Dans l'Amérique Sudiste, le démon est habillé de blanc...

Adam Cramer (William Shatner) arrive dans une petite ville du Sud des États-Unis. Charmant et propre sur lui, il ne tarde pas à se lier avec la population.

Nous sommes dans les années 60, alors que les lois anti-ségrégationnistes viennent d'être votées. Le lycée de la ville s'apprête à accueillir une dizaine de jeunes gens de couleur, ce qui ne plait pas à tout le monde, loin de là. Cramer, militant d'une organisation d'extrême-droite, va manipuler les ploucs et les mener au pire...

William Shatner est fantastique dans ce rôle d'ordure habillé en dandy. Charmeur et menteur, il ira jusqu'à manipuler une jeune fille. A ses côtés, Leo Gordon en représentant de commerce plus malin qu'il n'y parait. Leur confrontation dans la chambre d'hôtel est un grand moment de cinéma.

Frank Maxwell en journaliste qui se découvre une conscience, Charles Beaumont (l'auteur du roman dont est tiré le film), dans le rôle du directeur du lycée, et Charles Barnes qui interprète le jeune homme accusé d'avoir tenté de violer une blanche, sont eux aussi très bons.

Roger Corman abandonne pour un temps le film d'horreur et de gangster pour se pencher sur une Amérique malade de son racisme. Il filme une foule de péquenauds pressés d'en découdre avec les "nègres" en insistant sur la joie mauvaise qui irradie leurs visages. Si la fin est peut-être un peu trop "facile" (j'aurai préféré un final à la façon de L'Étrange incident), il y a tout de même une interrogation douloureuse du phénomène de foule, et surtout sur le procédé de manipulation. La dernière scène de Shatner est édifiante.

The Intruder (1962) est le cliché d'un pays et d'une époque où tout n'était pas que rock n'roll...