Une voix, et quelle voix !

Né le 12 avril 1932 dans le treizième arrondissement de Paris, Jean-Pierre Marielle est le fils du directeur d'une entreprise agro-alimentaire et d'une couturière. Lors de ses études au lycée Carnot de Dijon, il prend plaisir à monter des pièces de Tchekhov avec ses condisciples, et, sur les conseils d'un de ses professeurs, décide de faire du théâtre.

Après ses études, il s'inscrit au centre d'art dramatique de la rue Blanche à Paris, puis au Conservatoire. Là, il se lie d'amitié avec Jean-Paul Belmondo, Claude Rich, Jean Rochefort et Bruno Crémer entre autres, avec qui il constituera une bande amenée à faire parler d'elle.

Marielle sort du Conservatoire en 1954 avec le second prix de comédie classique et après un stage au Théâtre-Français, il se produit sur les scènes de la rive gauche. Il est ensuite engagé dans la troupe Grénier-Hussenot. Il fera même un temps du cabaret avec son autre pote du Conservatoire Guy Bedos.

Il débute au cinéma dans les années 50, son physique le cantonnant à des personnages plus âgés que lui, comme dans Faites sauter la banque ! où il a pour partenaire Louis de Funès. Il retrouvera son ami Belmondo à plusieurs reprises devant les caméras, notamment dans Week-end à Zuytcoote (1964) d'Henri Verneuil. Par ailleurs, sa voix chaude si particulière sera exploitée par Frédéric Rossif qui en fait le narrateur de son documentaire Les Animaux (1963).

Après avoir côtoyé Yves Montand dans Le Diable par la queue (1969), Jean-Pierre Marielle s'offre une incursion dans le "giallo" avec Quatre mouches de velours gris (1971) de Dario Argento.

L'acteur est aussi à l'aise dans la comédie que dans le drame : dans Sex Shop (1972), il interprète un dentiste obsédé sexuel, tandis que dans Dupont Lajoie (1975) il joue un avatar de Léon Zitrone.

Son rôle de représentant en parapluies devenant artiste peintre dans Les Galettes de Pont-Aven (1975) va définitivement le faire entrer dans le panthéon des acteurs populaires français. Le réalisateur du film, Joël Séria, le réemploiera dans Les Deux crocodiles (1987) avec Jean Carmet.

Au cinéma comme dans la vie, Marielle est un homme de "bande", d'équipe : il partagera souvent l'écran avec ses amis du Conservatoire Jean Rochefort, Belmondo ou Annie Girardot (Court après moi que je t'attrape - 1976). Il est également fidèle à des réalisateurs comme Bertrand Tavernier (Que la fête commence - 1975, Coup de torchon - 1981), Georges Lautner (La Valise - 1973, On aura tout vu ! - 1976).

Il se laisse diriger par des "pointures" (Claude Sautet, Claude Lelouch ou Bertrand Blier) mais aussi par de jeunes metteurs-en-scène comme Didier et Thierry Poiraud (Atomik Circus, le retour de James Bataille - 2004).

Sa voix si reconnaissable est également mise à contribution : il est le narrateur au début et à la fin du film Les Mariés de l'An II de Jean-Paul Rappenaud, et double le chef cuisinier 'Auguste Gusteau' dans le dessin animé Ratatouille.

Jean-Pierre Marielle est aussi un habitué du petit écran depuis la fin des années 50. On le retrouve aussi bien dans des adaptations d'oeuvres théâtrales ou romanesques que dans les téléfilms ou les reconstitutions historiques.

Ses dernières prestations sur grand écran datent du milieu des années 2000 : ainsi il est le maire roublard du film Les Seigneurs (2012) d'Olivier Dahan, joue son propre rôle dans Tu veux ou tu veux pas (2014) de Tonie Marshall, et interprète le père de Christian Clavier dans Une heure de tranquillité (2014) de Patrice Leconte.

Mais, atteint par la maladie d'Alzheimer, Jean-Pierre Marielle s'éloigne du cinéma. Il décède des suites d'un cancer le 24 avril 2019 à Saint-Cloud, à l'âge de 87 ans.