• Un justicier dans la ville (1974)

    Un "Dark Knight" sans masque...

    Un justicier dans la villePaul Kersey (Charles Bronson) a tout pour être heureux : marié à une femme ravissante, Joanna (Hope Lange), avec qui il vient de passer des vacances idylliques à Hawaï, il retourne à son cabinet d'architecte new-yorkais où un collègue lui énonce le nombre de crimes et délits qui ont eu lieu pendant son absence.

    Pendant ce temps-là, dans l'appartement cossu des Kersey, Joanna et Carole (Kathleen Tolan), sa fille, parlent des vacances lorsque l'on sonne à la porte. La vie de Paul Kersey va alors basculer.

    Un justicier dans la ville de Michael Winner fera couler beaucoup d'encre à sa sortie, et ouvrira la voie à nombre de films de "vigilantes" jusqu'à aujourd'hui. Miroir d'une société malade (le film sorti en 1975 aux U.S.A), il parle au coeur de chaque américain d'une manière radicale : la bonne vieille loi du talion, réactualisée avec un goût de western (Paul se voit offrir par un ami texan un colt, dont il se servira).

    Bien sûr, Winner n'est pas un moralisateur ; il montre un homme qui a perdu ses repères, et qui oublie qu'il est civilisé parce que ceux qui ont détruit sa famille ne le sont pas. Il y a quelques années, j'avais lu dans un magazine que Le Justicier incarné par Bronson aurait pû être un "super-héros" typique, et j'avais été stupéfiée de la justesse de cette remarque : après tout, qu'est-ce qui différencie Paul Kersey et Bruce Wayne ? Tous deux connaissent le même genre de drame, et tous deux ont développé une schizophrénie inquiétante : citoyens modèles le jour, traqueurs de délinquants la nuit. La seule chose qui les oppose est que Batman, héros des ados, ne tue pas ses adversaires. Paul Kersey est-il la version "adulte" du héros de Bob Kane et Bill Finger ?

    Encore aujourd'hui, Un justicier dans la ville n'a rien perdu de son impact, et sert de "patron" à de nombreux scénarii, preuve que Michael Winner fût un visionnaire en son temps. Mais il faut également replacer le film dans son contexte historique : les années 70 sont des années de doutes, de révoltes, plusieurs oeuvres cinématographiques se lancent dans une surenchère de violence et d'individualisme forcené. C'est l'époque où l'Amérique ne croit plus à ses idéaux, et son cinéma s'en fait l'écho : Orange Mecanique, Délivrance, Serpico...

    Pourtant, le film de Winner ne fait pas dans la violence gratuite (ses suites éstampillées "Cannon" partiront dans le grand délire violent). Paul Kersey se contente d'appâter les voyous avec des liasses de billets, puis il attend qu'on l'attaque. Il ne "provoque" pas à proprement parler. Il agit en état de légitime défense. Après son premier meurtre, il rentre chez lui pour vomir ; puis il se met à tuer mécaniquement, sans prendre plaisir, comme s'il s'agissait pour lui d'un deuxième boulot, ni plus ni moins...

    Il y aurait encore Un justicier dans la villebeaucoup à dire sur Un justicier dans la ville, et il est certain que les sociologues, les ethnologues et les psychologues auront du pain sur la planche pendant des décénies (en espérant qu'ils ne se penchent pas sur les "cannoneries"...). Un film fort, sur une société qui n'a peut-être pas évoluée depuis des siècles.

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