Un combat perdu d'avance ?

Dans le quartier de "Hell's Kitchen", deux gamins, Jerry Connelly et William "Rocky" Sullivan, grandissent en faisant les quatre cent coups. jusqu'au jour où Rocky est arrêté et envoyé en maison de correction.

Bien des années plus tard, Rocky (James Cagney) est un "caïd". Après trois ans de prison, il revient dans son quartier où son ami Jerry (Pat O'Brien), devenu prêtre, cherche à sortir des gamins de la mauvaise influence de la rue.

James Frazier (Humphrey Bogart), l'avocat de Rocky, a fait fructifier l'argent que lui a confié son client dans une boîte de nuit dont il partage les bénéfices avec le mafieux Keefer (George Bancroft). Les deux hommes voient d'un mauvais oeil le retour de l'ancien détenu, qui de son côté va se lier d'amitié avec une bande de petits voyous.

Les Anges aux figures sales de Michael Curtiz à beau être sorti en 1938, son propos est toujours d'actualité : l'admiration que peuvent ressentir les jeunes pour ceux qui bravent la loi. Servi par des comédiens exceptionnels, il n'a pas pris une ride.

Cagney, voyou sympathique, est une sorte de "Robin des bois" pour ces gosses qui voient leurs parents trimer pour des clopinettes ; l'opposition avec O'Brien, qui campe un curé énergique et plein de bonne volonté, est flagrante. La jolie Ann Sheridan qui interprète une assistante sociale qui se laisse séduire par notre caïd et Bogart en avocat marron sont aussi des figures marquantes du genre.

Comme dans L'Enfer est à lui, la dernière scène de Cagney est fantastique : le dernier face à face des deux amis d'enfance est poignant et sublime.

Les Anges aux figures sales est un des chefs-d'oeuvre du film noir.