• Un cinéma "régressif" ?

    Rocky a-t-il une tête de "madeleine de Proust" ?

    Un cinéma "régressif" ?

    Dans l'un des commentaires de mon post sur le reboot, l'ami Lemmy avait parlé de "cinéma doudou", et ce terme m'a interpellée : sécurisant car faisant appel à des héros et des univers connus de tous, le cinéma des dernières années semble jouer sur la régression.  Ce n'est bien entendu pas la première fois que ça arrive, loin de là : parmi les premières oeuvres cinématographiques figurent des adaptations de feuilletons radiophoniques, de classiques de la littérature ou de comics connus depuis toujours des spectateurs.

    Le cinéma utilise une "grammaire de base", constitué de genres prédéfinis, interchangeables et compatibles : l'aventure, le drame, l'amour, la vengeance, le comique. Et parce que ces genres sont compréhensibles par tous, et qu'ils sont utilisés depuis la nuit des temps pour raconter des histoires, l'industrie du 7ème art s'est développée, charmant les foules par des thèmes universels et souvent répétés à l'envi.

    Mais ce dont je voudrais parler dans ce présent post, c'est de la remise au goût du jour des héros des années 80 et 90 afin d'attirer dans les salles obscures les trentenaires et les quadragénaires en même temps que les plus jeunes.

    Nous avons tous grandi avec des souvenirs, des "madeleines de Proust" qui nous replongent dans notre passé à l'occasion d'un générique de télévision ou un extrait de film vu sur "Youtube".

    Alors les studios, les scénaristes et les réalisateurs ressortent des placards les tenues des héros des années 70 et 80. Depuis les années 90, en fait, la liste des films surfant sur la nostalgie ne cesse de s'allonger : d'abord, ce furent les séries TV  Zorro, Ma sorcière bien-aimée, Deux flics à Miami, Starsky et Hutch, Shérif, fait moi peur qui furent adaptées avec plus ou moins de bonheur sur grand écran.

    Puis les films eux-même, à coups de suites, préquels, ou reboot. Bien entendu, une grande partie de cette habitude provient d'un simple constat : la nostalgie fait vendre. Mais il n'y a pas que cela, je pense : il est possible que nous, spectateurs, fans, nous voulons retrouver nos héros favoris, pour nous replonger (de manière illusoire) dans notre adolescence.

    Est-ce en réaction à la dureté de plus en plus grande du monde qui nous entoure ? Est-ce le besoin de se sentir "rassuré", "sécurisé" par un univers connu ? C'est certainement plus complexe, et je n'ai aucune aptitude à la psychanalyse.

    Je dirais donc que ce type de cinéma "doudou", cinéma "régressif", cinéma "cocon", est une façon d'oublier ses soucis en retrouvant des héros de notre passé, en renouant le lien affectif avec notre adolescence. Et cela, les producteurs l'ont bien compris...

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  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Janvier 2016 à 10:41

    Une maison d'édition a récemment publié les brouillons de A La Recherche Du Temps Perdu, ou il apparaît que Proust avait initialement basé sa métaphore sur le pain grillé du petit déjeuner, avant de se décider pour la fameuse madeleine. Il s'en est donc fallu de peu que ce post ne s'appelât : "Rocky est-il un pain grillé ?".
    Etonnant, non ?

    2
    Mardi 19 Janvier 2016 à 11:00

    J'avais entendu parler de cette histoire. Comme quoi, la licence poétique tiens à peu de choses... et effectivement, Rocky en "pain grillé" ça le fait moins...

    he

    3
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 14:17

    L'histoire, dit on, est un éternel recommencement. Le cinéma, qui a aussi des lettres, ne nous y trompons pas, le sait pertinemment et vit selon son public du moment. S'il sait que beaucoup aimeraient revoir, au pif, "Les sept mercenaires ", en tant qu'industrie pourvoyeuse de rêves et de grosses rentrées de dollars, il vous concoctera le nouveau "Sept mercenaires ", pourquoi pas? Dans la mesure ou c'est réussi, avec de bons acteurs, une nouvelle approche, et que ça se hisse au niveau de l'original, ou mieux, parviens à le dépasser, pourquoi se priver ? Quand les soixante huitards seront disparus, qui nous dit que des reprises des "fast and furious " sauce 2030 n'auront pas le même effet sur  la génération à qui ça parlait ? Le problème n'est pas tant la madeleine ou le pain grillé, ce qui compte, c'est la qualité ! smile

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