• Quand les durs jouent la comédie...

    Première partie : du Duke à Sly...

    Quand les durs jouent la comédie...On connais le cinéma d'action, celui qui a de la testostérone, des poils et du cuir et dont votre servante vous parle depuis le début du blog. Les figures mythiques de ce genre s'appellent John Wayne, Lee Marvin, Schwarzenegger ou Stallone entre autres.

    Mais ces héros purs et durs, ces gars qui descendent du cowboy ou qui trucident de l'alien à tour de bras sont aussi capables de jouer dans des comédies.

    Prenons John Wayne, par exemple. Véritable icône de l'Amérique, celui qui pose hiératiquement sur son cheval au début et à la fin de Chisum a aussi tourné des comédies. Dans le genre western principalement : ainsi, dans Le Grand Sam (1960), il interprète un chercheur d'or tombant amoureux de la "fiancée" qu'il ramène pour son meilleur ami. Ladite fiancée étant Capucine et l'ami Stewart Granger, il y a de quoi faire. Surtout que parmi les seconds rôles, nous avons droit à Fabian, chanteur pour midinettes, qui lui aussi sera troublé par la belle !

    Dans le même genre, Le Grand McLintock (63) où le Duke est en bute avec son ex-femme (Maureen O'Hara), sa fille, la veuve d'un ami et un vieil ennemi. Ce film, alourdi par des considérations paternalistes sur les Indiens et les Mexicains et par une longue et inutile bagarre dans la boue, se termine par une fessée que le héros donne à son ex, rappelant L'Homme tranquille.

    Parlons justement du film de John Ford , qui n'est pas un western mais une comédie fort réussie. Tous le monde connais l'histoire : le héros joué par Wayne, ancien boxeur traumatisé après avoir tué son adversaire, revient en Irlande où il est né et s'y trouve dépaysé par les us et coutumes, avant de courtiser une autochtone (O'Hara), aussi belle que têtue. Ce film est autant une belle comédie qu'un chant d'amour au pays natal du réalisateur. À noter que Ford saura mettre des passages comiques dans ses westerns.

    Enchainons avec Lee Marvin. Image du "tough guy" par excellence, ce n'est que vers la fin des années 60 qu'il se lance dans la comédie ; là aussi ce sont des westerns qui servent de décor à l'humour : dans Cat Ballou (65), il interprète même deux personnages : un tueur affublé d'un curieux nez en argent, et un autre "gunman", alcoolo et plutôt à côté de ses santiags.

    Quand les durs s'amollissent...Il rempile en 1969, cette fois dans... une comédie   musicale ! Avec Clint Eastwood (autre "dur patenté"), il forme un duo de chercheurs d'or qui font carrément ménage à trois avec Jean Seberg ! Le film s'intitule en vo Paint Your Wagon. Les français le connaissent sous le titre de La Kermesse de l'Ouest. Le spectateur éberlué y découvrira notre "Liberty Valance" grimé en vieux fou chevelu et barbu, souvent revêtu d'un pyjama rouge, qui vocifère, s'agite, descend une rivière dans un baquet et... termine le film en chantant l'une des plus belles ballades qui soient ! Eastwood  lui-aussi y va de la chansonnette - en chemise rose ! - et ajoute à l'horreur vestimentaire en arborant un paletot constitué de napperons crochetés.

    Plus près de nous, deux "tough guys" des années 80 ont versé dans la comédie : ainsi, pour ses débuts à l'écran, le culturiste autrichien Arnold Schwarzenegger (crédité "Arnold Strong") est le héros d'Hercule à New York, comédie-péplum poussive où il interprète le fils de Zeus parachuté dans la "Grosse Pomme".

    Quand les durs s'amollissent...En 1979, il devient le héros de Cactus Jack, une parodie western où il joue un "bel étranger" qui doit escorter une jeune fille (Ann-Margaret) chez son père tout en déjouant les pièges de "Cactus Jack" (Kirk Douglas)... ce film, version "live" d'un dessin animé de Tex Avery,  ne déplaça pas les foules.

