-
Raymond Bussières (1907-1982)
Du "Groupe Octobre" aux "Sous-doués".
Marcel Raymond Bussières nait le 3 novembre 1907 à Ivry-la-Bataille dans l'Eure où ses parents tiennent un café. Il est d'abord fonctionnaire à la ville de Paris puis dessinateur-typographe à la préfecture de la Seine. Attiré par le théâtre et politiquement engagé à gauche, il participe à la fondation du "Groupe Octobre" aux côtés de Paul Grimault, Sylvia Bataille, Yves Allégret, Mouloudji et les frères Prévert entre autres.
Avant les années 40 Raymond Bussières a déjà tenu quelques petits rôles dans des films, et fut même pressentit pour jouer 'Jacques', l'un des protagonistes de La Belle équipe (1936). Ce rôle dévolu à Charles Dorat, et notre acteur regrettera toute sa vie de n'avoir pu participer au film de Julien Duvivier. Néanmoins, son accent "parigot" et son physique le rendent indispensable auprès des réalisateurs comme dans Romance de Paris de Jean Boyer (1941), L'Assassin habite au 21 d'Henri-Georges Clouzot ou Le Mariage de Chiffon de Claude Autant-Lara, tout deux sortis en 1942.
Après la Seconde Guerre Mondiale, il devient un second rôle apprécié du public, que ce soit dans Les Portes de la nuit (1946) de René Clair, Quai des Orfèvres (1947) d'Henri-Georges Clouzot, ou Casque d'or (1951) de Jacques Becker.
On le retrouve devant les caméras d'André Cayatte (Le Chanteur inconnu - 1947, Justice est faîte -1950), Robert Dhéry (Branquignol -1949), Henri Diamant-Berger (Mon curé chez les riches - 1952, Le Chasseur de Chez Maxim's - 1953). Il tourne même pour Sacha Guitry dans Napoléon (1955) mais son rôle sera coupé au montage.
Raymond Bussières est également très connu en Italie, où il tournera quelques films : c'est ainsi qu'il est 'La Ficelle' dans Chéri-Bibi (1955) de Marcello Pagliero, un colonel dans Il était une fois trois flibustiers (1960) de Sténo, le magicien dans Les Milles et une nuits (1961) de Mario Bava et Henry Levin.
Il co-scénarise Le Costaud des Batignoles (1952) réalisé par Guy Lacourt, et signe seul les scénarios de Mon frangin du Sénégal (1953) de Norbert Carbonnaux et Guy Lacourt, Les Corsaires du Bois de Boulogne de Norbert Carbonneaux.
La carrière de Raymond Bussières se poursuit dans l'éclectisme : Le jour d'après (1965) de Robert Parrish, Ho! (1968) de Robert Enrico, La Grosse combine (1971) de Bruno Corbucci, L'Homme aux nerfs d'acier (1973) de Michele Lupo.
Il tourne pour Jacques Deray (Le Gang), Guy Lux (Drôle de zèbre), Gérard Oury (La Carapatte). Il est la voix du chef de la police dans le dessin animé Le Roi et l'oiseau (1980) de son ami Paul Grimault, et la même année, il se confronte à la "jeune génération" en incarnant 'Gaston Pourquier', un vieil homme cherchant à obtenir le bac dans Les Sous-doués de Claude Zidi.
À la télévision, il participe à de nombreux documentaires sur Jacques Prévert, dont Mon frère Jacques réalisé par Pierre Prevert (1961) ; il joue dans deux épisodes de la série L'Inspecteur Leclerc mène l'enquête de Marcel Bluwal, interprète 'Monsieur Calmelo' dans "Méliès, magicien de Montreuil" (1964), un épisode de la série Le Théâtre de la jeunesse réalisé par Jean-Christophe Averty. On le retrouve également dans Les Compagnons de Baal (1968) de Pierre Prévert, Le Pain noir (1974) de Serge Moati, Les Brigades du Tigre (1974) de Victor Vica, L'Homme sans visage (1975) de Georges Franju. Il apparait même dans un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir en 1976 !
Raymond Bussières décède le 29 avril 1982 dans le 18ème Arrondissement de Paris. Il est enterré à Marchenoir dans le Loir-et-Cher.
Vie privée : il a épousé l'actrice Annette Poivre avec qui il joua souvent sur scène et à l'écran.
