Trois générations, trois guerres.

Pierre Froment (Louis Jouvet), habitant de Montmartre, est tué lors du siège de Paris en 1871, laissant une veuve et trois enfants, Estelle, Félix et Bernard.

Les années passent. Estelle (Suzy Prim) a renoncé à se marier pour élever ses deux frères. En 1889, Bernard (Lucien Nat) épouse Gabrielle (Renée Devillers), tandis que Félix (Louis Jouvet), qui était amoureux de sa future belle-sœur, préfère partir pour l'Afrique où il devient ingénieur pour les chemins de fer.

Bernard et Gabrielle auront deux enfants, Alain (Jean Mercanton) et Marie (Michèle Morgan), mais la famille va être durement marquée par la guerre de 14. Estelle, de son côté, s'occupe des blessés revenus du front.

Réalisé durant la "Drôle de guerre" (1939-1941) par Julien Duvivier, Untel père et fils est un film de propagande anti-nazi, qui sera d'abord projeté aux U.S.A. en 1943 avant d'arriver dans les salles françaises à la Libération. Malgré son caractère historique indéniable, et l'excellente idée d'évoquer trois générations confrontées à la guerre avec l'Allemagne, ce film est souvent déséquilibré, certaines scènes semblant avoir été écrites juste avant leur tournage. Si un peu de légèreté est bienvenue (la soirée au Moulin-Rouge, l'envol de l'avion), le jeu de Raimu, l'oncle marseillais, est souvent plus lourd qu'autre chose.

Reste quelques beaux moments dramatiques, comme l'ultime scène de Suzy Prim rencontrant la veuve d'un soldat qu'elle a soigné durant la Première Guerre Mondiale, ou lorsque Bernard et son épouse pleurent leur fils mort au combat alors qu'autour d'eux on célèbre l'Armistice.

La version "américaine" est de 113 minutes, mais celle que j'ai vu est plus courte, ce qui explique sans doute pourquoi le personnage de Louis Jouvet semble disparaitre durant une partie de la bande, ne réapparaissant qu'à la fin, vieilli et bougon.

Untel père et fils est surtout une curiosité à voir pour le contexte de sa production et pour retrouver des célébrités de l'époque mais aussi de futures vedettes d'après-guerre comme Michèle Morgan ou Louis Jourdan. Pour le reste, ce film ne fait pas partie des chefs-d'œuvre de Julien Duvivier.

Lucien Nat, Louis Jouvet, Michèle Morgan.