• Le siège de Fort Alamo

    "Remember Alamo"

    Le siège de Fort AlamoEvénement majeur de la constitution d'une république du Texas indépendante du Mexique, ce siège durera de février à mars 1836 et deviendra un symbole fort pour les américains.

    Le contexte :

    Déjà à l'époque où le Mexique appartenait à la couronne éspagnole, les Etats-Unis cherchaient à annexer le Texas par le biais du peuplement par des colons américains. Un traité modifiant les limites de la "Nouvelle Espagne" fût alors signé entre les gouvernements des deux pays le 22 février 1819.

    L'indépendance du Mexique est proclamée en 1821 ; après avoir été brièvement un empire, le pays devient une république en 1824. En 1830, le colonel américain Butler est envoyé en délégation à Mexico par le président des Etats-Unis, Andrew Jackson, afin de convaincre la nouvelle république de leur céder le Texas, déjà peuplé à près de 70% par des colons américains. Devant le refus du ministre des affaires étrangères, Lucas Alamàn, Butler déclare que son pays enverra plus de colons sur les terres texanes.

    Afin de décourager cette idée, le Mexique décrète alors que tout esclave venu avec son maître des Etats-Unis sera automatiquement affranchi. Mais les colons texans ont pour la plupart toujours ouvertement ignoré les lois de leur pays d'accueil, manifestant peu de respect pour les us et coutûmes mexicaines et s'obstinant à refuser de parler le castillan, langue nationale du Mexique.

    Le pays étant à l'époque faiblement militarisé, le gouvernement mexicain avait jusqu'ici autorisé ces colons à s'armer afin de combattre les tribus Indiennes hostiles. Mais devant la menace que commençait à constituer l'arrivée massive de citoyens américains, les mesures concerant la détention d'arme furent abrogées, faisant monter d'un cran de plus l'irritabilité des texans.

    Le 23 octobre 1835, alors que le président du Mexique est Le siège de Fort AlamoMiguel Barragan, une constitution centraliste, dirigée par le général Santa Anna, fait des Etats fédérés de simples départements dirigés par Mexico. Les états du Zacatecas et de la partie texane du Coahuila se déclarent alors indépendants, tandis que des troubles agitent le Nord est et le sud du pays, troubles qui dureront encore quelques années.

    Le général Santa Anna est alors chargé de rétablir l'ordre, à la tête d'une armée de 7 000 hommes mal équipés, inexpérimentés pour la plupart, auxquels le gouvernement ne peut même pas offrir un solde descent. Face à cette armée mexicaine bénéficiant des uniformes et de l'armement de l'armée Napoléonienne, le général américain Sam Houston, le plus acharné à faire du Texas un état indépendant. Il ordonne au lieutentant William B. Travis de rejoindre le Fort Alamo, près du village de San Antonio, au nord du Texas. Houston demande également à Jim Bowie, aventurier américain, accompagné d'une centaines d'hommes, de prêter main forte aux insurgés du Fort.

    Les événements :

    Cette petite armée est renforcée par quelques hommes nés au Texas, ainsi que par quatre écossais, douze anglais, quelques irlandais et allemands et même un danois. Contrairement à la légende, aucun français ne figure parmi les défenseurs d'Alamo. Cette troupe hétéroclite sera rejointe par Davy Crockett, qui vient de perdre son siège de représentant du Tennessee au Congrès, suivi de 65 hommes, venu là car on leur a promis des terres au Texas s'ils participaient à la bataille.

    L'armée mexicaine, menée par Santa Anna, arrive plus tôt que prévu, et les insurgés se retranchent alors à la hâte à Fort Alamo. Le général mexicain demande alors leur rédition, ce à quoi Travis fait répondre par un coup de canon.

    Santa Anna fait alors hisser sur le clocher du village le drapeau rouge, et demande à ce que soit joué jour et nuit le "deguello", musique déstinée à démoraliser les troupes ennemies. Le message est clair : il n'y aura pas de merci pour les insurgés.

