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Barquero
"... Et au millieu coule une rivière... "
Après avoir mis à sac une ville texane et volé des armes et de l'argent, Jake Remy (Warren Oates) doit se réfugier au Mexique avec sa bande. Une seule solution : emprunter le bac manoeuvré par Travis (Lee Van Cleef), qui ne l'entend pas de cette oreille.
Barquero (1970) est un film de Gordon Douglas, mettant face à face deux acteurs aussi talentueux l'un que l'autre, dans des rôles forts et sur une tonalité violente que n'aurait pas renié Peckinpah ou Leone.
Nous avons donc d'un côté un passeur vivant librement et quelque peu agacé par l'invasion de son territoire par les pionniers, de l'autre un braqueur de banque brutal au cerveau rongé par la drogue. Chacun est en fait un personnage en voie de disparition, le dernier "sauvage", l'un par son individualisme, l'autre par sa barbarie.
Entre les deux, une rivière, symbole pour l'un comme pour l'autre : on apprend ainsi que Travis a construit son bac parce qu'il "déteste les barrières et les contraintes" ; quant à Remy, ce fleuve est l'obstacle entre la sécurité du Mexique et le danger que représente les hommes à sa poursuite.
Un grand western plein de symbolisme, de scènes quasiment cultes, comme Anna (Mariette Hartley) qui se donne à Travis pour sauver son mari, ou Remy qui tire sur la rivière.
Dans les seconds rôles, Forrest Tucker, un westerner "à l'ancienne" qui interprète un homme des bois ami de Travis qui exorte celui-ci à abandonner la ville et repartir dans les montagnes, et Kerwin Mathews, bras droit de Remy, un français qui a déserté après la défaite de Maximilien et qui tente à plusieurs reprises de convaincre son chef de descendre la rivière à la recherche d'un passage plus loin. Là encore, nous avons un parallélisme entre les deux personnages, qui représentent chacun une certaine raison.
Barquero, c'est un western américain qui a sû retenir les leçons du spaghetti et de Peckinpah sans n'être qu'un vague plagiat. Une réussite.
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Commentaires
Je suis bien content de lire ton avis sur ce film, que je partage, après avoir lu ailleurs des critiques bien moins élogieuses et même méprisantes, injustifiées, à mes yeux.