De la Gueule d'Amour à la fin de la guerre...

Jean Alexis Gabin Moncorgé est né le 17 mai 1904 à Paris. Fils d'un comédien et d'une chanteuse de café-concert, il passe son enfance et son adolescence chez sa soeur ainée dans le petit village de Mériel (Val d'Oise), ses parents étant pris par leurs carrières respectives. Il se découvre un amour de la campagne qui ne le quittera plus.

Alors qu'il a 14 ans, il perd sa mère et abandonne une scolarité médiocre pour enchaîner les petits boulots comme vendeur de journaux, cimentier, garçon de bureau ou magasinier. A 17 ans, son rêve est de devenir conducteur de locomotive à vapeur comme son grand-père maternel. En 1922, alors qu'il a 18 ans, son père le fait engager comme figurant aux Folies-Bergère.

En 1924, le futur Jean Gabin effectue son service millitaire dans la Marine Nationale à Cherbourg. Revenu à la vie civile il remonte sur les planches des music-hall et entame un tour de chant dans la France entière et en Amérique du sud.

A partir de 1929, il devient le jeune premier dans des operettes. L'année précèdente, le jeune Gabin fait ses premières apparitions au cinéma dans deux courts-métrages de l'acteur comique Raymond Dandy.

C'est néanmoins en 1930 qu'ont lieux ses vrais débuts dans rien de moins que le premier film parlant français : Chacun sa chance avec Jean Sablon. Par la suite il enchaîne les tournages : Paris-Béguin, Les Guaîtés de l'éscadron, La Belle Marinière. En 1934, il tourne pour la première fois sous la direction de Julien Duvivier  Maria Chapdeleine, puis Golgotha où il interprète le rôle de Ponce Pilate.

Son premier succès personnel viendra avec La Bandera de Duvivier, puis ce sera La Belle équipe, Pépé le Moko, Gueule d'amour...

En 1938 La Bête humaine lui fait réaliser son rêve d'adolescent, et Quai des brumes lui fait rencontrer la jeune Michèle Morgan avec qui il forme un couple cinématographique mythique. Il tourne Le Jour se lève avec Arletty et Bernard Blier, puis, alors qu'il est mobilisé à Cherbourg en 1939, il obtient une permission exceptionnelle pour jouer  Remorques qui lui fait retrouver Morgan.

Le 2 fevrier 1941, il refuse de tourner des films pour les allemands et s'exile aux U.S.A. où il jouera dans La Péniche des amours avec Ida Lupino et L'Imposteur (de Julien Duvivier), une oeuvre de propagande gaulliste.

Jean Gabin s'engage ensuite dans les Forces navales françaises libres en avril 1943 ; à bord du pétrolier millitaire Elorn, il traverse l'Atlantique en direction de Casablanca puis fait parti du 2ème escadron du régiment blindé de fusillers-marins de la fameuse 2ème DB du Maréchal Leclerc.

Au printemps 1945 il participe à la libération de Royan et son régiment ira jusqu'à Berchtesgaden.  Jean sera par la suite décoré de la Médaille millitaire et de la Croix de guerre. Ägé de 41 ans, l'acteur retrouve après la guerre le chemin des plateaux de cinéma pour tourner en 1946 Martin Roumagnac aux côtés de Marlène Dietrich avec qui il entretient une liaison depuis son arrivée à Hollywood.

Mais la guerre a changé l'homme : le jeune premier à la "Gueule d'amour" d'autrefois s'est mué en dur aux cheveux blanchis avant l'âge. Ses rôles vont s'en ressentir...