• Parole de flic

    L'effet Alain Delon... ne fait plus effet !

    Parole de flicAprès la mort de sa femme, il y a dix ans, Daniel Pratt (Alain Delon) a quitté la police et vit en Afrique. Il apprend que sa fille Mylène, restée à Lyon, vient d'être assassinée alors qu'elle participait à une rapine dans un entrepôt.

    Pratt, revenu en métropole, mène son enquête, et découvre l'existence d'un groupe de "vigilants" qui s'est donné pour but d'éradiquer les mauvais sujets.

    J'avais le choix de chroniquer Parole de flic de José Pinheiro de plusieurs manières :

    Par le biais de l'analyse de la société des années 80, peuplée de "d'jeuns" qui dansent sur les voitures au son d'une radio déversant une musique de sauvage, avec pour décors des tours H.L.M grises tapissées d'affiches "Touche pas à mon pote". Analyse limitée qui fige le film dans une image réductrice de la dite société.

    En relevant les multiples références au cinéma "sécuritaire" américain des années 70/80, avec en tête, bien sûr, Magnum force (pour l'idée du "commando de justiciers"), et les Cannoneries de notre ami Bronson (la silhouette de Delon se découpant en ombre chinoise sur un mur, tout comme celle du moustachu dans Un justicier dans la ville 2). Là aussi, il y a des limites, car, malheureusement, le scénariste Frédéric Fajardie n'est pas John Milius, et le discours sécuritaire se noie dans un dialogue abscons, peuplé de phrases sensées être "frappantes", mais qui sont plus des lieux-commun qu'autre chose ("À quoi ça tient la vie ?", prononcée à trois reprises !).

    Ou alors, le prendre comme une réponse française maladroite à ces fameux films sécuritaires évoqués plus haut. Effectivement cette analyse tiens la route :

    Parole de flicAinsi, notre héros, retiré des voitures dans une île au large de l'Afrique s'amuse avec les autochtones rigolards et caricaturaux dans une ambiance de "Temps béni des colonies". Lorsqu'il apprend la mort de sa fille, il s'effondre comme un animal blessé (pourquoi Delon n'a-t-il pas eu un César pour cette scène ? C'est honteux !). On le voit quitter son paradis pour s'enfoncer dans les méandres de l'enfer métropolitain, peuplé de "d'jeuns" qui dansent le soir au son de la funky music en ouvrant des bouches à incendie ; il retrouve son ancien pote Stéphane Reiner (Jacques Perrin), devenu commissaire et fait la connaissance de Sabine Clément (Fiona Gélin), inspectrice chargée de l'enquête sur la mort de sa fille.

    Pendant ce temps-là, "l'escadron de la mort" (composé de cinq types déguisés en... touaregs !) abattent des jeunes qui faisaient gueuler leur transistor, grillent de malheureux travailleurs immigrés dans un squat, puis s'en prennent à des homos en pleine partouze clandestine dans un camion. Bref, on comprend que ce sont des méchants qui n'aiment ni la musique, ni  la couleur, ni la diversité sexuelle.

    Parole de flicRevenons à notre ami Pratt (oui, tout le monde l'appelle par son nom, parce que ça "claque" mieux que "Daniel"). Donc, notre ami Pratt va mener l'enquête sur les assassins de sa fille, tout en entamant une relation avec Sabine qui est conquise en deux coups de cuillère à pot (l'effet Alain Delon ?). Leurs roucoulades dignes d'un épisode des "Feux de l'Amour" sont interrompues tragiquement lorsque la fliquette et grièvement blessée par "l'escadron de la mort" venu chez elle chercher Pratt.  Celui-ci va d'ailleurs comprendre que ces bandits sont chapeauté par quelqu'un de la police.

    Là, Pratt devient vraiment méchant, et rend coup pour coup. Il manque de se faire exploser dans sa voiture, puis est "coincé" dans le garage d'un des suspects par... les flics ! Là, ça devient vraiment drôle (si, si !) : échappant à l'arrestation d'une manière absolument grotesque, Pratt se livre avec les flics à l'une des poursuites en voitures les plus nulles qui soient de mémoire de cinéphile : au ralentis sur les quais du Rhône, se finissant par une... cascade ? (non, il doit y avoir un autre terme...). Bref, je ne "spolierais" pas en disant que le héros s'en sort.