    Dans les années 80, Schwarzy devient une star, et, peut-être pour diversifier sa filmographie, il va se lancer dans la pure comédie : en 1988 il va partager l'affiche avec Danny DeVito dans le film Jumeaux. Tout ou presque est dans le titre : une expérience scientifique est menée pour mettre au monde "l'homme parfait". Deux bébés naissent, mais le plus "raté" est mis à l'adoption. Plus tard, les deux frères (Schwarzie et DeVito, devinez celui qui est "parfait" !) se rencontrent...

    En 90, Arnold est la vedette de Un flic à la maternelle ; cette fois-ci, l'idée est bonne : pour retrouver l'ex-femme d'un truand, notre héros doit se faire passer pour un prof de maternelle. Je n'ai plus de souvenir précis de ce film d'Ivan Reitman mais apparemment c'est une réussite.

    Quand les durs s'amollissent...Peut-on en dire autant de Junior ? Moi, en tout cas, j'aime bien ce film, deuxième collaboration entre Schwarzenegger et DeVito, qui conte comment un scientifique travaillant sur une hormone destinée aux femmes enceintes décide de tester sur lui-même le produit de sa recherche.... Voir notre montagne de muscle, déguisé en femme, se cacher dans une association d'aide aux futures mamans est cocasse.

    La même année est sorti True Lies, remake américain de La Totale : ou comment Jamie Lee Curtis, petite bourgeoise américaine, ne se rend pas compte que son culturiste de mari est un espion !

    Deux ans plus tard, Schwarzie rempile dans la comédie familiale avec La Course au jouet, au pitch aussi simple qu'ingénieux : un père doit impérativement trouver le jouet que son gamin veut absolument comme cadeau. Et, pour corser le tout, cette quête doit se faire en plein "rush" de veille de Noël !

    Passons à Sylvester Stallone. Première incursion de "Rambo" dans la comédie, Rhinestone (84), où un ouvrier doit se métamorphoser en chanteur country pour aider Dolly Parton a gagner un paris...

    Quand les durs s'amollissent...Il faut attendre 1991 pour que notre "étalon italien" se frotte de nouveau à la comédie : réalisé par John Landis, d'après la pièce Oscar, L'Embrouille est dans le sac met en scène Sly en ex-maffieux cherchant à tenir la promesse faite à son défunt père (Kirk Douglas) de devenir honnête, alors qu'il a des problèmes avec ses sbires, sa femme et sa fille...

    L'année suivante, c'est le savoureux Arrête, ou ma mère va tirer ! J'avoue aimer ce film où Stallone, flic à Los Angeles, voit débarquer sa mère (Estelle Getty), petit bout de femme au fort caractère, qui ne va pas tarder à lui causer bien des soucis...

    Dernière comédie en date pour Sly : Match retour (2014)  : la préparation du plus improbable match de boxe du siècle entre Stallone et Robert DeNiro.

    Comme les carrières de Stallone et Schwarzenegger sont loin d'être terminées, il y a des chances de retrouver ces deux là dans d'autres comédies, pourquoi pas ?

    Je termine ici ce post. Il est certain qu'il aura une suite, d'autres "tough guys" ayant fait des incursions dans la comédie. Je pense m'intéresser à Kirk Douglas et Burt Lancaster, ainsi qu'à Eastwood et à Bronson, bien sûr...

    « Les esprits s'échauffent...Bronson et Caine, prêts pour le French Cancan ! »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 21 Août 2015 à 11:47

    Eastwood a notamment réalisé " Doux, dur et dingue" et " Çà va cogner ", dans le genre comédie. Burt Lancaster joue aussi dans un western marrant " The halleluia trail".

    2
    Vendredi 21 Août 2015 à 13:25

    Pour Eastwood, je pense aussi à Haut les flingues avec Burt Reynolds, et pour Lancaster, il y a Coup double, avec Kirk Douglas.

