Troisième acte...

L'abbaye de Saint-Jean-La-Rivière est une maison de retraite pour les vieux comédiens. Parmi les pensionnaires, Caprissade (Michel Simon), vieux "cabot" farceur qui a toujours souffert de n'avoir été qu'une "doublure" sans jamais brûler les planches, et Marny (Victor Francen), aigri par un drame ancien : son épouse l'avait quitté pour vivre avec Saint-Clair (Louis Jouvet), avant de mourir accidentellement.

Mais voilà que Saint-Clair arrive dans l'établissement, provoquant l'émoi parmi les pensionnaires féminines (dont certaines furent ses maîtresses) et réveillant le chagrin et la rancoeur de Marny.

Alors que le directeur de l'établissement (Robert Ozanne) s'inquiète de la baisse des subventions et craint une prochaine fermeture, Saint-Clair séduit la jeune Jeannette (Madeleine Ozeray), serveuse du café voisin.

La Fin du jour de Julien Duvivier est une déclaration d'amour au théâtre, mais aussi une tragi-comédie voire un film noir sur la déchéance des comédiens.

Ainsi, derrière l'esprit frondeur de Caprissade se cache une profonde tristesse, la déception de ne pas avoir fondé de famille mais surtout d'avoir été toute sa vie un simple figurant. Sa dernière scène commence par faire rire avant de devenir touchante.

L'attitude séductrice et désinvolte de Saint-Clair pourrait cacher un simple problème d'égo, si elle n'était liée à un drame. Lorsqu'il convainc la jeune Jeannette de se suicider pour lui, on se rend compte qu'il prend plaisir à jouer ainsi, transposant dans la vie réelle les sentiments exacerbés de la scène. Psychopathe ? Manipulateur ? Peut-être est-ce sa façon de se rassurer sur lui-même, sur son pouvoir de séduction.

La Fin du jour, derrière l'humour bon enfant et les marivaudages, dévoile en fait le drame vécu par ces grands enfants que sont les comédiens de théâtre. Un grand film triste mais beau.