• Jean Yanne : l'hommage qu'il aurait brocardé.

    Trop sage, loin de l'image du bonhomme...

    Jean Yanne, l'hommage qu'il aurait brocardé.Samedi était diffusé sur France 2 une émission intitulée "On a tous en nous quelque chose de Jean Yanne"... Dans un premier temps, je n'ai pas voulu la regarder, pour deux raisons : d'abord, je me méfie des émission hommages, qui sont souvent prétexte à promotion pour les invités. Ensuite, parce que le présentateur en était Laurent Ruquier , qui m'insupporte.

    Mais comme j'aime bien Jean Yanne, je me suis décidée à la voir en "replay"... et, comme je m'y attendais, j'ai été en grande partie déçue.

    D'abord, les bons côtés : pas de promotion puisque la plupart des invités étaient des amis voire des intimes de l'acteur-réalisateur iconoclaste ; les anecdotes de Georges Beller, Laurent Baffie et Daniel Prevost étaient savoureuses, tout aussi savoureux furent les jolis souvenirs de Nicole Calfan.

    Les côtés un peu moins bons : seulement un ou deux extraits de sketchs, ce qui laisse le spectateur sur sa faim. Par ailleurs, Jean-Marie Bigard, Isabelle Mergault et Georges Beller ont interprété des chansons composées par Jean Yanne ("Si tu me quiterai", "La Gamberge" et "Showbizeness") : sympathique, mais pas indispensable à mon avis.

    L'émission était constituée de trois parties : Jean Yanne et la télévision, Jean Yanne et la radio, Jean Yanne et le cinéma. Le problème, c'est que pour la dernière partie, nous avons eu droit à un travail un peu "bâclé" par le manque de temps : apparition rapide de Claude Lelouch venu confirmer combien l'acteur était bon, anecdote mille fois rabachée de la mésentente de Yanne et Maurice Pialat sur le tournage de Nous ne vieillirons pas ensemble, un extrait de ce film, de Que la bête meure, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (la fameuse "tirade de la vulgarité") et de Deux heures moins le quart avant Jésus Christ.

    Les toutes dernières minutes étaient consacrées à Sophie Garel et Mimi Coutelier qui n'ont pas eu le temps de dire plus de trois ou quatre phrases chacune, quant à Jean-Christophe Gouyer, l'un des fils de Jean Yanne, il a dû se demander ce qu'il faisait là vu les questions oiseuses qui lui furent posées ("Quel père était Jean Yanne ?" ou bien "Il est vraiment parti en laissant des dettes ?"). Et en toute fin d'émission, les deux livres de citations de Jean Yanne étaient présentées par le responsable d'édition du "Cherche-midi"...

    En résumé, je dirais que cet hommage était un peu trop bavard, et ne donnait pas la pleine mesure du talent de Jean Yanne, journaliste, chansonnier, scénariste, réalisateur, compositeur et chanteur. Il aurait fallut expliquer pourquoi des gens comme lui, comme Pierre Dac ou Coluche, sont nécessaires dans une société, et se demander pourquoi il n'y a hélas plus de relève.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Kinskiklaus
    Mardi 7 Mars 2017 à 12:25

    Je n'ai pas regardé cet hommage mais il serait absurde d'attaquer Ruquier sur ce sujet. Il l'a côtoyé et fut ami avec Yanne durant des années et l'a même employé fut un temps à Europe 1. De plus, il le cite régulièrement dans toutes ses émissions, est ami avec Garrel depuis des années etc. Dans la mesure où Ruquier est en position de force avec France 2 du fait de ses audiences depuis des années, il est aisé de penser que c'est lui qui a imposé ce programme en prime sachant que de toute façon il ne réaliserait pas une audience extraordinaire. Ruquier, je m'en fiche mais il a toujours rendu hommage à ses maîtres avec sincérité, que ce soit Yanne, Jacques Martin etc.

      • Mardi 7 Mars 2017 à 15:33

        J'aimais bien Laurent Ruquier avant, mais depuis quelques temps, ses émissions m'agacent, comme tous les "talk-show" en général. Le fait qu'il soit resté fidèle à ceux qui lui ont mit le pied à l'étrier est tout de même à porter à son crédit.

        Ce que je reproche à cette émission-hommage en particulier, c'est qu'elle ne m'a pas semblé refléter comme il fallait le talent de Jean Yanne. Bien sûr, ses amis et ex-compagnes présents sur le plateau ont dit des choses justes et émouvantes, mais il aurait fallut plus de sketchs (en entier), donner envie à des jeunes de le redécouvrir  autrement que par des citations et des anecdotes, aussi bonnes soient-elles.

         

    2
    Kinskiklaus
    Mardi 7 Mars 2017 à 18:04

    Tu sais, Val, cette époque bénie est révolue. Voilà bien longtemps que la liberté des années 70 et 80 a disparu. Tout est aseptisé, dès qu'on sort du cadre, d'obscures associations portent plainte. 

      • Mardi 7 Mars 2017 à 18:23

        C'est un peu le sens de la dernière phrase de mon post : je regrette cette liberté de ton, qui, paradoxalement, existait alors que la censure était très forte dans les années 70  -n'oublions pas que Yanne fut viré à plusieurs reprises de la radio et de la télévision.

        Les années 80  marquent le début de la fin car la censure à été remplacée par le "politiquement correct" (une façon polie de cacher les vrais problèmes). Ce fut le début de la médiocrité télévisuelle, avec l'arrivée des jeux venus des U.S.A. Je suis intimement persuadée que si l'on a aujourd'hui des décérébrés vedettes de "téléréalité" c'est la faute à  La Roue de la fortune.

        À ce propos, et pour en revenir à Jean Yanne, il avait lancé sur la Cinq un jeu où un candidat devait compter des liasses de billets de banques... Une façon pour lui de dénoncer l'arrivée des jeux américains. Inutile de dire que ce jeu ne resta pas longtemps à l'antenne devant le tollé des spectateurs...

         

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