Filmographie sélective :
1933 - Ciboulette - Claude Autant-Lara
1934 - Sans Famille - Marc Allégret
1934 - L'Hôtel du libre-échange - Marc Allégret
1941 - Romance de Paris - Jean Boyer
1942 - Le Mariage de Chiffon - Claude Auant-Lara
1942 - L'Assassin habite au 21 - Henri-Georges Clouzot
1943 - Adieu Léonard (La Bourse ou la vie) - Pierre Prévert
1946 - Les Portes de la nuit - Marcel Carné
1947 - Les Deux orphelines - Mario Mattoli
1947 - Le Chanteur inconnu - André Cayatte
1947 - Quai des Orfèvres - Henri-Georges Clouzot
1949 - Branquignol - Robert Dhéry
1950 - Justice est faite - André Cayatte
1951 - Casque d'or - Jacques Becker
1952 - Le Costaud des Batignolles - Guy Lacourt
1952 - Les Belles de nuit - René Clair
1952 - Mon curé chez les riches - Henri Diamant-Berger
1954 - Ha, les belles bacchantes ! - Jean Loubignac
1955 - Chéri-Bibi - Marcello Pagliero
1956 - Cette sacrée gamine - Michel Boisrond
1956 - Paris, Palace Hôtel - Henri Verneuil
1957 - Porte des Lilas - René Clair
1958 - Taxi, roulotte et corrida - André Hunebelle
1958 - Sans famille - André Michel
1959 - Guinguette - Jean Delannoy
1960 - Il était une fois trois flibustiers - Sténo
1960 - Quai du Point-du-Jour - Jean Faurez
1961 - Les Milles et une nuits - Mario Bava et Henry Levin
1961 - À cheval sur le tigre - Luigi Comencini
1964 - La Bonne soupe - Robert Thomas
1964 - Allez, France ! - Robert Dhéry et Pierre Tchernia
1968 - Ho ! - Robert Henrico
1970 - Hello, Goodbye - Jean Negulesco
1971 - La Grosse combine - Bruno Corbucci
1973 - L'Homme aux nerfs d'acier - Michele Lupo
1974 - Gross Paris - Gilles Grangier
1976 - Dracula père et fils - Édouard Molinaro
1976 - L'Aile ou la cuisse - Claude Zidi
1977 - Le Gang - Jacques Deray
1977 - Drôle de zèbre - Guy Lux
1978 - L'Argent des autres - Christian de Chalonge
1978 - La Carapate - Gérard Oury
1979 - Le Mouton noir - Jean-Pierre Moscardo
1980 - Les Sous-doués - Claude Zidi
1981 - Neige - Juliet Berto et Jean-Henri Roger
1982 - Marche au pas - Pasquale Festa Campanile
1982 - Invitation au voyage - Peter Del Monte
-
Commentaires
2KinskiklausMardi 2 Mai 2017 à 09:06J'ajoute également qu'en plus de posséder un physique plutôt atypique, sa voix particulière a aussi contribué à son succès. Dommage qu'il soit un peu voire beaucoup oublié par les professionnels du cinéma qui évoquent rarement sa mémoire.
Ajouter un commentaire
Attention Val, aussi bien dans le titre que dans le ventre de ton article, tu as mal orthographié son nom: il manque systématiquement un "S" à la fin de son nom. T'es encore trop bu hier, toi !!!
Immense acteur à la carrière riche et variée. Deux rôles me reviennent prioritairement à l'esprit : celui dans le sublime "Casque d'Or" mais aussi le personnage de Marcel Duroc, père de Pierre Richard dans le film de Gérard Oury, "La Carapate". Dans ce dernier, rien que de repenser à ses scènes provoque en moi l'hilarité quand Pierre Richard place Bussières sur la rampe d'escalier et qu'il dévale les étages de l'immeuble quatre à quatre pour récupérer son père en bas.
Erreur réparée, merci Kinskiklaus ! Promis, je ne me boirais plus en écrivant mes posts !
Pour en revenir à Raymond Bussières, il fait aussi partie de mes "souvenirs télévisuels d'enfance" grâce à cette voix si particulière que tu évoque et à ce physique si facilement reconnaissable.
Un grand, un immense second rôle, effectivement.