Les belles et les bêtes...

Victor Marswell (Clark Gable) vit en Afrique où il organise des safaris quand il ne capture pas des fauves pour les cirques et les zoos. Un jour débarque chez lui Eloïse Kelly (Ava Gardner), chanteuse de night club venue à l'invitation d'un maharajah qui est rentré précipitamment dans son pays.

Très vite, Victor et Eloïse entament une liaison amoureuse, jusqu'à ce qu'un couple d'anthropologues arrive en Afrique dans le but d'observer les gorilles. La jeune Linda Nordley (Grace Kelly) ne tarde pas a attirer l'attention de Victor...

Mogambo (1953) est un film d'amour réalisé par John  Ford ; remake de La Belle de Saïgon de Victor Flemming (1932) avec - déjà - Clark Gable, c'est une oeuvre plaisante, se déroulant dans de splendides paysages, au rythme des chants tribaux africains, avec quelques doses d'humour et un triangle amoureux intéressant : qui, de la volcanique Eloïse ou de la (trop) sage Linda, notre séducteur va-t-il garder près de lui ?

Les scènes d'actions, centrées sur la capture d'animaux, sont souvent, aux yeux des spectateurs "modernes" que nous sommes, à la fois naîves et cruelles. Je ne peux m'empêcher de sourire un peu tristement à l'évocation des gorilles "capables d'arracher la tête d'un homme" : Dian Fossey et l'éthologie n'étaient pas encore à l'ordre du jour dans les années 50...

John Ford est un génie du cinéma, vous le savez, et sa façon de filmer l'Afrique lui donne toute sa beauté : la première scène où un guerrier se détache sur un lever de soleil est tout bonnement magnifique. A noter d'ailleurs que les tribus africaines sont présentées avec un profond respect, s'exprimant dans leurs langues et non en "petit-nègre" : visiblement, Ford a refusé la condescendance à leur égard.

L'humour est presque toujours centré sur Eloïse, citadine qui s'extasie devant un bébé rhino ("Un kangourou !") ou qui, sidérée, voit un guépard traverser tranquillement sa tente. Des scènes qui préfigurent Hatari ! de Howard Hawkes (1962).

Même si ce film a beaucoup vieilli sur certains points, il est à voir comme un livre d'images au charme désuet.