4ème épisode : Hollywood et Bronson

Charlie et Harriett sont maintenant en Californie, où le jeune acteur s'inscrit au Pasadena Playhouse, une des plus célèbres écoles de théâtre de la Côte Ouest.

Pendant qu'il se perfectionne en art dramatique, son épouse trouve un travail dans un grand magasin et subvient aux besoins du couple. Autant dire que les débuts sont difficiles, et, dans son livre, Harriett évoque un délai de cinq ans qu'ils se sont octroyés pour que Charlie connaisse le succès.

Une anecdote démontre les difficultés que connaîtra le futur Charles Bronson pour avoir sa place sous les projecteurs : Dès sa première année au Pasadena Playhouse, il tient la vedette d'une pièce, Command Decision ; un bulletin interne explique en substance que "Charlie est si laid qu'il n'aura probablement plus jamais le premier rôle"...

Mais deux ans à peine après l'arrivée en Californie, le destin de l'ex-mineur va changer : un des professeurs du Pasadena entend parler d'un casting pour trouver un acteur évoquant "John Garfield et Humphrey Bogart à la fois", pour un film que va tourner Henry Hathaway et mettant en vedette Gary Cooper. La description colle tellement au jeune Buchinsky qu'il sera pris immédiatement.

You're in the Navy, Now (inédit en France) ne sera pas un grand film, mais Charlie va pour la première fois apparaitre à l'écran, et partager quelques scènes avec Cooper qui est à l'époque un des acteurs les plus célèbres d'Hollywood. Il semble que le courant soit passé entre le jeune comédien et la star, et celle-ci ne sera pas avare de conseils : bien plus tard, Charles Bronson se souviendra que Cooper lui avait dit "Un bon acteur doit pouvoir tout faire. C'est dans la mesure qu'il se force qu'il révèle à lui-même ses possibilités." Dans le même film débutera une autre "gueule", Lee Marvin.

À partir de ce moment, Charlie abandonne le théâtre et commence à tourner des films ; bien entendu, il est souvent relégué en fin de générique (quand il est crédité !), et son nom est parfois orthographié "Buchinski", mais il va peu à peu grimper les échelons. Les rôles vont se succéder et, fait notable, il va tourner dès ses débuts avec les plus grands réalisateurs  : John Sturges pour Le Peuple accuse O'Hara, George Cukor pour Mademoiselle gagne-tout, André de Toth pour L'Homme au masque de cire... Il va côtoyer également de grandes stars des fifties : Spencer Tracy, Rita Hayworth, Vincent Price, Randolph Scott, Burt Lancaster...

Cette fois, Buchinsky a décroché la timbale ! Mais alors qu'il commence à se faire un nom au sein des studios, il va devoir en changer ! Le Sénateur McCarthy est en pleine crise de paranoïa anti-communiste et, même si Charlie n'a aucun lien avec un parti politique quelconque, son agent lui recommande de prendre un pseudonyme moins "typé".

Harriett Tendler-Bronson raconte dans son livre que c'est lors d'une balade en voiture à Hollywood que l'inspiration se fit, à un feu rouge qui les avait stoppé devant un panneau indiquant "Bronson Avenue". Une autre version veut que ce soit la "Bronson Gate" des studios Universal qui donna à Charlie l'idée de s'appeler ainsi. Toujours est-il que la carrière de l'acteur continue sur sa lancée, au cinéma (L'Aigle solitaire, Le Jugement des flèches, Mitraillete Kelly) et à la télévision où il tourne dans des épisodes d'Aflred Hitchcock Present ou Medic avant d'avoir sa propre série : Man with a Camera.

Le comble du bonheur pour les Bronson sera la venue au monde de leur premier enfant en 1955, une fille qu'il prénnomeront Suzanne.

Charles Bronson va continuer son petit bonhomme de chemin, et arriver ainsi à l'aube des années 60...