"Doc Hollywood" en version française.

Le village de Saint-Loin-La-Mauderne se meurt. Après la fermeture de l'usine locale, la seule activité est devenue, en début de mois, le défilé des habitants venus toucher le R.S.A. au bureau de poste.

Le maire (Didier Bourdon) a décidé de faire de l'ancienne fumerie de saumon une entreprise coopérative. Seulement Bruxelle, pour lui accorder une subvention, lui demande des garanties, dont la plus importante est la présence d'un médecin dans la commune durant au moins cinq ans...

Un village presque parfait (2015) est l'une de ces comédies basées sur la dure réalité de la France rurale d'aujourd'hui. À la manière de Les Seigneurs, chroniqué récemment, on voit un édile se débattre pour faire revivre sa localité.

En l'occurrence, la gageure est la suivante : comment un chirurgien plastique de Paris (joué par Lòrant Deutsch) peut-il s'attacher à un bourg perdu des Pyrénées ? Réponse : en transformant le terrain de rugby en aire de cricket, en mettant le praticien sur écoute et en lui servant du boeuf strogonoff !

Le film ne sombre jamais dans la comédie grossière, et l'émotion n'arrive pas avec "ses gros sabots". Le réalisateur, Stéphane Meunier, est connu pour avoir à son actif le documentaire Les Yeux dans les bleus (1998), qui a obtenu d'excellentes critiques.

Au casting : Didier Bourdon, que j'appréciai déjà au temps des "Inconnus", est un maire un peu magouilleur sur les bords, légèrement mytho mais profondément sympathique. Lòrant Deutsch est un médecin imbu de lui-même et condescendant qui va évoluer au fil de l'intrigue, Lionnel Astier joue un personnage bougon comme souvent et Denis Podalydès, directeur de la Banque Postale du village, irritant mais attaché lui-aussi à son village.

Sans oublier Carmen Maura et Annie Grégorio, toutes deux hilarantes en "attachées aux écoutes téléphoniques". Armelle apparait en serveuse de l'unique restaurant du village et Élie Semoun est le petit génie de l'informatique qui va se retrouver obligé d'aimer la "techno" pour plaire au médecin.

Ce film est en fait le remake d'un long-métrage québécois, La Grande Séduction (2003), lui-même inspiré par Doc Hollywood (1991), film américain où Michael J. Fox, chirurgien plastique, se retrouvait "coincé" dans une bourgade où il finissait par trouver son bonheur.

Un village presque parfait, c'est un film plaisant, bourré d'humour et d'émotion sans être une grosse farce indigeste. Il est bien sur très ancré dans notre époque, et je pense que les cinéphiles du futur le regarderont comme un témoignage de notre société. Seul le temps dira s'ils le considéreront comme un chef-d'oeuvre ou un film mineur, toujours est-il que moi, je l'ai bien aimé...

Petite anecdote : le village (fictif) de Saint-Loin-La-Mauderne est jumellé au village québécois (tout aussi fictif) de Sainte-Marie-La-Mauderne, qui était au centre du film La Grande Séduction. Pour la "version française", c'est la commune d'Aulon dans les Hautes-Pyrénées qui servit de décor, certains habitants étant des figurants.