"Joyeux Noêl, Félix !"

Contrairement au cinéma américain, pour lequel Noël est sacralisé, le cinéma français est plus volontiers iconoclaste, voire frondeur.

Ainsi L'Assassinat du Père Noël de Christian-Jaque (1941) : premier film produit par la firme Continentale pendant l'Occupation, il n'est aucunement une oeuvre de propagande. Le sujet puise dans le registre policier (dans un petit village de Savoie, le matin de Noël, on retrouve le corps d'un homme déguisé en Père Noël) et le héros du film, Harry Baur, raconte à un jeune garçon l'histoire d'une "princesse endormie" (la France occupée ?) qui attend son prince charmant...

L'Arbre de Noël de Terence Young (1969) co-production franco-italienne, pousse le vice jusqu'à finir dans les larmes : un père (William Holden) dont le jeune garçon est atteint de leucémie décide de céder à son ultime caprice : avoir des loups... Avec un Bourvil bouleversant. Ce film sera tourné en deux langues (français et anglais) et connaitra selon les deux versions un montage légèrement différent.

Adaptation par Jean-Marie Poirré de la pièce de la troupe du Splendid, Le Père Noël est une ordure est devenu culte avec le temps. Ce film (sorti en août 1982 !) où des névrosés de tout poils débarquent à la permanence téléphonique de l'association S.O.S. Détresse-Amitié, causant des problèmes sans fin aux bénévoles Thérèse (Anémone) et Pierre (Thierry Lhermitte) est un incontournable de Noël (il sera certainement bientôt programmé à la TV).

Un petit tour du côté du film d'épouvante, avec 36 15 code Père Noël (1990) : le jeune Thomas (Alain Musy) se retrouve le soir de Noël seul avec son grand père (Louis Ducreux) : sa mère (Brigitte Fossey) est en effet directrice d'un magasin de jouets. Mais elle a fait l'erreur de virer ce jour là l'homme qu'elle avait embauché pour jouer le Père Noël. Celui-ci (joué par Patrick Floersheim) est un fou qui va pénétrer chez elle. Ce film est réalisé par René Manzor .

La Bûche de Danièle Thompson, sorti en 1999, est un des films typiques de cette réalisatrice, mettant en scène une femme récement veuve, Yvette (Françoise Fabian), invitée au réveillon de Noël chez son premier mari Stanislas (Claude Rich) où elle retrouve leur trois filles, jouées par Sabine Azema, Emmanuelle Beart et Charlotte Gainsbourg. Petits secrets, engueulades, remises en question seront au menu de ce repas familial.

Noël dans les tranchées, voici ce que propose Joyeux Noël de Christian Carion (2005). Un film émouvant, basé sur des évenements authentiques survenus lors du premier hiver de la Première Guerre Mondiale. Un petit bémol, l'intervention complètement inventée par le réalisateur des chanteurs d'opéra allemands est à mon avis une faute de goût : le film se suffisait largement à lui-même sans ce concerto impromptu. Dans la distribution, Guillaume Canet et Danny Boon.

Alors que les films américains sur Noël sont centrés sur le merveilleux et les bons sentiments, force est de constater que nos productions sont quelque peu "terre à terre", voire larmoyantes. Question de culture ?