"On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui"  - Pierre Desproge.

Pendant ma courte absence, un débat sur le racisme dans le film Le Professionnel a eu lieu sur le blog de l'ami Fred. J'ai pensé au début y joindre mon grain de sel, mais comme toujours, ce genre de discussion me plonge dans des abîmes de reflexions qui nécessitent un article entier, comme celui sur l'humour au cinéma.

Je me souviens qu'il y a quelques années, je me réjouissais de la sortie d'un coffret DVD "intégral" des DA de Tex Avery. J'ai vite déchantée en apprenant que certains des courts-métrages avaient été édulcorés, expurgés de toutes allusions racistes ou sexistes. Le "politiquement correct" est à double tranchant !

Je ne me souviens plus très bien du Professionnel, donc, dans le doute, je n'en parlerai pas. Mais je voudrai donner mon avis sur les répliques ou les scènes qualifiées de "racistes" : la plupart du temps, il faut replacer tout cela dans le contexte : Le Professionnel date des années 80, époque où Coluche faisait rire la France avec son sketch "Le CRS Arabe". Très peu de gens se sont offusqués de cela, et pour cause : les français, parmi leurs nombreux défauts, sont des hypocrites patenté ("Je ne suis pas raciste, mais...").

De nos jours, le racisme est combattu, tout en ayant gagné en puissance : les films sont "édulcorés", les cités s'enflamment, les faits-divers pointent du doigt certaines "ethnies", et un parti politique dont je tairais le nom en fait son fond de commerce...Bref, le cinéma n'ose plus être un miroir !

Lors de la sortie d'Intouchables, j'ai pésté à plusieurs reprises contre certains internautes qui balançaient des commentaires du genre "Je n'ai pas vu ce film, mais je ne l'aime pas parce qu'il montre le jeune de banlieue comme un gars bien".....Je viens de la banlieue, j'ai partagé mes bancs d'école avec des enfants de differentes origines, j'ai grandis dans une cité ni meilleure ni pire qu'une autre, et je sais que nous ne vivons pas dans le monde de Disney ! Mais je reste intîmement persuadée de deux choses :

1 - Il y a des "brebis galeuses" dans tous les groupes ethniques, et ce sont ses élèments indesirables qui jettent le discrédit sur leurs communautés (ceci est valables aussi pour les français). 

2 - Le politiquement correct, est, comme je l'ai dit plus haut, une arme à double tranchant : en voulant à tout pris gommer les aspérités de notre société, on la condamne au révisionnisme : effacer les "caractères racistes" d'une oeuvre, c'est nous forcer à oublier que le monde occidental s'est aussi constitué sur le colonialisme et la condéscendance envers d'autres peuples.

Je vais vous avouer une chose : la montée des communautarismes me fait peur. Et ce qui m'éffraie le plus, c'est de voir que les rares voix de la raison sont noyées dans le concert d'aboiements, venus de tous les côtés. Les pauvres tentatives de vie en commun sont battues en brèche par des lois "religieuses" venues d'un autre âge, ou les idées politiques venues elles aussi du passé : alors que le Monde devient un petit village grâce à Internet, les hommes se renferment de plus en plus sur eux-même, et là où cela devient inquiétant, c'est que notre bon vieux miroir qu'est le cinéma est tenu de brosser le peuple dans le sens du poil, afin d'éviter toute accusation de "politiquement incorrect". 

L'hypocrisie semble avoir gagné...