Ce n'est ni un emmerdeur, ni une chèvre, ni un con !

Fils du journaliste et écrivain Pierre-Gilles Veber et de la romancière Catherine Agadjanian (dont le nom de plume est Georgette Paul), Francis Veber est né le 28 juillet 1937 à Neuilly-sur-Seine. Poussé par ses parents à faire un métier stable, il va tenter la médecine et les sciences, avant d'abandonner.

Lors de son service militaire, il devient reporter pour le journal de l'armée "Bled", aux côtés de Philippe Labro, Jacques Ségéla, Cabu et Just Jaekin. Après sa démobilisation, il devient journaliste à RTL. 

En 1964, l'année de son mariage, il écrit avec Jacques Martin la comédie musicale Petit Patapon qui sera un fiasco. Après son renvois de la station de radio suite à une compression de personnel, Francis Veber va trouver un emploi comme scénariste pour la télévision.

C'est à la même époque qu'il écrit sa première pièce de théâtre, L'Enlèvement, inspirée par le rapt de l'épouse de Marcel Dassault. Après un mauvais démarrage, cette pièce va néanmoins connaitre de bonnes critiques et attire l'attention du producteur de cinéma Bob Amon qui demande à son auteur d'en tirer un scénario. Le film, intitulé Appelez-moi Mathilde, sort en 1969. Réalisé par Pierre Mondy, avec Jacqueline Maillan et Michel Serrault, ce sera un échec.

Francis Veber, qui venait de finir un synopsis contant la rencontre improbable entre un tueur à gages et un représentant de commerce suicidaire, est quelque peu "refroidi" par l'expérience et réécrit le texte pour en faire une nouvelle pièce.

Intitulée Le Contrat, créée en 1969 par Jean Le Poulain et Raymond Jérôme, cette pièce va connaitre un certain succès. C'est d'ailleurs à cette occasion que va naitre le personnage que Veber qualifie de "Petit homme dans la foule", le maladroit plongé dans une aventure rocambolesque.

Quelques années plus tôt, Veber avait écrit avec l'écrivain Richard Caron le synopsis d'une comédie policière, La Couverture, que Caron avait ensuite adapté en roman sous le titre de "TTX 75 en famille". Georges Lautner, intéressé par ce texte, demande à Veber d'en tirer un scénario.

Ce sera celui de Il était une fois un flic (1972), l'histoire d'un policier qui, pour les besoins d'une enquête, se retrouve à la tête d'une (fausse) famille. Ce sera le premier succès de Veber en tant que scénariste, ce qui lui permettra d'écrire les scripts des films Le Grand blond avec une chaussure noire (1972) et La Valise (1973).

Lino Ventura, qui devait être la vedette d'Il était une fois un flic, s'était désisté car il était plus intéressé par la pièce Le Contrat. Réalisé par Édouard Molinaro, L'Emmerdeur (1973) confirme le succès de Veber en tant que scénariste.

Employé par la Gaumont, il va plancher sur les scenarii et/ou les dialogues des films Le Magnifique (1973), Le Téléphone rose (1975), Adieu poulet (1975), Peur sur la ville (1975) et Coup de tête (1978). Il va également adapter La Cage aux folles (1978) que réalisera Édouard Molinaro.

Claude Berri va convaincre Veber de réaliser son premier film : Le Jouet (1976), avec Pierre Richard et Michel Bouquet, est moins une comédie qu'une charge féroce contre le patronat tout-puissant et une jolie étude de l'enfant-roi.

Mais c'est son deuxième film, La Chèvre, qui fera de Francis Veber un réalisateur aimé des français. L'idée de confronter deux personnages aussi dissemblables que le baroudeur pragmatique et cynique (Gérard Depardieu) et le doux rêveur malchanceux et maladroit (Pierre Richard) fait courir le public dans les salles. C'est le principe du "Clown blanc et de l'Auguste", du duo mal assorti, connu depuis longtemps au cinéma mais que le réalisateur renouvelle avec finesse et tendresse.

Il reprend l'idée (et les mêmes acteurs) avec deux autres films, Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986), avec le même succès. Si le premier raconte comment deux hommes se retrouvent à rechercher un jeune fugueur qui pourrait être le fils de l'un d'eux, le deuxième est une jolie histoire pleine de sensibilité : derrière les gags, il y a le questionnement sur la façon dont la société "classe" les deux héros, un ancien voyou repentit et un père veuf et désargenté.