    3
    Vendredi 21 Août 2015 à 20:29

    Bravo pour ce post fouillé. Il est clair qu'une "star", ce qu'étaient tous ces acteurs, devait faire dans le genre populaire par excellence : la comédie, histoire d'affoler le box-office et de jouer avec son image dans le cas des acteurs durs à cuire (c'est-à-dire renforcer cette image ?). Le plus gros succès d'Eastwood aura été le premier "Doux, dur et dingue"...

    Wayne, dans "Le grand Sam", m'a toujours fait penser par certains côtés à Hill & Spencer, surtout à Spencer en fait.

    Je n'ai toujours pas vu les comédies de Stallone et "Junior" de Schwarzie. Et je n'ai jamais eu la force de voir "La kermesse de l'ouest" qui trône poussiéreux en bas d'une immense pile aux côtés de "Junior" et de "Arrête ou ma mère va tirer".

    Lancaster a fait quelques comédies effectivement, j'adore "Le corsaire rouge", mais il est plus un film d'aventures pour enfants qu'une comédie, mais Burt en fait tellement des caisses avec son énergie habituelle et son sourire denté de grand chat. 

     

    4
    Daniel
    Samedi 22 Août 2015 à 22:36

    Tony Curtis a eu autant de succès dans la comédie que dans les films " sérieux"  pour citer le premier nom qui me vient a l esprit sinon pour ceux cités dans le post de Val on peut parler de véritable " Berezina"  au niveau commercial avec un pic atteint par Stallone vraiment ridicule dans les comédies ( un peu aussi dans certains films d action..si.....si...) sinon j ai aussi un faible pour " Un flic dans la maternelle" ( dont la suite va sortir sous peu probablement sans Arnold malheureusement ). Dans " Match retour" c est surtout De Niro qui est hilarant , cabotinant a outrance mais c est jouissif ...Quand a Bronson je ne sais pas s il a fait quelques comédies mais je sais que sur le tournage de " La proie des vautours" il était un véritable comique prêt a faire toutes les blagues , son attitude a changé durant " Les sept mercenaires" pour se radicaliser pendant " La grande évasion" sans doute , selon les témoins des tournages , par jalousie envers les autres acteurs et par le fait que le réalisateur s intéressait plus a d autres que lui alors Charles est devenu Bronson et s est éloigné définitivement des équipes de tournage se contentant de faire son travail persuadé que son role dans les " 7" l avait fait changer de statut et qu il méritait beaucoup plus d égards et ça Sturges ne l avait pas compris et Bronson le lui fera payer sur " Chino" ...l ami était rancunier alors trouver un role comique dans sa carrière , j attends impatiemment .wink2 

    5
    Samedi 22 Août 2015 à 22:50

    Moi, je suis persuadée que Charles était un vrai boute-en-train sur les plateaux de tournage ! Tout ce que j'ai pu lire ça et là sur certains blogs ne sont que des racontars de comédiens jaloux du charisme de l'acteur !

    wink2

    En fait, pour trouver Bronson dans sa verve comique, je pense qu'il faudrait parler de ses apparitions télévisuelles  (notamment dans Have gun - Will travel). Côté film, C'est arrivé... entre midi et trois heures me parait être le plus comique des films de l'ami Charley.

    6
    Samedi 22 Août 2015 à 22:51

    Daniel, tu parles de Stallone et je suis justement en train de regarder un film avec Stallone grimé en femme dès le début.

    Bronson est assez truculent dans "Soleil rouge" et ça lui réussit bien, au contraire d'un Delon qui, par exemple choisi, voulait imiter Belmondo dans "Parole de flic". "C'est arrivé entre midi et trois heures" le voit aussi assez drôle. Dans l'excellent "La loi de Murphy" il est cynique à souhait. J'ai des enregistrements sur dvd de Bronson dans des shows au début de sa carrière où il fait l'abruti. Il est également drôle dans le justicier de New-York, mais c'est une autre histoire... ;-)

    "Un flic à la maternelle 2" avec Dolph Lundgren (il faut le dire), ça fait peur...  

