Un homme anachronique...

En 1903 dans le Wyoming. Tom Horn (Steve McQueen), célèbre pour avoir capturé Géronimo, est embauché par une compagnie d'éleveurs afin de mettre fin aux exactions de voleurs de bétails. Mais très vite, les méthodes employées par ce cowboy anachronique vont le rendre encombrant pour ses employeurs...

Tom Horn est le dernier film tourné par Steve McQueen avant que la maladie ne l'emporte. Et l'on ne peut s'empêcher de penser que l'acteur, à l'instar de John Wayne, a choisi un western comme chant du cygne* pour donner un baroud d'honneur à un personnage, un rôle emblématique : Tom Horn, lors de sa tentative d'évasion, symbolise l'ombre de Josh Randall, cherchant une dernière fois à rejoindre les collines qui l'ont toujours protégé de la civilisation, des magouilles éléctoralistes, des lois instaurées par les hommes.

Un autre film se dessine en filigrane de Tom Horn : à plusieurs reprises, la phrase "les choses changent" est prononçée d'une manière ou d'une autre par un personnage, et par le héros lui-même. Ce western tourné en 1979, à une époque où le genre lui-même était donné pour mort, est également une dernière vision d'un homme qui n'appartenait déjà plus à son monde en mutation. Oui, "Times are changing"...Mais lui n'a pas changé, tuant de sang froid un homme en pleine rue, déchargeant son arme sur celui qui vient de descendre son cheval, ou massacrant à coup de crosse un individu venu le provoquer devant la femme qu'il aime.

Tom Horn est un homme du passé, et la façon dont on se débarasse de lui appartient déjà à un nouveau monde, une nouvelle civilisation, où les hommes politiques agissent dans l'ombre, où, là encore, la légende s'écrit pour tuer la réalité.

Tom Horn est un film bouleversant car il symbolise deux disparitions : celle de l'Ouest sauvage, et celle d'un acteur qui y donne une de ses interprêtations les plus éblouissantes et les plus poignantes.

*A noter que Don Siegel avait été approché pour réaliser Tom Horn, mais qu'il abandonna le projet...