Lien symbolique

Deux détenus, John "Joker" Jackson (Tony Curtis) et Noah Cullen (Sidney Poitier) s'évadent lors de l'accident du camion qui les transporte. Reliés par une chaine dont ils ne peuvent se défaire, les deux hommes, malgré la haine qu'ils ont l'un pour l'autre, sont obligés de s'entraider pour échapper au sherif Muller (Theodore Bikel) et au capitaine Frank Gibbons (Charles McGraw) à leur poursuite...

La Chaine de Stanley Kramer est un film fortement antiraciste, et un chef-d'oeuvre du genre. La chaine qui les relie au début du film devient métaphoriquement le lien entre deux hommes fondamentalement différents, qui vont s'entraider, apprendre à se respecter puis se lier d'une amitié si forte que l'un renoncera à la liberté pour sauver la vie de l'autre.

Interessantes sont les rencontres que feront Joker et Cullen, ainsi les ouvriers de l'usine qui les capturent. Entre le dangereux Mack (Claude Askins, excellent comme toujours), petit blanc raciste et prompt au lynchage, et "Big Sam" (Lon Chaney, Jr), qui semble avoir un passé commun avec nos héros, comme le montre son poignet marqué, le spectre de l'humanité est présent, du pire au meilleur.

Quant à la femme (Cara Williams), qui va s'accrocher à Joker parce qu'elle rêve de changer de vie, elle est plus pathétique que méchante à proprement parler : incapable de prendre sa vie en main, parce qu'elle a derrière elle des années de soumission à son époux, à sa ferme, à son fils, elle représente une certaine idée d'un vieux Sud rétrograde et aussi mort que les marécages qui l'entoure.

Grand film par son thème, par la personnalité des acteurs, par son symbolisme, La Chaine fait partie de ces films qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.