• Stéphane Audran (1932-2018)

    "Bourgeoise pompidolienne".

    Stéphane AudranColette Ducheville nait le 8 novembre 1932 à Versailles. Son père, médecin, décède alors qu'elle est très jeune et elle-même va connaitre des ennuis de santé durant toute son enfance. Sa mère, qui a perdue sa fille ainée, va surprotéger la cadette.

    Est-ce pour cela que la future Stéphane Audran va, par réaction, développer très tôt un goût pour la comédie et le déguisement ? Toujours est-t-il qu'après ses études secondaires, elle va suivre des cours d'art dramatique à Paris, malgré la désapprobation maternelle.

    Fréquentant les classes de Charles Dullin, Tania Balachova, Michel Vitold et René Simon, elle rencontre un jeune acteur en devenir, Jean-Louis Trintignant, qu'elle épouse en 1954. L'année suivante, elle débute au théâtre dans Les Albiegeois de Maurice Clavel et Jacques Parijel où elle donne la réplique à son mari.

    Elle obtient un premier rôle au cinéma dans le court-métrage Le Jeu de la nuit (1957) de Daniel Costelle puis enchaine les petits rôles chez Jacques Becker (Montparnasse 19, 1958) et  Rohmer (Le Signe du lion, 1959).

    Après avoir vu Le Beau Serge, Stéphane Audran a très envie de tourner pour Claude Chabrol. C'est Gérard Blain qui la présente au metteur en scène qui lui offre un petit rôle dans Les Cousins (1959).

    Peu de temps après ils entament une liaison, et Chabrol la fait tourner au côté de Bernadette Lafont   dans Les Bonnes femmes. Elle devient l'actrice fétiche du réalisateur, bien que les critiques n'apprécient pas son jeu.

    Chabrol et Audran se séparent de leurs conjoints respectifs ; ils ont un fils, Thomas, en 1963  et se marient l'année suivante. Mais le réalisateur va connaitre des difficultés financières et ses films vont rebuter le public et la critique.

    Stéphane AudranCe n'est qu'en 1968 avec Les Biches que Claude Chabrol renoue avec le succès. C'est également avec ce film que Stéphane Audran trouve un rôle qui sera le sien durant sa carrière : la bourgeoise en apparence froide. Plus tard, l'actrice déclarera avoir voulu représenter "la classe dominante de l'ère pompidolienne". Dans 5 des films de son mari, son personnage porte le nom d'Hélène, et l'action est focalisée sur elle, ce qui fait qu'ils sont connus sous le nom de "cycle d'Hélène" ou "Le cycle pompidolien".

    Ces films sont L'Oeil du Malin (1962), La Femme infidèle (1969), Le Boucher (1970), La Rupture (1970), et Juste avant la nuit (1971).

    Stéphane Audran a déclaré devoir sa carrière à son mari, de leur côté les critiques pensent que le réalisateur doit en grande partie son succès au jeu de sa femme.

    Mais Stéphane n'est pas assujettie à son réalisateur de mari : on la retrouve devant les caméras de Luis Buñuel (Le Charme discret de la bourgeoisie, film pour lequel elle obtient un BAFTA en 1973), de Claude Sautet (Vincent, François, Paul et les autres), de Philippe Labro (Sans mobile apparent) et même Michel Audiard (Comment réussir quand on est con et pleurnichard).

    Stéphane AudranElle tente également une carrière internationale, avec La Dame dans l'auto, avec des lunettes et un fusil d'Anatole Litvak (adapté de Sébastien Japrisot),  Dix petits nègres de Peter Collinson ou Au-delà de la gloire de Samuel Fuller. Elle tourne même pour Orson Welles, dans The Other Side of the Wind, un film qui restera inachevé. Mais les critiques d'outre-Atlantique goûtent peu son jeu trop froid.

    En 1978, un changement survient lorsque Claude Chabrol confie à sa femme le rôle de la mère d'Isabelle Huppert dans Violette Nozière. Stéphane s'est longtemps fait priée pour accepter le personnage, totalement opposé à celui qu'elle interprète d'habitude dans les oeuvres de son époux. Néanmoins, elle ne tarira pas d'éloge sur sa jeune partenaire.

    L'actrice n'est pas cantonnée aux drames bourgeois ou aux adaptations de faits-divers. On la retrouve aussi dans la comédie, que ce soit un obscure "nanar" (Le Gagnant, 1979) ou des oeuvres plus visibles comme La Cage aux folles 2 et 3. Elle a aussi tourné dans Coup de torchon de Bertrand Tavernier ou Les Saisons du plaisir de l'icônoclaste Jean-Pierre Mocky.

    En 1980, le couple Chabrol-Audran se sépare, mais elle continuera de tourner pour son ex-mari (Le Sang des autres, Poulet au vinaigre, Betty).

    Stéphane Audran ne néglige pas la télévision, on la retrouve dans des feuilletons comme Orient-Express de Daniel Anza (1979), dans des téléfilms comme Le Beau monde de Michel Polac ou Les Carnets secrets de l'inspecteur Lavardin réalisé par Chabrol, et dans la saga sentimentale L'Amour en héritage auprès de Stefanie Power, Lee Remick et Stacy Keach.

    Stéphane AudranAu grand écran, l'actrice interprète le rôle-titre du film danois Le Festin de Babette (1987), d'après une nouvelle de Karen Blixen, l'histoire d'une chef cuisinière française renommée, qui, ayant fuit la Commune de Paris en 1870, devient domestique chez deux soeurs dans un petit village du Jutland. Le réalisateur, Gabriel Axel, l'a choisi car à ses yeux elle incarne "la femme parisienne".

    C'est également dans les années 80 que Stéphane Audran, souffrant de maux divers (malaises, pertes de mémoire et fatigue chronique), explore diverses médecines, et en tirera un livre, "Une autre façon de vivre", compilant le résultats de ses recherches en matière de santé, de cuisine et de culture.

    L'actrice s'éloigne des plateaux : ses derniers films sont La Fille de Monaco (2008) d'Anne Fontaine, et In Memoriam Bernadette Lafont (2013), un épisode des "Carnets filmés" du journaliste Gérard Courant consacré à celle qui fut l'une de ses amies.

    Souffrant d'une longue maladie, Stéphane Audran s'éteint le 27 mars 2018.

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  • Commentaires

    1
    Daniel
    Jeudi 14 Avril 2016 à 17:11

    Formidable actrice et dans le genre " bourgeoise froide" je la préfère nettement a Deneuve par exemple car elle dégage quelque chose  d humain que n a pas la " grande Catherine". Et puis sur la photo elle incarne parfaitement la beauté  selon Alfred Hitchcock . Une grande dame du cinéma français.

    2
    FJWalk
    Jeudi 14 Avril 2016 à 18:19

    C’est drôle, je viens de la revoir dans « LES BICHES » (chroniqué le mois prochain sur « BDW2 » donc) et... disons qu’elle n’a pas toujours été excellente chez Chabrol ! Le film ne l’est pas non plus, ceci dit ! yes

    3
    Mardi 23 Janvier 2018 à 19:22

    Merci de parler de Stéphane Audran. Comédienne d'une classe folle et d'une grâce inouïe avec ce jeu impeccable qui n'appartient qu'à elle. dans "Le boucher", "Les noces rouges" ou encore "La femme infidèle" de son mentor Claude Chabrol elle excelle et la voir jouer est une grande jubilation 

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