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Pancho Villa (1968)
Brynner trop peu investi, Mitchum fatigué, mais Bronson moustachu !
L'aventurier Lee Arnold (Robert Mitchum) pose son avion dans un champ quelque part au Mexique, dans ces années 1910 où la révolution fait rage. Il vient remettre un chargement d'armes à la troupe des "Colorados" du capitaine Pancho Ramirez (Frank Wolff).
Son appareil ayant eu des avaries en chemin, Arnold fait appel au forgeron d'un village proche et, ce faisant, tombe sous le charme de Fina (Grazia Buccella).
Mais Ramirez attaque la bourgade, fait pendre quelques hommes, et viole Fina. L'américain se retrouve impuissant devant la troupe, mais soudain, Pancho Villa (Yul Brynner) et son armée interviennent...
J'ai enfin eu l'occasion de voir Pancho Villa de Buzz Kullik. J'avais lu ça et là des critiques réservées sur ce film, et notamment en ce qui concernait le choix de Brynner pour interpréter le célèbre révolutionnaire mexicain.
Il est vrai que le personnage aurait mérité un acteur plus "dingue". Brynner est constamment "à côté de la plaque" dans le rôle, et seule une scène m'a plu par son humour : en attente d'être fusillé, Villa donne sa montre-gousset à un jeune soldat, puis, lorsqu'il voit sa peine commuée en emprisonnement, il la lui reprend sans vergogne.
Robert Mitchum, quant à lui, semble souvent s'ennuyer dans son rôle habituel d'aventurier fataliste et cynique. Il se pose souvent en simple spectateur de la révolution mexicaine et son engagement final ressemble plus à un échappatoire à l'ennui qu'à une prise de conscience ou un témoignage d'amitié pour Villa.
Reste bien sûr Charles Bronson, tout bonnement épatant dans le rôle de Rodolfo Fierro, bras droit de Villa : le personnage lui-même est détestable, mais l'acteur, en quelques plans, évite la simple caricature de l'exécuteur des basses-oeuvres.
Le scénario original est signé Sam Peckinpah, qui devait au départ réaliser le film. Brynner et lui s'étant fâchés, il fut évacué du projet et le scénario fut réécrit par William Douglas Lansford. Pourtant, il reste quelque chose de l'écriture de "Bloody Sam", concentré en grande partie dans le personnage de Fierro, justement : d'abord, il est le seul à avoir le cran de tenir tête à son chef, se permettant même de le "chambrer", tout en le respectant profondément. Ensuite, ses manies sont typiques d'un personnage "Peckinphien" : il fait cuire plusieurs fois sa nourriture, et, après avoir tué de malheureux soldats, il trempe ses mains dans un abreuvoir et les observe longuement...
Même s'il n'est pas forcément utile à l'action, on a l'impression que Bronson est de toutes les scènes, et lorsqu'il se retrouve aux côtés de Brynner et Mitchum, il est le plus "vivant" des trois !
Au casting également, nous avons Herbert Lom en Général Huerta, Alexander Knox en Président Madero, Robert Viharo en Urbina, autre fidèle ami de Villa, ainsi que Bob Carricart et Fernando Rey. Les autres acteurs, et surtout les actrices, ne sont là que pour remplir l'écran.
Pancho Villa n'est pas un grand film, c'est un fait. Mais il se laisse regarder sans déplaisir (les deux heures passent sans qu'on s'en rende compte !) et surtout il donne à Bronson l'un des rôles les plus intéressants de sa période de "pré-vedettariat".
Notons pour finir que c'est la première fois que l'acteur arbore sa moustache devenue ensuite aussi célèbre que lui, et que Jill Ireland apparait à la fin du film, en exaspérante "fille-à-papa" d'El Paso.
Charles Bronson (Fierro), Yul Brynner (Pancho Villa) et leurs modèles...
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