• L'Homme qui n'a pas d'étoile (1955)

    La fin d'un monde.

    L'Homme qui n'a pas d'étoileDempsey Rae (Kirk Douglas) se lie d'amitié avec Jeff Jimson (William Campbell), un "blanc-bec" qui rêve de devenir cowboy. Pour éviter de se faire chasser de la ville où ils arrivent, les deux hommes se font embaucher au Triangle Ranch.

    Très vite, ils font connaissance avec le propriétaire, ou plutôt la propriétaire, Reed Bowman (Jeanne Crain), venue de l'Est pour faire fortune dans l'élevage de bétail. Mais, pressée de faire des affaires, elle ne tient pas compte des petits propriétaires terriens du voisinage, qui se retrouvent dans l'obligation de clôturer leurs parcelles. Dempsey, qui porte littéralement dans sa chair sa haine des barbelés, décide de partir avec son jeune protégé, mais il va se retrouver bien malgré lui mêlé à cette guerre d'éleveurs et devra choisir son camps...

    L'Homme qui n'a pas d'étoile est un très bon western de King Vidor, qui aborde la fin de l'individualisme de l'Ouest et le début des conflits entre gros propriétaires affairistes et petits éleveurs. Le héros est donc un aventurier - le titre fait référence au fait qu'il n'est guidé que par son goût de la solitude et des grands espaces - qui va devoir admettre contre son gré que le temps de l'errance est finit, pour lui comme pour le bétail.

    Cela commence dès l'arrivée dans la petite bourgade où il doit impérativement trouver un travail s'il ne veux pas être considéré comme un vagabond. Par nature, il se sent plus proche des petits éleveurs qui n'ont que quelques bêtes à soigner que de sa patronne aux dents longues. Mais il rejette l'idée du barbelé, ayant connu une expérience traumatisante.

    L'Homme qui n'a pas d'étoileKirk Douglas est parfait dans ce rôle, cachant sous ses mimiques et son apparente jovialité une face plus sombre et dangereuse (la scène où, provoqué dans le saloon par Campbell, il dégaine son arme avec cette expression sauvage est impressionnante).

    Il y a de l'humour dans ce film, et même une certaine forme de sensualité étonnante pour l'époque. Ainsi, lorsque, à peine arrivé au ranch, Dempsey demande au contremaitre (Jay C. Flippen) de lui montrer la salle de bain de son patron (il ne sait pas encore que c'est une femme !) est amusante, et donne déjà l'idée du changement de l'Ouest.

    La sensualité est marquée par l'attitude de Reed Bowman, interprétée par Jeanne Craine, qui prend son bain sans se soucier de fermer la porte et n'hésite pas à régler "en nature" les prestations de celui qu'elle veut avoir comme régisseur. Là encore, nous avons une certaine forme de modernisme de l'Ouest, loin de la femme pionnière qui reste au fourneaux ! Reed est une femme d'affaires, dure et sans état d'âme.

    Et puis il y a Richard Boone (que je n'ai pas fini de découvrir) : son personnage de Steve Miles est l'exact contraire de Dempsey : cynique, il n'a de considération pour personne, se contente de faire le sale boulot et n'hésite pas à montrer sa violence, comme lors du passage à tabac de Douglas dans la rue principale.

    J'ai faillis oublier (honte à moi !) la toujours formidable Claire Trevor en prostituée au grand coeur. J'ai préparé sa bio qui arrive après cette chronique !

    Un petit mot sur le jeune William Campbell, qui joue Jeff : sous des faux-airs de Tony Curtis, il interprète donc une sorte de "Candide" de l'Ouest qui débarque au saloon habillé comme un cowboy d'opérette, fait l'expérience de la violence, manque de se laisser embobiner par la redoutable Reed et va finir - grâce à Dempsey et à la fille d'un rancher voisin - par trouver sa vraie place. L'acteur n'est pas mauvais en soi, et s'il semble parfois surjouer, cela va bien avec son personnage de jeune coq naïf.

    L'Homme qui n'a pas d'étoileOn retrouve le temps d'une séquence la trogne reconnaissable entre mille de Jack Elam, en vagabond assassin ; à noter que "Wikipédia" crédite Lee Van Cleef au générique, mais apparemment il s'agit d'une erreur.

    L'Homme qui n'a pas d'étoile est un western superbe, sur la fin du monde des aventuriers individualistes et le début de la main mise des gros éleveurs.

     

     

    L'Homme qui n'a pas d'étoile

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