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Marcel Dalio (1899-1983)
Devant les caméras de Renoir, Curtiz, Hawkes, Oury entre autres...
Marcel Blauschild nait le 23 décembre 1899 à Paris dans le cinquième Arrondissement, d'un père maroquinier et d'une mère femme de ménages. Passionné de théâtre, le futur Marcel Dalio étudie au Conservatoire d'art dramatique avant de débuter dans les années 20 dans des music-halls, très à la mode à cette époque.
Il monte également sur les planches, notamment dans L'Oiseau vert de Paul Colline et René Ferréol en 1924 ou Grisou de Pierre Brasseur en 1925.
Sa carrière cinématographique commence en 1931 dans Le Dandy masqué d'André Chotin et dans Le Collier de Marc Allégret. Il tourne ensuite dans Affaires publiques (1934) de Robert Bresson, Le Golem (1936) de Julien Duvivier, Un grand amour de Beethoven (1936) d'Abel Gance.
Mais c'est en 1937 que Dalio impressionne la pellicule et le spectateur grâce à son rôle de "mouchard" dans Pépé le Moko de Duvivier. Suivront deux chefs-d'oeuvre de Jean Renoir, La Grande illusion (1937) et La Règle du jeu (1939).
Mais la guerre éclate, et l'arrivée des allemands le chasse du pays avec sa seconde épouse Madeleine Lebeau. Le couple fuit d'abord au Portugal où il se fait établir des faux papiers pour rejoindre l'Amérique du sud. Au Mexique, ils sont retenus par les autorités et menacés d'être renvoyés en France. Ils demandent le droit d'asile politique et c'est le Canada qui leur délivre un visa. Dalio et Lebeau gagne alors Montréal puis s'installeront aux États-Unis où ils poursuivront leur carrière.
Entre temps, la propagande de Vichy utilise des photos de l'acteur pour illustrer l'image du "juif typique" tandis que le film Entrée des artistes (1938) bénéficie d'un "remontage" où il est remplacé dans toutes ses scènes par un acteur "aryen", Alfred Pasquali, tandis que la bande sonore garde sa voix. Ce film ressort en 1944.
Mais Marcel Dalio, loin de l'ignominie des nazis et de leurs sous-fifres français, va entamer une carrière américaine : dans Casablanca (1942) il incarne 'Émile', le croupier, tandis que son épouse joue 'Yvonne', l'amoureuse délaissée de Humphrey Bogart.
Dalio tourne ensuite Le Port de l'angoisse (1944) de Howard Hawkes, avant de retrouver la France à la Libération. Toute sa famille a disparue dans les camps de concentration, et le cinéma ne lui donne plus que des rôles de "fou, de demi-fou ou de quart de fou", comme il le dira lui-même plus tard.
C'est ainsi qu'il est le souteneur de Simone Signoret dans Dédée d'Anvers (1947) d'Yves Allégret, ou le tueur dans Les Amants de Vérone (1948) d'André Cayatte.
De temps en temps, l'acteur reprend le chemin des studios d'Hollywood, où il est souvent catalogué "Français de service" : il est le sergent de police dans La Veuve joyeuse de Curtis Bernhardt, il côtoie Ava Gardner et Gregory Peck dans Les Neiges du Kilimandjaro de Henry King, interprète un magistrat dans Les Hommes préfèrent les blondes de Howard Hawkes avec Marilyn Monroe et Jane Russell.
Il joue aussi devant les caméras de Billy Wilder (Sabrina), Henry King (Le Soleil se lève aussi), William A. Wellman (Escadrille Lafayette), John Huston (Le Dernier de la liste), John Ford (La Taverne de l'irlandais)...
Sous nos latitudes, on le retrouve dans Razzia sur la chnouf de Henri Decoin, Classe tous risques de Claude Sautet, Cartouche de Philippe de Broca, Le Diable et les dix commandements de Julien Duvivier. Il joue aussi dans Le Monocle rit jaune de Georges Lautner ou Tendre voyou de Jean Becker.
Parmi ses dernières prestations à l'écran, le rôle du "vrai" Rabbi Jacob dans Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury, un noble dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier, le 'Duc de Balo' dans La Bête, film érotico-fantastique de Walerian Boroczyk, ou le tailleur qui confectionne le costume d'académicien de Louis de Funès dans L'Aile ou la cuisse de Claude Zidi.
Au petit écran, Marcel Dalio joue aussi bien dans des épisodes de séries US, comme Chasse au crime (1955), Alfred Hitchcock présente (1958), Maverick (1959) ou Aventures dans les îles, que dans des productions françaises comme l'épisode "Oliver Twist" de la série Le Théâtre de la jeunesse (1962), le feuilleton Les Compagnons d'Eleusis (1975) de Claude Grimberg ou des épisodes des Cinq dernières minutes ou Médecins de nuit.
Jean Rochefort lui consacre en 1974 un court-métrage, T'es fou, Marcel, et en 1976 sort son livre de souvenirs, "Mes années folles", écrit en collaboration avec Jean-Pierre de Lucovich.
Côté vie privée, Dalio fut marié trois fois : d'abord avec Jany Holt de 1936 à 1939, puis avec Madeleine Lebeau de 1939 à 1943, et enfin avec Madeleine Prime de 1981 jusqu'au décès de l'acteur.
Marcel Dalio est retrouvé mort dans son appartement du 16ème Arrondissement de Paris le 19 novembre 1983. Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux.
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Commentaires
2DanielMardi 13 Juin 2017 à 16:54Le " King" des seconds rôles. Toujours impeccable. Oublié , méconnu malgré une carrière formidable. C est bien dommage .
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Un grand comédien aujourd'hui ignoré des jeunes générations.