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Le Jouet (1976)
Homme-objet ?
Après des mois de chômage, le journaliste François Perrin (Pierre Richard) trouve un emploi au sein de la rédaction du journal "France-hebdo", appartenant au milliardaire Pierre Rambal-Cochet (Michel Bouquet).
Peu de temps après, il rencontre Éric Rambal-Chrochet (Fabrice Greco), fils de son patron, qui exige que le journaliste lui soit offert comme... jouet !
Le Jouet, scénarisé et réalisé par Francis Veber, est-il vraiment une comédie ? Si l'on rit bien sûr des frasques de Pierre Richard (un peu moins maladroit ici), le ton change dès que notre journaliste est utilisé par le gamin tête-à-claque : on s'aperçoit alors qu'il s'agit d'une charge virulente contre les patrons tout-puissants et le pouvoir de l'argent.
Pourtant, l'envie de mettre une bonne fessée à l'odieux gamin pourri-gâté laisse de plus en plus de place à la pitié : délaissé par son père, ignoré par sa belle-mère (Suzy Dyson), confié à un régiment de domestiques, l'enfant est en fait douloureusement seul.
S'il agit comme un tyran, c'est pour faire comme son père, mais son bon fond surgit dès que 'Perrin' le traite en égal, se comportant lui-aussi comme un gamin pour se mettre à son niveau, avant de le tirer vers le monde adulte en lui proposant de créer un journal subversif.
Aux côtés de Pierre Richard et du jeune Fabrice Greco (dont ce sera l'unique rôle à l'écran), un excellent Michel Bouquet en patron impitoyable qui vire un employé (Gérard Jugnot) simplement parce que celui-ci à les mains moites, Charles Gérard en journaliste syndicaliste, et Jacques François en sous-fifre obséquieux à souhait.
Le Jouet n'est assurément pas une simple comédie, et en cela, c'est un film excellent.
Notes :
Pierre Richard aura du mal à entrer dans le personnage de 'François Perrin', d'autant plus que l'histoire lui rappellera sa propre enfance, au sein d'une famille de riches industriels du Nord de la France.
Le Jouet sera nominé aux César 1976 à trois reprises : meilleur scénario original (Francis Veber), meilleur décor (Bernard Evein) et meilleure photographie (Étienne Becker).
Il fera l'objet d'un remake américain, Le Joujou (1982), réalisé par Richard Donner et interprété par Richard Pryor, Jackie Gleason et Ned Beaty. Non seulement cette adaptation fera un "flop", mais elle s'attirera la réputation d'un film raciste.
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Commentaires
Vraiment pas mal et ne vieillissant pas trop. Pierre Richard est touchant, Michel Bouquet odieux, du bon travail avec une réflexion salée sur l'égoïsme, la manipulation, l'amour véritable et le semblant d'amour.