Le fermier et le bandit.

Ben Wade (Glenn Ford) et sa bande utilisent le bétail de Dan Evans (Van Heflin) pour bloquer la diligence et commettre un hold-up. Le fermier, à la recherche de ses bêtes avec ses deux jeunes fils assiste impuissant au drame se soldant par le meurtre du conducteur de la patache.

Peu de temps après, alors qu'il arrive à Bisbee pour négocier un prêt pour sa ferme qui souffre de la sécheresse, Evans retrouve Wade juste avant que celui-ci ne se fasse arrêter. Le shérif demande des volontaires pour conduire le bandit jusqu'au train en direction de Yuma. Evans, apprenant que la prime sera de 200 $, décide de faire partie de l'escorte...

3H10 pour Yuma est un de ces westerns psychologiques qui firent fureur dans les années 50. Réalisé par Delmer Daves (qui dira plus tard que c'est son oeuvre la plus réussie), il met en scène deux personnages fascinants à bien des égards.

Les deux héros ne sont pas en effet des gravures de mode sorties de "dime novels". Wade, bien que charmeur (il séduit la serveuse - Felicia Farr en moins de temps qu'il en faut pour le dire), n'est pas vraiment séduisant, et Heflin a vraiment la tête de l'emploi dans le rôle du fermier. Mais c'est ce qui rend le film si intéressant, et ajoute à l'ambigüité des personnages.

Ainsi, la très belle scène dans la chambre d'hôtel où Ford tente de corrompre Heflin : le paysan succombrera-t-il à la proposition du bandit ? Celui-ci n'est-il pas en fin de compte jaloux de la vie paisible de son adversaire ?

Delmer Daves savait retranscrire avec finesse la psychologie de ses personnages principaux. La femme du héros, campée par Leora Dana, est l'image de la pionnière solide mais aimante. Henry Jones joue un personnage alcoolique mais en lui donnant une dimension humaine le sauvant de la caricature. Sa mort est un moment bouleversant. Richard Jaekel est Charlie Prince, bras droit de Wade, le personnage le plus dangereux du film.

3H10 pour Yuma est un grand film qui rappelle à certains moments Le Train sifflera trois fois, ne serait-ce que par cette "course contre la montre" où chaque protagoniste apparait sous son vrai jour. Une réussite.