L'Amérique et sa conscience...

En ce matin de 1945, un homme, John Macreedy (Spencer Tracy) descend du train dans la petite bourgade de Black Rock. Il est à la recherche d'un certain Tomoko. Mais visiblement, les questions qu'il pose déplaisent aux villageois, et plus particulièrement à Reno Smith (Robert Ryan)...

Un homme est passé est un film de John Sturges de 1955. Tourné comme un western, il dévoile le racisme ambiant des américains, exacerbé lors de la Seconde Guerre Mondiale. Notre héros arrive dans une quasi-ville fantôme, où la population semble réduite à quelques personnages emblèmatiques du western : le sherif (Dean Jagger), le docteur (Walter Brennan) et les "durs" comme Lee Marvin et Ernest Borgnine, âmes damnées de Ryan.

La seule femme du film, Liz Wirth (Anne Francis)  , finit d'ailleurs par trahir Macreedy en pensant garder ainsi sa tranquilité. C'est comme si la ville de Black Rock n'avait pas évoluée depuis la conquête de l'Ouest, et ne désirait pas changer de siècle. La psychologie des personnages est brossée sans qu'il est besoin de faire de discours : Ryan et Marvin sont froids et refléchis, Borgnine est une "grande gueule" qui préfère l'action à la reflection, et Tracy, sous son air affable, est un homme redoutable malgré son handicap. Sturges nous démontre, comme à son habitude, qu'il est un grand directeur d'acteurs.

Pour résumer, je dirais que Un homme est passé est un excellent film noir, un des meilleurs films de Sturges, et une des plus redoutables façons de mettre l'Amérique face à ses démons.

P.S. : sur le post de L'Étrange incident, j'avais fait un parallèle entre le film de Wellman et celui-ci. Il semble que si des points communs existent entre les deux oeuvres (le lynchage sans raison valable par exemple), je me suis peut-être trop avancée, mais le propos des deux réalisateurs est néanmoins assez proche d'un film à l'autre quant à la critique d'une certaine Amérique xénophobe.