    Travis envoie des demandes de renforts ; le siège commence, marqué par des tirs d'artillerie qui ne fera aucune victime et par un assaut manqué de deux heures. Les renforts arrivent en nombre, mais du côté mexicain, alors que les prisonniers de Fort Alamo ne voient arriver à la rescousse qu'une trentaine d'hommes, portant ainsi à 187 le nombre total d'assiègés.

    Assaut final :

    Le 6 mars 1836, vers cinq heures du matin, une partie de l'infanterie mexicaine, divisée en 4, lance l'attaque. Travis est tué dès le début alors qu'il se trouve au sommet d'un mur pour tirer sur les assaillants. Bowie, qui est tombé gravement malade, est tué  dans son lit. En ce qui concerne Davy Crockett, les conditions de sa mort furent sujettes à cautions : si certains prétendent que son corps fût retrouvé entouré de cadavres de soldats mexicains, d'autres ont dit qu'il se rendit avec quelques hommes et que tous furent passés par les armes sous les ordres de Santa Anna lui-même.

    Les corps de 186 des defenseurs de Fort Alamo furent incinérés pour éviter les épidémies. Seul le dénomé Gregorio Esperaza, un mexicain, sera enterré : son propre frère faisait partie de l'armée de Santa Anna ; du côté des assaillants, plusieurs centaines d'entre eux perdront la vie.

    L'après Alamo :

    ALe siège de Fort Alamoprès la chute du Fort, l'armé mexicaine se livra à des pillages et des exactions qui contribuèrent à l'exaspèration des colons américains ; ceux-ci, galvanisés par le martyr de leurs compatriotes, s'engagèrent en masse au cri de "Remember Alamo" dans l'armée du texas. Menée par Sam Houston, elle vainquit Santa Anna lors de la bataille de San Jacinto qui eu lieu quelques semaines seulement après la mort des 187 insurgés.

    Fait prisonnier, le général mexicain ne dût la vie sauve qu'à la condition qu'il demande à ses troupes de quitter le Texas. Le gouvernement mexicain ne tenta pas de récupérer cette région, dont l'indépendance sera reconnue par les Etats-Unis en 1837, la France en 1839 et le Royaume-Unis en 1840.

    A noter : Davy Crockett, William B. Travis et le général Santa Anna étaient tous les trois des Francs-maçons....

    Le siège du Fort Alamo est certainement le premier événement à avoir cristalisé l'esprit de revanche américain, bien avant Pearl Harbour ou le 11-Septembre. La légende attachée à la mort de trois héros de l'Amérique (Crockett, Bowie, Travis) a engendré nombre de films dont le premier date de 1911 et fût réalisé par George Meliès lui-même !

    Bien entendu, le plus célèbre des films glorifiant le martyr des 187 d'Alamo est celui réalisé et interprèté par John Wayne, avec Richard Widmark dans le rôle de Bowie et L. Harvey dans celui de Travis. Mais il y eu d'autres oeuvres cinématographiques reprenant ce thème si cher aux américains :

    - The Imortal Alamo (1911)Le siège de Fort Alamo

    - Davy Crockett à la chute d'Alamo (1926)

    - Les Héros de l'Alamo (1937)

    - L'Homme de l'Alamo (1953)

    - Quand le clairon sonnera (1955)

    - Alamo (1960) le fameux film de Wayne

    - Alamo (1966)

    - Alamo (2004), qui est un remake du film de Wayne.

    En BD, le siège d'Alamo fût adapté sur un scénario de Dobbs et des dessins de Fabio Pezzi et Darko Perovic :

    - Alamo, tome 1 "En première ligne" édité en 2012, cette série s'attache au destin du "deserteur" d'Alamo, un certain Louis Rose.

    « Adieu à Conrad BainDjango »

  • Commentaires

    1
    Burt
    Samedi 19 Janvier 2013 à 00:47

    Val, mes compliments pour ce post très intéressant. Il permet de bien resituer les évènements d'un cadre un peu complexe. Si c'est possible, deux petites corrections de dates à apporter: (Assaut final)- le 6 mars 1936- et dans la liste des films "Quand le clairon sonnera"-1955.

    2
    Samedi 19 Janvier 2013 à 09:51

    Merci, Burt !

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