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Quai des Orfèvres
Un mari jaloux, une épouse frivole et tout le "tralala"
Chanteuse de cabaret ambitieuse, Jenny Lamour (Suzy Delair) accepte un rendez-vous avec Georges Brignon (Charles Dullin), un homme d'affaire qui a des accointances avec le cinéma... mais qui aime les jeunes femmes. Cela n'est bien entendu pas du goût de Maurice Martineau (Bernard Blier ), mari de Jenny.
Peu de temps après avoir menacé Brignon de mort, Maurice apprend que Jenny est partie rendre visite à une vieille tante malade. Mais il découvre sur un morceau de journal l'adresse du vieil entrepreneur écrite de la main de sa femme. Décidé à régler les choses, il se constitue maladroitement un alibi et fonce chez son rival pour le tuer... mais l'homme est déjà mort !
Quai des Orfèvres (1947) est un classique du cinéma français, réalisé par Henri-Georges Clouzot. L'interprétation est de première classe, avec Louis Jouvet en 'Inspecteur-chef adjoint' s'occupant seul de son fils métis, Bernard Blier dans son rôle habituel de mari colérique et jaloux, et Suzy Delair en artiste frivole et stupide qui va se retrouver bien malgré elle dans un cauchemar. Mais il est un personnage fascinant par son rôle-pivot dans l'intrigue : la photographe 'Dora Monnier', interprétée par Simone Renant ; amie d'enfance de Martineau, elle cache tant qu'elle peut son amour pour... Jenny. Le fait est assez étonnant dans un film de la fin des années 40, même si bien sûr, tout n'est que suggéré.
Certaines scènes sont assez comiques, du fait des actions de Martineau, apprenti-meurtrier se bidouillant un alibi si bancal qu'il suffit à 'l'inspecteur Antoine' (Jouvet) de poser deux ou trois questions et surtout d'observer pour se faire son idée. Le vol de la voiture fait irrésistiblement penser à Ascenseur pour l'échafaud (est-ce une coïncidence ?).
Toujours est-il que notre couple d'artistes va se retrouver, par la frivolité de l'une et la jalousie maladive de l'autre, dans une situation de plus en plus inconfortable, culminant dans un interrogatoire un 24 décembre (préfigurant Garde à vue).
Parmi les seconds rôles, on retient aussi Robert Dalban en ferrailleur, Dora Doll qui joue sa compagne, et l'on aperçoit Raymond Bussière durant quelques secondes à peine en truand.
Autre grande curiosité du film, l'univers du spectacle de music-hall, et surtout les coulisses, avec de nombreuses scènes de répétitions dans les bureaux de l'imprésario, où se croisent les musiciens, les chanteuses réalistes et les coureurs de cachets. Et puis quel plaisir de voir l'atmosphère des petites arrière-cours de Paris, les livreurs qui déchargent leurs marchandises et les cafés où l'on discute du dernier crime en date.
Si ce film m'a énormément plu par ses acteurs, par l'histoire et par l'ambiance, la fin m'est restée un peu "sur l'estomac", tant elle semble décalée par rapport au genre : on dirait un final de comédie musicale, avec le couple Martineau-Jenny souriant à leur fenêtre en regardant l'inspecteur partir avec son gamin.
C'est peut-être l'époque qui voulait des "happy end", mais c'est peut-être aussi pour une autre raison : Quai des Orfèvres est le premier film réalisé par Clouzot après la guerre, et sa mise au ban du cinéma suite à des accusations de "collaboration". Voulait-il faire profil bas ?
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