Au début des années 80, Francis Veber est sollicité par les américains : il écrit le scenario de Partners (1982), comédie policière avec Ryan O'Neal et John Hurt qui n'est jamais sortie en France. Trois ans plus tard, lors du Festival de Cannes, le réalisateur est approché par Jeffrey Katzenberg, alors l'un des patrons de la firme Disney, qui l'invite à travailler aux U.S.A.

Il s'installe en Californie et devient "script doctor" pour la boîte de Mickey. Il va également réaliser Three Fugitives, remake de son film Les Fugitifs, dont les vedettes sont cette fois Nick Nolte et Martin Short. Son deuxième film américain, Sur la corde raide (Out of a Limb en vo), avec Matthew Broderick, et dont il n'a pas écrit le scénario, sera, selon ses dires, "un bide mérité" qui le convainc à revenir à l'écriture.

Francis Veber commence à ce moment à écrire une nouvelle pièce de théâtre, Le Diner de cons, dont il parle avec Alain Poiré lors d'un passage à Paris. Ce dernier en achète les droits d'adaptation au cinéma. Une fois la pièce achevée, Veber l'envoie à son ancien agent, Jean-Louis Livi qui est devenu producteur de théâtre.

C'est au Théâtre des Variétés que Le Diner de cons sera créée en 1993 sur une mise en scène de Pierre Mondy, avec Claude Brasseur et Jacques Villeret en vedettes. À la surprise de son auteur, ce sera un triomphe qui tiendra l'affiche durant trois ans.

Après avoir tourné Le Jaguar (1996) avec Jean Réno et Patrick Bruel, Francis Veber s'attaque lui-même à la réalisation du Diner de cons  : Villeret reprend son rôle de 'François Pignon' tandis que Thierry Lhermitte remplace Claude  Brasseur à l'écran. Des ajustements seront nécessaires pour rendre l'ensemble plus cinématographique, comme l'ajout du personnage de la maîtresse envahissante (jouée par Catherine Frot) ou l'accident de voiture final, mais lors de sa sortie en 1998, le film connait un phénoménal succès avec plus de 9 millions de spectateurs. Il bénéficie aujourd'hui, à chaque diffusion télévisée, d'une très confortable audience.

Jacques Villeret obtiendra le César du meilleur acteur tandis que Daniel Prevost aura celui du meilleur second rôle masculin. Veber, quant à lui, recevra le César du meilleur scénario.

Tout en continuant de résider une partie de l'année aux États-Unis, Francis Veber va réaliser dans les années 2000 plusieurs comédies comme Le Placard (2001) avec Daniel Auteuil et Gérard Depardieu, Tais-toi ! (2003) avec Depardieu et Jean Réno, La Doublure (2006) avec Gad Elmaleh et Daniel Auteuil.

En 2005, Veber propose une nouvelle version de la pièce L'Emmerdeur avec Patrick Timsit et Richard Berry. S'ensuit la reprise sur les planches du Diner de cons avec cette fois Arthur et Dany Boon, puis, galvanisé par le succès théâtral de L'Emmerdeur, il décide de réaliser un "remake" du film de 1973. 

Sorti en 2008 avec Timsit et Berry en vedettes, L'Emmerdeur sera un cuisant échec et fera dire à son réalisateur "Outre le fait que les réactions du public m'ont donné l'impression d'avoir fait de la profanation de sépulture, j'ai reçu une leçon que je ne suis pas prêt d'oublier : il y a certains cultes qu'il vaut mieux respecter."

En 2009, Le Diner de cons est de retour au théâtre, avec cette fois Régis Laspalès et Philippe Chevallier. En 2010, Francis Veber publie son autobiographie, "Que ça reste entre nous". En 2012, il reçoit un Prix Lumière d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Après une nouvelle pièce de théâtre, Cher Trésor, créée en 2013 par Gérard Jugnot, Veber adapte et met en scène Le Placard, avec Elie Semoun et Laurent Gamelon. La pièce est jouée en 2014. Sa dernière œuvre à ce jour est la pièce Un animal de compagnie qui date de 2017.