-
Fred Zinnemann (1907-1997)
L'homme seul face au destin.
Né le 29 avril 1907 à Vienne, qui faisait alors partie de l'Empire austro-hongrois, Fred Zinnemann suit d'abord des études de droit et de violon avant de bifurquer pour le métier d'opérateur de cinéma. Il se rend à Paris, à l'École de la rue Vaugirard (devenue aujourd'hui l'École nationale Louis-Lumière) en 1929, puis à Berlin.
Quittant l'Europe pour les États-Unis, il tourne un film au Mexique (Les Révoltés d'Alvarado - 1936), puis s'établit à Hollywood où, après quelques série B, il se fait remarquer avec La Septième croix (42) où un homme (Spencer Tracy), échappé d'un camp de concentration, parvient à fuir l'Allemagne grâce à des inconnus non contaminés par le nazisme.
Fred Zinneman apprend en 1945 que ses parents, juifs polonais, ont disparus dans les camps de concentrations. Il va réaliser d'autres films marqués par la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences : dans Les Anges marqués (46), un G.I (Montgomery Clift) cherche à adopter un jeune garçon rescapé des camps. Le réalisateur obtiendra son premier Oscar pour ce film. Dans Acte de violence (48), un soldat (Robert Ryan) reproche à son supérieur d'avoir abandonné ses hommes lors de l'évasion ratée d'un stalag, et dans C'étaient des hommes (50), Marlon Brando interprète un jeune soldat devenu tétraplégique.
En 1952, Fred Zinnemann tourne ce qui deviendra un classique du western, Le Train sifflera trois fois, interrogation sur la solitude face au danger et la lâchetée de certains. Ce film fut considéré (à tort ou à raison) comme une critique du MacCarthysme alors à son apogée, et aura une "réponse" sous la forme d'un autre classique, Rio Bravo de Howard Hawks.
Un an plus tard sort Tant qu'il y aura des hommes avec Burt Lancaster , Frank Sinatra et Montgomery Clift, qui obtiendra 8 Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Suivront Oklahoma !, adaptation d'une comédie musicale de Broadway, puis Au risque de se perdre, drame encore lié à la Seconde Guerre Mondiale: une jeune nonne (Audrey Hepburn) décide d'entrer dans la Résistance et de renoncer à sa vocation.
Les films suivants marquent le pas : Horizon sans frontière (avec Robert Mitchum et Deborah Kerr) est plusieurs fois nominé aux Oscars mais ne rapporte aucune récompense, Vint le jour de la vengeance qui réunit pourtant Gregory Peck, Anthony Quinn et Omar Sharif est un échec critique et commercial.
En 1966 sort Un homme pour l'éternité, évocation de la vie du philosophe et homme politique de la Renaissance Sir Thomas More (interprété par Paul Scofield). Ce film rapporte six Oscars dont celui de meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur.
Fred Zinnemann travaille ensuite avec la M.G.M. à la préparation de Man's Fate, mais le projet tombe à l'eau et le studio accuse le réalisateur d'être en partie responsable du dépassement de budget qui a entrainé l'abandon du film. Un procès s'ensuit, et Zinnemann va mettre quatre ans avant de pouvoir de nouveau mettre en scène.
Au début des années 70, il déplore l'arrivée (et l'arrivisme) des nouveaux producteurs, plus des hommes d'affaire que des hommes de spectacle. C'est durant cette décennie qu'il tourne ses derniers films : Le Jour du Chacal (73), oeuvre de politique-fiction où un tueur à gages doit éliminer le président Charles de Gaulle, Julia (77) dans lequel Jane Fonda recherche dans l'Europe de l'entre-deux-guerre sa meilleure amie (Vanessa Redgrave), combattante anti-nazis.
Son ultime film est Cinq jour ce printemps-là (1982), dans lequel Sean Connery interprète un quinquagénaire en voyage en Suisse avec sa nièce qu'il fait passer pour sa femme.
Fred Zinnemann, réalisateur spécialisé dans les films dramatiques et les interrogation sur la solitude de l'homme face au destin, décède le 14 mars 1997 à Londres des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 89 ans. Son épouse meurt en décembre de la même année.
-
Commentaires