• L'Affaire Dominici (1973)

    Le crime de Lurs.

    L'Affaire Dominici (1973)Dans la nuit du 4 au 5 août 1952, un couple de britanniques et leur fille d'une dizaine d'années sont assassinés près de Lurs en Haute-Provence. Très vite, l'enquête du commissaire Sébeille (Paul Crauchet) s'oriente vers la famille Dominici, dont la ferme se trouve à deux pas des lieux du crime. Ce sera le début d'une des affaires judiciaires les plus célèbres du 20ème siècle.

    La première fois que j'ai vu L'Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert, c'était dans les années 80, et, en le revoyant, je me suis rendue compte à quel point j'avais oublié ce film. Le jeu de Jean Gabin qui interprète 'Gaston Dominici', patriarche bougon et matois, n'arrive pas à éclipser celui des autres acteurs : Paul Crauchet en 'commissaire Sébeille' acharné à trouver un coupable, Gérard Darrieu et Victor Lanoux en fils accusateurs et même un jeune Gérard Depardieu qui, en petit-fils "simplet", montre déjà sa capacité à distiller à la fois gêne et inquiétude chez le spectateur. 

    Ce film pourrait être qualifié de parti-pris, opposant les braves paysans français aux "gens de la ville", policiers, journalistes, juges, qui ne peuvent - ou ne veulent - pas comprendre la mentalité du clan Dominici. Cette impression est renforcée par l'intervention finale de Maitre Émile Pollak, avocat du vieux paysan, mais j'y vois surtout l'idée qu'une affaire aussi complexe peut très bien arriver à tout un chacun. Quoi qu'il en soit, L'Affaire Dominici est un film qui aura permis de faire découvrir des stars en devenir (Lanoux et Depardieu) et donne une assez bonne idée de l'imbroglio que fut ce drame qui, ne l'oublions pas, ne connaitra jamais de conclusion. 

    L'Affaire Dominici (1973)

     

    Zoom sur : L'affaire Dominici

     

    Trois touristes anglais, les époux Drummond et leur fille de dix ans, Elizabeth, sont en vacance dans le sud de la France quand ils s'arrêtent ce soir du 4 août 1952 au bord de la nationale 96, dans les Basses Alpes (aujourd'hui Alpes-de-haute-Provence). Tout près de là, la ferme "La Grand'Terre", appartenant à Gaston Dominici et sa famille.

    Dans la nuit, des coups de feu se font entendre, mais aucun habitant de la ferme n'a, semble-t-il, daigné bouger : le braconnage est une activité fréquente dans la région. Le lendemain, Gustave Dominici, l'un des fils de Gaston, découvre le cadavre de la petite Elizabeth et fait prévenir la gendarmerie.

    Le corps de Madame Drummond sera retrouvé près de la voiture du couple, le père, Jack Drummond, reposant de l'autre côté de la route. Le commissaire Sébeille, venu de Marseille, n'arrivera qu'en milieu de journée : entre temps, les gendarmes et les badauds auront piétiné les lieux.

    À partir de là, les choses vont se compliquer : soupçonnés, les deux fils Dominici, Gustave et Clovis, vont accuser leur père du triple meurtre, ce dernier va d'abord nier avant de s'accuser. Puis chacun va se rétracter, arguant que les gendarmes les avaient menacés, voir frappés pour obtenir les aveux.

    Lorsqu'on apprendra que Jack Drummond était un biochimiste qui avait aidé à la conception des rations militaires de son pays lors de la Seconde Guerre Mondiale, les spéculations allèrent bon train : il aurait appartenu à l'Intelligence Service, il aurait été "en mission" en France pour enquêter sur une usine d'engrais de la région, il aurait eu un rendez-vous avec des espions de l'Est... Bref, tout et n'importe quoi fut écrit sur son compte, sans qu'aucune thèse ne puisse être affirmée ou infirmée.

    Le procès du patriarche de "La Grand'Terre" débute le 17 novembre 1954, et sera riche en règlements de compte familiaux et en manquements à la déontologie judiciaire : par exemple, les débats seront retransmis à l'extérieur du tribunal par radio sans autorisation. Le réquisitoire de l'avocat général Rozan indisposera le jury et les journalistes, en faisant de Gaston Dominici une sorte de "sorcier" connaissant les simples et aidant à l'accouchement des femmes ! Bref, c'est un véritable "cirque judiciaire", dans lequel les malheureuses victimes seront oubliées. 

    Gaston Dominici sera condamné à mort  le 28 novembre 1954, avant de voir sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité, puis il sera gracié par le président Charles de Gaulle et libéré le 14 juillet 1960. Il décèdera le 5 avril 1965 à l'âge de 88 ans. 

    La famille Drummond a été enterrée dans le cimetière de Forcalquier, à quelques kilomètres du drame. Leur assassinat n'a toujours pas été élucidé et l'affaire fait régulièrement l'objet d'articles de journaux, de magazines et de livres.

    Des personnalités s'intéressèrent à ce fait-divers hors-norme. Ainsi, en 1955, Jean Giono édita "Notes sur l'affaire Dominici", un essai dans lequel il démontre que Gaston Dominici, paysan occitan d'origine italienne, ne connaissait qu'une trentaine de mots français, ce qui l'aurait mit en difficulté devant les enquêteurs et les juges.

    La même année 1955, le réalisateur Orson Welles avait commencé le tournage d'un documentaire sur l'affaire pour une chaine de télévision britannique, mais ne l'acheva pas.  Ces images furent retrouvées et rassemblées dans un film de Christophe Cognet, L'affaire Dominici par Orson Welles (2000, disponible en DVD et sur le Net). 

    L'Affaire Dominici (1973)

     

     

     

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