Cet homme est un acteur incontournable du western et un peu du film de guerre, on peut difficilement l'ignorer, pourtant, il n'était pas particulièrement intense ou marquant. Les westerns d'Audie Murphy, je parle pour la France, étaient largement distribués en ville et en province dans les années cinquente-soixante et, bons ou non, formèrent le goût de beaucoup de jeunes pour le genre que nous aimons. Sa principale qualité pour moi, réside là.

Cela me fait plaisir que tu consacres quelques lignes à Audie Murphy, que j'ai connu tout d'abord pour ses exploits de guerre (vu ma région). Il y a peu d'acteurs qui ont des monuments de guerre construits en leur honneur. Il est le grand mal-aimé des "westerners" par la critique française classique (Ladd était plutôt bien vu). Mon volume "Tel-Gallimard" de "Le western" le décrit sous la plume de Pierre Domeyne comme un "minus aux yeux glauques et aux joues pendantes" et attend que "la balle signée X atteigne enfin son but et nous débarrasse de cet ersatz de la dévirilisation du héros de western". Comme je lisais et relisais ce gros ouvrage, ces mots m'avaient marqué alors même que je n'avais jamais vu aucun film de cet acteur qui fut le soldat le plus décoré de la seconde guerre. Comme quoi, le cinéma n'est qu'illusion et un Wayne qui ne fit pas son service militaire est plus viril qu'un Murphy.

Hier soir, j'ai justement regardé le remarquable "La fort de la dernière chance" avec Murphy, dans lequel il est le seul homme parmi une cinquantaine de femmes dans une mission attaquée par des indiens. Tavernier, dans les bonus, raconte que John Milius admire Audie Murphy et qu'il lui avait dit que Murphy était probablement le seul acteur qui était devenu acteur car il avait tué des dizaines de personnes. Et je crois qu'il est le seul acteur à avoir interprété - dans "L'enfer des hommes" - son propre rôle dans l'adaptation de sa célèbre autobiographie.

Après vision de plusieurs de ses films, il ne mérite pas sa mauvais réputation. De "Une balle signée X" à "La charge victorieuse" au "Vent de la plaine" en passant par "Le fort de la dernière chance", il prouve son talent, alors que Murphy disait lui-même de lui qu'il n'avait aucun talent. Je me suis procuré la plupart de ses westerns parus chez Sidonis et d'autres.

" Les cavaliers de l'enfer", avec Audie Murphy, est une bonne introduction pour faire connaissance avec lui.