"Vous avez aimé jouer dans ce film ?" "Heu..."

Je regarde rarement les interviews promotionnels donnés à l'occasion de la sortie des films, mais lorsque je tombe sur l'un deux, je ne peux m'empêcher de sourire...

Car plus que l'autosatisfaction de l'acteur ou du réalisateur (ce qui est sommes toutes normal), ce sont les questions des journalistes qui valent leur pesant de cacahuètes !

Ainsi, celle-ci qui revient souvent : "comment s'est passé le tournage ?" J'imagine la réponse suivante : "Bof, on a eu un temps de m...de, le réalisateur est un tortionnaire et les autres acteurs étaient nuls !" Il est plus logique de parler du metteur en scène à l'écoute de ses comédiens, de collègues super sympa et du décor superbe.

Autre question con, que l'on peux résumer par "Vous savez faire ça aussi ?" : lorsqu'un journaliste est étonné qu'un comédien spécialisé dans un type de rôle joue soudain un personnage aux antipodes de ses habitudes. Comme si Bourvil s'était cantonné aux interprétations de naïfs sympathiques !

Maintenant, une question con réservée aux étrangers qui débutent l'interview d'un "Bonjour" en français dans le texte : "Parlez-vous français ?" Cela ne rate quasiment jamais : le pauvre acteur ou réalisateur se retrouve obligé d'avouer que seul "Bonjour", "Je t'aime" ou éventuellement "J'aime Paris" sont les mots qu'il connaisse !

Cette forme d'interview particulièrement stupide est celle du journal télévisé : les questions sont les plus naïves parce que cela doit aller vite, de plus présentateur du 20 heures n'est pas critique de cinéma, il se contente des questions que - dans l'esprit des journalistes - se pose le spectateur lambda.

J'ai vu un reportage sur le déroulement des interviews lors d'une première ou d'un festival : les journalistes passent les uns après les autres dans une pièce où les attend leur "victime", et, bien entendu, les mêmes questions doivent revenir souvent.

Ce doit être un vrai cauchemar pour le réalisateur et/ou l'acteur qui doit passer des heures à répéter les mêmes choses, en essayant de personnaliser à chaque fois. Le système des conférences de presse, très prisé dans les festivals et les conventions, est sans doute plus agréable mais permet également les débordements et les questions "qui fâchent". Et cela ne protège pas des "questions cons" pour autant !

En fait, ce que Simone Signoret appelait le "service après-vente" doit être un travail mental très délicat et fastidieux. Alors si en plus les vedettes ont affaire à des journalistes qui leur répètent à l'envi les même questions idiotes, j'imagine le mal de tête à la fin de la soirée...