• La Première Guerre Mondiale au cinéma.

    Du patriotisme à la romance.

    La Première Guerre Mondiale au cinéma.Premier conflit majeur du 20ème Siècle, la Guerre de 14/18 dont nous célébrons cette année le centenaire a fortement influencé le cinéma, et ce avant même qu'elle ne prenne fin.

    Ainsi, parmi les premiers films qui lui furent consacrés, Une page de gloire (1915) de Léonce Perret. Celui-ci réalise également N'oublions jamais (1918).

    Toujours en 1918, deux grands noms du cinéma s'emparent également de ce conflit, Abel Gance avec J'accuse, l'histoire de deux hommes que tout oppose mais qui se retrouvent dans le même cauchemar guerrier, et Charlie Chaplin avec Charlot soldat, qui envoie son alter-égo dans les tranchées.

    Dans les années 20, la Première Guerre Mondiale sert de toile de fond de certains films, comme Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (Rex Ingram - 1921) où une famille se déchire, ou La Grande parade (King Vidor - 1925) où un jeune soldat américain s'éprend d'une française.

    En 1928, un film de Léon Poirier, Verdun, visions d'histoire, préfigure les "docu-fictions" en présentant la bataille de Verdun vue du côté Allemand et Français.

    Les années trente marquent un tournant dans le film de guerre : les oeuvres commencent à interroger les consciences : Quatre de l'infanterie (Georg Whilem Pabst -1930) raconte le destin de soldats allemands lors des derniers mois du conflit. Ce film, présentant des scènes réalistes sur les drames humains générés par la guerre sera interdit en 1933 par Goebbels. Dans la même veine, À l'Ouest rien de nouveau, de Lewis Millestone (1930), d'après le roman éponyme d'Erich Maria Remarque, est un plaidoyer contre l'excès de patriotisme. Le français Raymond Bernard réalise Les Croix de bois en 1931 d'après le livre de Raymond Dorgelès qui traite du même sujet.

    La Première Guerre Mondiale au cinéma.Si Ernst Lubitch, dans L'Homme que j'ai tué (1932) raconte comment un français cherche à se faire pardonner auprès de la famille d'un soldat allemand qu'il a tué, L'Adieu aux armes (1932) de Frank Borzage conte les amours tragiques d'un soldat (Cooper) avec une infirmière (Helen Hayes). L'un des derniers films de la décennie sera un chef-d'oeuvre : La Grande illusion de Jean Renoir (1937) est une constatation désoeuvrée sur la fin d'un monde, celui auquel appartiennent le commandant Von Rauffenstein (Erich Von Stroheim) et le capitaine De Boëldieu (Pierre Fresnay), deux aristocrates.

    Dans les années 40, le patriotisme revient en force dans les films de guerre : ainsi, Sergent York (Howard Hawks) avec Gary Cooper, présente un objecteur de conscience devenu héros de guerre (l'histoire est authentique). Mais nous sommes en 1941, et la donne a changée...

    Durant la Seconde Guerre Mondiale, le conflit précédent est peu présent : dans Le Dictateur de Chaplin, le héros revient des tranchées atteint d'amnésie tandis que son sosie Hinkel en sortira avec une haine qui le conduira où l'on sait...

    C'est à partir des années 50 que la Première Guerre Mondiale redevient prétexte à une charge antimilitariste : Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick (57) d'après le livre de Humphrey Cobb est une critique violente de la caste des gradés, obnubilés par les galons, qui n'hésitent pas à fusiller trois soldats pour étouffer dans l'oeuf l'incompétence d'un général de brigade. Interdit en France et en Belgique, ce film ne sera visible chez nous qu'en 1975.

    Mais la brèche est ouverte, et de nombreux films vont être réalisés sur le même thème : Pour l'exemple (Joseph Losey - 1964), Les Hommes contre (Francesco Rosi - 1970), et plus récemment Le Pantalon (un téléfilm d'Yves Boisset de 1997) et, indirectement, Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet (2004) d'après le bouleversant livre de Sébastien Japrisot.

    Toujours dans la veine de l'antimilitarisme, Johnny s'en va-t en guerre (1971), adaptation par Dalton Trumbo de son propre roman, raconte comment un jeune soldat enthousiaste se retrouve gravement blessé par un obus : réduit à ne plus être qu'un homme-tronc sourd et muet, il va se remémorer sa vie et trouver le moyen de convaincre son entourage qu'il est encore vivant.

    La Victoire en chantant (1976) de Jean-Jacques Annaud, ajoute l'anticolonialisme à l'antimilitarisme : quelque part en Afrique équatoriale, en 1915, les habitants d'un poste militaire français enrôlent des indigènes qu'ils envoient combattre un poste allemand.

    La Première Guerre Mondiale au cinéma.Lors des années 80, le conflit est évoqué dans des films comme Fort Saganne (1984) mais l'oeuvre la plus représentative de la décennie sur le sujet est La Vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier (1989) qui montre comment le processus de devoir de mémoire s'est mis en place en 1920 avec le choix du "Soldat Inconnu".

    Les films de la décennie suivante sont plus axés sur un personnage, comme L'Instinct de l'ange (Richard Dembo - 1993) où un homme (Lambert Wilson) parvient à intégrer une escadrille aérienne malgré une tuberculose, ou Capitaine Conan (B. Tavernier, 1996), le portrait d'un soldat qui se désigne lui-même comme un "guerrier".

    Les années 2000 voient arriver les films douloureux sur les "gueules cassées" (La Chambre des officiers - 2001), la recherche de l'amant disparu (Un long dimanche de fiançailles, déjà évoqué) ou le traumatisme psychique (Les Fragments d'Antonin - 2006). Nous avons aussi droit au premier Noël dans les tranchées avec Joyeux Noël (2005) de Christian Carion, tandis que, de l'autre côté de l'Atlantique, Steven Spielberg  met un équidé en scène avec Cheval de guerre (2011).

     

    La Première Guerre Mondiale au cinéma.

     

    La Première Guerre Mondiale, avec ses boucheries, l'arrivée de la technologie (avions, gaz mortel, obus), et le patriotisme exacerbé des belligérants, ne pouvait qu'inspirer un cinéma d'abord patriote puis de plus en plus accusateur avant de devenir un simple conteur d'histoires... et d'Histoire.

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