• Vers sa destinée (1939)

    Henry, incarnation d'Abe Lincoln.

    Vers sa destinée (1939)Le jeune Abraham Lincoln (Henry Fonda) hésite entre continuer à faire du commerce et entreprendre des études de droit, malgré les encouragements de la jolie Ann Rutledge (Pauline Moore). Suite à la mort de cette dernière, notre héros prend sa décision et, cinq ans plus tard, nous le retrouvons entrant dans la ville de Springfield (Illinois) juché sur une mule afin d'intégrer le cabinet d'avocats.

    Alors qu'il vivote en se faisant les dents sur des querelles de voisinage, il s'empare de son propre chef d'une affaire plus grave : deux fermiers, les frères Clay, sont accusés d'avoir poignardé à mort un assistant du shérif.

    Vers sa destinée de John Ford n'est pas à proprement parler un "biopic" sur Abraham Lincoln, le 16ème président des Etats-Unis. Le film se focalise surtout sur une anecdote de son passé d'avocat, un fait réel mais très romancé pour l'occasion.

    Ce qui m'a le plus marqué en l'occurrence, c'est que nous avons là une sorte de "matrice" de quasiment tous les personnages qu'interprétera Henry Fonda dans sa   carrière : le héros incorruptible, loyal, et profondément humaniste. Sa façon de se dresser contre la tentative de lynchage (L'étrange incident), son attitude lors du procès (Douze hommes en colère), la scène du cimetière au début du film et celle de la danse lors de la réception (My Darling Clementine).  J'ai appris que c'est avec ce film que l'acteur allait passer du statut de "jeune premier lambda" à star, et je n'en suis pas étonnée.

    Autre élément important du film à mon avis : les longues jambes de l'acteur. Cela peut paraître bizarre dit comme ça, mais j'ai eu l'impression qu'elles sont "mises en avant" pour démontrer le côté gauche et presque caricatural du futur président : Fonda semble ne pas savoir quoi en faire à certains moments, et cela donne toute la personnalité à "Abe".

    Bien évidemment, la dernière scène, où notre jeune avocat, ayant sauvé ses clients de la corde, marche vers l'horizon alors qu'un orage se déchaine (préfigurant la Guerre de Sécession) est hautement symbolique et pourrait paraitre aujourd'hui obsolète. Pourtant, par la grâce de John Ford, cette séquence n'a pas perdu de son impact plus de 80 ans plus tard.

    Henry Fonda s'est totalement investit dans son personnage : il avoua avoir d'abord refusé le rôle, ayant l'impression de devoir "jouer Dieu lui-même". C'est Ford qui, d'une manière énergique voire tyrannique, l'incita a accepter. Autour de l'acteur, des seconds rôles riches et fortement marqués, parmi lesquels la "faune" habituelle du réalisateur irlandais : Ward Bond en témoin à charge plus que douteux, Francis Ford (frère ainé de John) en juré alcoolique et bon vivant, Donald Meek en avocat de l'accusation roublard.

    Vers sa destinée est un film-jalon pour la carrière de Fonda, celle de Ford et plus simplement pour le cinéma dans son ensemble. Pas étonnant que Steven Spielberg comme Bertrand Tavernier le considèrent comme un chef-d'oeuvre absolu.

     

    Vers sa destinée (1939)

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