    Parole de flicÀ ce moment de l'histoire, Pratt, ayant compris qui tire les ficelles du groupe de "touaregs vengeurs", se grime en clown pour l'atteindre (je ne vous dis pas pourquoi, d'ailleurs, je pense que cette idée scénaristique est aussi con que la cascade citée plus haut)...

    Bref, je me suis bien amusée en regardant Parole de flic. Si lors de sa sortie le film m'avait beaucoup plu, force est de constater aujourd'hui qu'il m'a fait bien rire... 

    ... Serais-je devenu imperméable à l'effet Alain Delon ?..

    Parole de flicParole de flic

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Parole de flic

     

    Vincent Lindon dans un de ses premiers rôles à l'écran !

     

     

     

     

    « Adieu, Wes CravenVal déménage ! »

  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Septembre 2015 à 07:40

    José Pinheiro n'était pas un réalisateur particulièrement fin et élégant alors rien d'étonnant à ce que Delon ait joué ici dans un mauvais film, de toute façon, à l'époque, ça lui rapportait de l'argent, à mon avis, pour lui ,c'était l'essentiel.

    2
    Daniel
    Mardi 1er Septembre 2015 à 22:38

    Mauvais film , peut etre  ( il faudra que je le revoie ) , mais comme dit précédemment énorme succès commercial et un Delon au top physiquement  et puis dans ces années la son compère Belmondo n était pas en reste dans ce genre de cinéma ( je n échangerais pas un " Parole de flic" contre deux " Guignolo" ) , faut croire que le grand public ( dont je faisais partie ) adorait cela. Sinon quelqu un a quelque chose contre les " Daniel" ? Pratt...Pratt..ridicule comme nom alors que Daniel aurait considérablement adouci la personnalité du personnage et l aurait rendu plus crédible..si...si...mais oui , j insiste ( vivement un remake qu un réalisateur comprenne  qu un détail peut rendre un film plus crédible ) surtout devant des Touaregs fougueux : " Bonjour c est Daniel le papa adoré de la petite fille que vous avez massacré et je vais la venger ...attention je tire". Ca change tout et on est ému aux larmes mais Pratt ....voyons...voyons...! Plus sérieusement quand Delon fait du Belmondo on tique forcément..

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    3
    Mercredi 2 Septembre 2015 à 21:22

    Tu n'as pas tort, Daniel, avec un tel dialogue, le film aurait été un classique ! wink2

    Parole de flic, en fin de compte, est une sorte de "Delonnerie" à la manière des "Cannoneries" de Bronson.

    4
    Vendredi 11 Septembre 2015 à 01:23

    "Parole de flic" est un concentré de delonismes ahurissants, une suite de sketchs où il se donne à fond, sans une once de nuance (Delon se bat comme un dieu en remuant des pectoraux contre un colosse abruti, des femmes noires se battent pour son corps de bon colon, il est terrassé de chagrin, il a des couilles, il a beaucoup de couilles, les femmes se déshabillent devant lui, il fait le clown pour niquer Belmondo, il fait le justicier pour niquer Bronson etc.) un concentré du star-system de ces années. J'en ai parlé avec Val, mais le lancer de savate au début du film fait entrer Delon dans le livre Guiness des records, et ça c'est fort. "Parole de flic" est tout de même bien mieux que "Ne réveillez pas un flic qui dort" (et le spectateur).

    J'ai récemment revu, quelques Delon, dont les deux qu'il a réalisés, qui sont assez bons. "Le battant" est mou du genou mais est plaisant par son côté mégalomaniaque. Par contre, "Pour la peau d'un flic", dont je sors de la vision, est très réussi et très second degré, Delon y dézingue avec bonne humeur avec le fantastique Michel Auclair, certains acteurs sont fabuleux (Ceccaldi et Darras), pour le coup il concurrence Belmondo sur son terrain.

    5
    Vendredi 11 Septembre 2015 à 09:36

    J'ai finalisé hier la chronique de Ne réveillez pas un flic qui dort, que je qualifie d'ailleurs de "Delonerie" à l'instar des "Cannoneries" de Bronson.

    Delon, super-flic partageant un loft somptueux avec un top-model, Delon qui presque à lui tout seul, parvient à démanteler un groupe para-militaire fasciste au sein de la police..  Au moins, Parole de flic est assez parodique et peut-être vu au troisième degré.

    La chronique de Ne réveillez pas... paraitra très bientôt...

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