• Le Tigre et le président (2022)

    Beaucoup de bonnes idées noyées dans un antagonisme mal fichu.

    Mon avis : mitigée ouch

    Le Tigre et le président (2022)Un homme en pyjama erre, hagard, sur une voie ferrée. Nous sommes une nuit de 1920, quelque part en France. Recueilli par un couple de gardes-barrière, il dit s'appeler Paul Deschanel et être le président de la République...

    Un an plus tôt, Georges Clémenceau (André Dussolier) vient de faire signer les Accords de Versailles par le plénipotentiaire allemand. Celui que l'on surnomme "Le Tigre" enchaine allégrement en se présentant aux élections présidentielles. Mais, contre toute attente, c'est l'académicien Paul Deschanel (Jacques Gamblin) qui obtient le poste.

    Pendant six mois, le nouveau chef d'État va peaufiner un discours et tenter de faire accepter ses idées révolutionnaires, tandis que dans l'ombre, "le Tigre", avec l'aide du président du Conseil Alexandre Millerand (Christian Hecq), va chercher à prendre la place convoitée.

    De Paul Deschanel, je ne connaissais que sa mésaventure ferroviaire, mais ce film de Jean-Marc Peyrefitte m'a poussé à en savoir plus sur ce personnage. J'ai ainsi appris qu'effectivement, il a tenté - en vain, bien entendu - de proposer le vote au suffrage universel direct, le vote des femmes, l'abolition de la peine de mort entre autres. 

    Je connaissais un peu mieux l'œuvre politique de Clémenceau, mais ce film le présente comme un mauvais perdant, prêt à toutes les bassesses pour démolir l'image de Deschanel. Il va de soi qu'un tel parti-pris est assez difficile à avaler : "Le Tigre" avait, c'est connu, la dent dure envers ses adversaires, mais on l'imagine difficilement pousser quelqu'un au bord de la folie comme c'est suggéré ici. Il est plus réaliste de voir un Paul Deschanel dépassé par son rôle, réalisant - trop tard - qu'il n'avait aucun poids politique. 

    Il est dommage en fait que ce film se concentre presque totalement sur l'opposition de ces deux personnages principaux, car certaines scènes sont déchirantes, comme Deschanel prenant dans ses bras une "Gueule cassée" ou les séquences tragi-comiques où le président converse avec son père décédé (Alexandre Von Sivers). 

    Autre idée amusante - et peut-être véridique ! - les visites de Clémenceau et de Deschanel au même bordel. Notons à ce titre que les deux politiciens se "partagent" une prostituée (Anna Mouglalis) qui semble représenter la voix du peuple.

    À ce propos, il est dommage que les personnages de l'épouse de Deschanel (Astrid Whettnal) et de la compagne de Clémenceau (Laura Benson) soient aussi peu développées.

    Enfin, la confrontation de Deschanel avec le couple de gardes-barrière (Patrick d'Assumçao et Marie-Elisabeth Cornet) et leur belle-fille (Lola Naymark), si elle est je crois totalement fictive, en dit beaucoup sur une France rurale encore traumatisée par la Grande guerre.

    Pour résumer, Le Tigre et le président est un film qui promettait beaucoup mais qui rate son propos.

    Le Tigre et le président (2022)

    Jacques Gamblin et André Dussolier.

    « Adieu, Irène Papas.Adieu, Henry Silva »

  • Commentaires

    1
    Dimanche 2 Octobre 2022 à 08:26

    Oui, le film loupe son propos, car il essaie de l'adapter au forceps à l'aune des combats d'aujourd'hui. Deschanel était moins révolutionnaire que le film veut le dire. Après, un film a-t-il à respecter l'histoire ? On peut tout à fait voir le film pour ses prestations d'acteur, mais j'en attendais plus dit le spectateur chiant que je suis.

      • Dimanche 2 Octobre 2022 à 09:33

        Ayant vu ce film il y a une quinzaine de jours, je ne me souviens pratiquement plus que des séquences de "folie", comme la scène où Deschanel est de plus en plus obsédé par le lustre au dessus de son bureau ! C'est dommage d'avoir réduit un tel personnage à ses névroses. Quant à Clémenceau, il est lui aussi réduit à une caricature de vieille baderne ronchonnant dans sa moustache.

        On a même l'impression que tout autour des deux hommes est également caricaturé. En fait, il n'y a que lorsque le couple de garde-barrière parle des difficultés du peuple après la Grande guerre qu'on retrouve (un peu) de critique sociale, et encore, c'est très vite expédié ! Quant aux liens avec notre époque, il semble bien que Deschanel avait des idées très "révolutionnaires", seulement elles ne sont pas amenées dans ce film de façon très subtile, à mon avis.

        Le Tigre et le président censé être une comédie dramatique, ressemble plus à une "pantalonade".

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