapper" signifie prendre quelqu'un par surprise.

Car le trappeur est très souvent un descendant des colons installés en "Nouvelle France", ces terres annexées au nom du Roi par les explorateurs Jacques Cartier ou Samuel de Champlain. Les premiers comptoirs et postes de traites des fourrures et peaux apparaissent au début du XVIIème Siècle au Canada. D'abord français dans la région de Québec, ils sont hollandais sur le bassin de l'Hudson dans l'État de New York et à Manhattan.

Les marchands achetaient les peaux aux trappeurs blancs, ou bien les échangeaient avec les Indiens contre des outils, des armes, de l'alcool ou autres. En 300 ans, plusieurs centaines de postes de traite ont permis la récolte de dizaines de millions de peaux d'animaux jusque dans les zones les plus reculées de la Frontière. Il y eu ainsi entre 2000 et 3000 trappeurs en activité dans les Rocheuses entre les années 1820 et 1860.

L'activité du trappeur débutait au mois de novembre, lorsque les animaux commencent à avoir la fourrure plus épaisse. Il tendait alors ses pièges, se déplaçant en traineau ou en raquettes. Vers mars-avril, il se rendait en ville ou dans les comptoirs où il revendait ou échangeait les peaux collectées durant l'hiver. Elles étaient négociées selon le cours du moment et leur qualité. En moyenne elles rapportaient 200 $ mais pouvaient monter jusqu'à 500 $ selon les époques et les dictats de la mode.

Il va sans dire qu'une telle activité a eu de graves conséquences sur les espèces animales : le castor, par exemple, qui fut longtemps prisé, a complétement disparu dans certaines régions d'Amérique du Nord. Vers la fin du XIXème Siècle, le trappeur sera concurrencé par l'élevage qui commence à être pratiqué non seulement sur le continent américain mais aussi en Europe.

Aujourd'hui, le métier existe toujours, mais il est très réglementé : avant de devenir trappeur, il faut suivre des cours de piégeage puis passer un permis.  Au Québec, le colletage (ou pose de collets) concerne principalement le lièvre pour la viande, la peau étant souvent délaissée. Pour le pratiquer, il faut posséder un permis de chasse au petit gibier et un permis de colletage. Si de nombreux animaux sont heureusement protégés, il y a encore des trappeurs sur tout le continent nord-américain.

Historiquement parlant, les trappeurs ont contribué à l'histoire américaine, comme Louis Campeau qui fonda les villes de Saginaw et Grand Rapids dans le Michigan, ou Jacques La Ramée qui donna son nom à la rivière Laramie. Les plus célèbres d'entre eux seront bien sûr Daniel Boone et Davy Crockett .

L'écrivain qui a le mieux popularisé l'image du trappeur est James Fenimore Cooper, qui créa le personnage de "Bas-de-cuir", héros de cinq romans dont le plus célèbre est bien entendu "Le Dernier des Mohicans". James Oliver Curwood et Jack London ont eux aussi mis en scène des trappeurs dans certains de leurs livres et leurs nouvelles, et même Jules Verne a écrit un livre intitulé "Le Pays des fourrures" contant les aventures d'un groupe de trappeurs partis en Alaska pour le compte du comptoir de la baie de l'Hudson.

Au cinéma, le trappeur a été personnalisé par John Wayne dans La Piste des géants (1930) de Raoul Walsh, par Clark Gable dans Au-delà du Missouri (1951) de William A. Wellman, par Robert Redford dans Jeremiah Johnson (1972) de Sidney Pollack. Notre ami Bronson interprète le mystérieux "Albert Johnson" dans Chasse à mort (1980) de Peter Hunt, d'après un fait-divers survenu dans les années 20. Le plus récent trappeur de cinéma est bien entendu Leonardo DiCaprio dans The Revenant (2015) d'Iñarritù.

Le célèbre explorateur français Nicolas Vanier a quant à lui réalisé un film mêlant fiction et documentaire, Le Dernier trappeur (2004), situé dans le Yukon canadien.

Le petit écran a lui aussi été friand de trappeurs, et pas des moindres, car le célèbre Davy Crockett (interprété par Fess Parker) a eu les honneurs d'une série ultra populaire aux États-Unis comme en France dans les années 50. Un montage des trois premiers épisodes sortira au cinéma : Davy Crockett, roi des trappeur (55). Parker interprétera également un autre trappeur célèbre, Daniel Boone.

En 1957, une série canadienne intitulée Oeil de faucon et le dernier des Mohicans réunit John Hart et Lon Chaney Jr.

En 1974, un film, The Life and Times of Grizzly Adams, non distribué chez nous semble-t-il, donna naissance à une série télévisée, qui elle sera diffusée chez nous sous le titre La Légende de James Adams et de l'Ours Benjamin. La vedette dans les deux cas en était Dan Hagerty, disparu récemment.

En 1978, la mini-série Colorado met en vedette Robert Conrad dans le rôle du trappeur "Pasquinel".

Personnage libre par essence, proche de la nature et des Indiens, représentant peut-être à nos yeux le "sauvage" qui sommeille en nous, le trappeur n'en finira sans doute jamais de parcourir les forêts profondes de nos imaginations. Il est en quelque sorte le "frère" du cowboy avec qui il partage l'honneur d'avoir façonné un pays.