• Les Racines du ciel

    La défense de l'éléphant.

    Les Racines du cielFort-Lamy, en Afrique équatoriale, peu de temps après la Seconde Guerre Mondiale. Français idéaliste, Morel (Trevor Howard), cherche à faire signer une pétition pour que cesse la chasse à l'éléphant. Dans cette ville coloniale, il ne récolte que les quolibets de la part des riches oisifs adeptes des safaris. Seuls une jeune barmaid, Minna (Juliette Greco) et un ancien soldat anglais, Forsythe (Errol Flynn) acceptent de signer.

    Morel va finir par trouver une nouvelle méthode de lutte : tirer au petits plombs dans les fesses des chasseurs. L'une de ses "victimes", le journaliste américain Cy Sedgewik (Orson Welles), va prendre fait et cause pour notre idéaliste.

    Bientôt, Morel va rassembler autour de lui un petit groupe d'humanistes mais aussi Waitari (Edric Connor), un activiste qui cherche de la publicité pour mener une révolution contre la colonisation... Dans le même temps, les autorités cherchent à arrêter ses actions, et Orsini (Herbert Lom), le trafiquant d'ivoire, voit d'un très mauvais oeil cet empêcheur de tuer en rond...

    Les Racines du ciel (1958) est l'adaptation du livre du même nom de Romain Gary (qui a d'ailleurs contribué au scénario). Le fait que ce soit  John Huston, grand chasseur devant l'Éternel, qui en assure la réalisation, est salement ironique.

    Trevor Howard est "enterré" par l'exentricité du jeu de Flynn, campant ce sympathique poivrot avec élégance (ce n'est assurément pas un rôle de composition !). Friedrich von Ledebur interprète avec beaucoup de profondeur un naturaliste qui adhère au combat d'Howard, Herbert Lom est une crapule bien campée, André Luguet joue le gouverneur de la région, partagé entre son devoir et l'admiration pour le combat de ce "Don Quichotte" de la brousse. Juliette Gréco, malgré sa beauté indéniable, est en-deçà d'un rôle pourtant très beau par son lourd passé. Le personnage d'Edric Connor semble avoir été sacrifié au montage, malheureusement.

    Les Racines du cielReste Orson Welles, qui "assure le spectacle" en n'apparaissant que trois fois à l'écran ! Touché dans son "amour propre" par l'action de Morel, son personnage vocifère, bougonne, exprime son empathie pour son bourreau et... traine avec lui son petit coussin gonflable, nécessaire à sa guérison ! Rien que ce détail est délicieux.

    Ce film dure un peu plus de deux heures, mais, à mon avis, vu la densité de l'histoire et des personnages, il aurait pu être un peu plus long sans devenir ennuyeux.

    J'ai particulièrement aimé les "punitions" des odieux chasseurs : le plomb dans le cul et la fessée administrée à la "Mrs Nemrod" du coin. Le passé de deux personnages, Minna, ancienne pensionnaire d'un "bordel de campagne" allemand, et Forsyth, qui noie dans l'alcool un douloureux secret, donne au film son poids humain.

    Les Racines du ciel est un bon fim d'Huston, pas un de ses meilleurs à mon avis, mais suffisamment fort pour faire réfléchir... Ne me reste plus qu'à me procurer le livre et le lire.

     

     

     

    Les Racines du ciel

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 14:21

    Un film à connaitre qui rend d'autant plus savoureux et pertinent le beau film d'Eastwood, " Chasseur blanc, cœur noir ".

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    2
    Vendredi 22 Janvier 2016 à 12:50

    Grand amateur d'Erroll Flynn, j'ai le blu-ray de ce film depuis un moment, mais ne l'ai pas encore revu. Je vais y remédier sous peu !

    3
    Dimanche 24 Janvier 2016 à 02:16

    Eh bien, je ne l'avais jamais vu. Le film est fort, avec ces marginaux désabusés du monde, comme en autant d'allégories à peine cachées (le Christ et ses apôtres, Marie Madeleine, sans compter un qui boit comme un trou). On sent l'adaptation car certains personnages et évènements sont cryptiques, ce qui rajoute de la chair (le personnage du nationaliste noir est bien campé et perclus d'ambiguïté). Flynn - qui pour moi est d'une certaine manière ce que Raquel Welch est à Daniel, le tout sans sous-entendus - est absolument bouleversant d'humanité blessée, le premier plan où  il apparaît est superbe, tout le personnage, son apparent détachement, ses fantômes et sa "rédemption" y transparaissent. La plupart du temps, Greco est formidable. Welles en quelques scènes cabotine comme jamais. Mention spéciale à Trevor Howard, étonnant de densité. Le message est surprenant vu l'époque et m'a donné envie de lire le livre de Gary.

    4
    Dimanche 24 Janvier 2016 à 09:52

    Tiens, c'est vrai, le rapprochement avec le Christ ne m'est pas venu à l'esprit, mais tu as raison à ce sujet.

    Pour l'activiste noir, je l'ai trouvé un peu "sacrifié", comme je l'ai dit dans mon post : on le voit partir en milieu de film puis revenir du côté du trafiquant d'ivoire. Le livre doit très certainement bien mieux développer le personnage.

    Et tout comme toi, voir ce film m'a donné envie de lire le livre.

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