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    7
    Samedi 22 Août 2015 à 23:07

    Dolph Lungren dans Un flic à la maternelle 2oh

    Sinon, oui, je ne pensais plus à Soleil rouge ! Pour Delon, il y a aussi... Asterix...  cry

    Belmondo a fait une partie de sa carrière dans le film d'action "comique" (Le Magnifique, L'As des As...)

    Je voudrais surtout parler des "tough guys" qui ont tourné un ou plusieurs films comiques, soit au début de leurs carrières, soit pour diversifier leur filmographie. Je ferais des recherches en ce sens.

    8
    FJWalk
    Dimanche 23 Août 2015 à 12:16

    Bronson était également drôle dans « MR MAJESTYK », plutôt marrant dans « ADIEU L’AMI » et « PANCHO VILLA » dans un même registre de voyou rusé jouant les abrutis.

    9
    Dimanche 23 Août 2015 à 12:28

    Dans "Mr Majestik", son humour a de sérieuses limites, il ne faut quand même pas trop l'emmerder ou toucher à ses pastèques, sinon gare aux valseuses (cette phrase est assez improbable...).

    10
    Daniel
    Lundi 24 Août 2015 à 15:21

    Bonne idée de post que ce " Parole de fic" énorme succès populaire a l époque et sans doute le dernier pour Alain Delon...Je ne l ai plus vu depuis sa sortie et j en garde un plutôt bon souvenir. Val...Parole de flic , c est bien , c est meme très bien...si..si..un post..un post...tu vas te régaler..Delon dans toute sa splendeur histoire de ne pas rester sur Astérix..c est pas mal..non !

    11
    Lundi 24 Août 2015 à 15:45

    Tout comme toi Daniel, j'ai vu Parole de flic à sa sortie, et je ne l'ai plus revu depuis. Mais, promis, dès que je le peux, je me procure le DVD et je le visionne...

    Je me souviens de Delon torse-nu sur une plage africaine, la scène où il écrase des noix en disant à un type : "Tes couilles", et celle où il manque de finir explosé dans sa voiture dans un parking... Le final aussi, où, si je ne me trompe pas, il se grime en clown pour arriver jusqu'à sa dernière proie.

    ... Et bien, en effet, il y aurait beaucoup à dire sur ce film...

    Quant à Asterix... J'ai déjà tout oublié... tout...

    12
    Mardi 25 Août 2015 à 00:46

    Val, je me souviens qu'on avait discuté de cette scène mythique où Delon parle des couilles et de la gueule d'un vendeur par le biais d'une métaphore assez peu subtile. Si tu veux Val, je te procure ce chef d'œuvre :-) Daniel, ce film a beaucoup vieilli, si tant est qu'il a été jeune. La dernière fois que je l'ai vu c'était il y a deux ans, avec mon amie, et nous avons failli crever de rire ; Delon delonise et use de tous les delonismes jusqu'au craquage, c'est-à-dire jusqu'à la belmondisation (Delon voulant faire un clown comme Belmondo est juste terrifiant). Le lancer de savates à 50 mètres de haut et le combat deloncolon me laissent rêveurs. Le tout fait une suite de sketchs à la Delon, c'est un plaisir coupable. Et c'est quand même un démarquage évident d'un justicier dans la ville (la scène de l'ombre), à la Delon. Et ce Delon là s'écrit avec un D comme D(C)ouilles.

    13
    Mardi 25 Août 2015 à 10:19

    Oui, tu m'avais rappelé cette scène des "noix" dans le post "Cadeaux anachroniques" ! wink2

    Parole de flic est chroniqué dans "Nanarland", c'est un gage pour moi de bon goût.

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