• Le Passager de la pluie (1969)

    "Il fallait que le puits fût très profond..." Lewis Carroll

    Le Passager de la pluieCap-les-Pins, sur la Côte d'Azur. Nous sommes en automne, la ville semble morte. Mélancolie Mau, dite "Mellie" (Marlène Jobert), mariée à Tony ( Gabriele Tinti ), navigateur pour une compagnie d'aviation  souvent absent, est agressée et violée un soir par un inconnu qu'elle abat, et se débarrasse du corps. Le lendemain, un mystérieux Américain (Charles Bronson), l'aborde et lui demande "Pourquoi l'avez-vous tué ?".

    Le Passager de la pluie est un polar psychologique de René Clément, un des "maîtres" du cinéma français. Le scénario est signé Sébastien Japrisot, l'un des meilleurs romanciers qui soient, spécialisé dans les méandres psychologiques et les références à Lewis Carroll.

    Car nous sommes bien là dans une version "adulte" d'Alice au pays des Merveilles (qui n'est pas si enfantin que cela, d'ailleurs !) : Mellie, femme-enfant traumatisée par un drame familial dont elle s'estime la cause, est une "Alice" touchante ; l'horrible violeur (Marc Mazza), est un des plus terrifiant "lapin blanc" qui soit. Le Colonel Harry Dobbs est un "Chat du Cheshire" qui tire les ficelles et mene la pauvre héroïne dans le labyrinthe de ses propres peurs. Que dire de Monsieur Armand (Jean Piat), qui lance la phrase-fétiche de la "Reine" dans le roman de Carroll, "Qu'on lui coupe la tête !"

    Une mention spéciale à Annie Cordy, qui joue Juliette Mau, la mère de Mellie. Une femme froide, à l'humour sarcastique. Mais la fin du film dévoile la tendresse qu'elle éprouve pour sa fille. Un personnage beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Jill Ireland, qui joue Nicole, est elle-aussi meilleure que d'habitude, sans doute parce que son rôle est plutôt effacé.

    Polar psychologique, oui, et qui m'a fait découvrir Japrisot, son humour, sa façon bien à lui de raconter les histoires, ses personnages féminins qui cachent leurs forces derrière une apparente fragilité (L'Eté Meurtrier est un autre de ses chefs-d'oeuvres).

    Vous allez dire que je cherche la petite bête, mais à force de lire le roman et de voir le film, j'ai repéré une petite étrangeté : "Mau" est le patronyme de Méllie, qui est une femme mariée ; pourtant, sa mère s'appelle Juliette Mau...Mellie aurait-elle gardé son nom de jeune fille ? Etonnant, vu qu'elle est mariée à un Italien plutôt "macho"...Le Passager de la pluie

    Le Passager de la pluie, un petit chef-d'oeuvre de polar.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 30 Juillet 2012 à 15:26

    Une très belle oeuvre qui eut du succès dès sa sortie en France.. Pour ceux qui n'ont vu de Bronson que ses westerns, à découvrir d'urgence pour apprécier ses qualités profondes.

    2
    FJWalk
    Mardi 31 Juillet 2012 à 19:56

    Je vais pinailler, Val... Mais ce portrait de Charley est tiré de... "ADIEU L'AMI" !

    3
    Mardi 31 Juillet 2012 à 20:40

    Ha ? En tout cas, tu as l'esprit d'à-propos (cf mon article sur la nouvelle rubrique) ! 

    Je vais remédier tout de suite et trouver une autre photo !

    4
    lemmy Profil de lemmy
    Mardi 31 Juillet 2012 à 21:52

    Je le reverrai bientôt, ça fait une éternité !

    5
    Burt
    Mardi 31 Juillet 2012 à 23:55

    C'est vraiment un bon film que j'ai vu il y a pas mal de temps.


    Mais comment "Love-Love"(Mellie), avec son petit gabarit, arrive-t-elle à se débarrasser du cadavre de son agresseur? 


    Encore une question pour la nouvelle rubrique "je pinaille" de Val?

    6
    FJWalk
    Mercredi 1er Août 2012 à 09:00

    L'adrénaline, Burt, l'adrénaline...

    7
    Mercredi 1er Août 2012 à 09:51

    Burt, je pense comme Fred, en apportant une donnée suplémentaire : Mellie venant de subir un viol, encore sous le coup de son traumatisme, a très bien pû agir tout à fait inconsciement, je veux dire "mécaniquement". Et puis, comme toutes les héroïnes de Japrisot, elle est beaucoup plus forte qu'elle ne le paraît.

    8
    lemmy Profil de lemmy
    Mercredi 1er Août 2012 à 10:37

    Mais non, elle l'a découpé.

    9
    Burt
    Mercredi 1er Août 2012 à 22:18

    Bon sang...Mais c'est bien sûr! Merci les amis pour ces éclaircissements, et j'espère bien revoir ce film prochainement.

    10
    DANIEL.
    Lundi 29 Octobre 2012 à 22:28

    Pour la petite histoire Bronson,au début des années 90,avait l idée de faire un remake de ce film en reprenant le meme role mais aucun producteur contacté n a été convaincu par le projet.

    11
    Mercredi 17 Mai 2017 à 00:53

    Cinq ans après avoir écrit que je devais revoir ce film, je l'ai enfin revu. Les interprétations sont superbes. Bronson est dans une gestuelle visiblement très travaillée, très appuyée et maniérée de A à Z, fascinant ; chez d'autres ça n'aurait pas passé, mais là, quel animal fascinant, toujours sur le fil du rasoir. Est-ce sa plus grande interprétation ? Jobert est tout autant extraordinaire. Le film est plus éprouvant que dans mes souvenirs (la scène Jobert/ Marc Mazza). Cordy a un beau rôle. Et joie de voir le superbe Jean Piat dans une petite apparition. J'aimerais bien voir la version anglaise.

      • Mercredi 17 Mai 2017 à 09:38

        À chaque fois que je regarde Le Passager de la pluie, j'y retrouve une ambiance particulière, surtout depuis que j'ai lu le livre de Japrisot. Les personnages, déjà très attachants dans le roman, sont excellents dans le film, par la grâce des acteurs inspirés.

        Les références à "Alice au pays des merveilles" sont à la fois subtiles et adultes, et Bronson en "Chat de Sheshire" qui tire les ficelles de la "marionnette" Marlène Jobert donne l'une de ses meilleures interprétations.

        Je suis sûre que je pourrais écrire une chronique différente à chaque visionnage, tant ce film est riche en "ressentis".

        Tiens, tu me donne envie de le revoir, Lemmy...

    12
    Jeudi 18 Mai 2017 à 14:58

    La première apparition de Bronson en matou souriant avec excès est assez appuyée. Selon le moment, on peut trouver que Bronson en fait trop dans le 'geste' de sa gestuelle et que Jobert minaude plein pot. Mais ça marche ! C'est la première fois que je sens le côté 'Alice aux pays des merveilles" d'horreur.

      • Jeudi 18 Mai 2017 à 16:03

        Je n'ai découvert le côté "Alice au pays des merveilles" qu'après avoir lu le bouquin de Japrisot - qui s'ouvre sur une citation du livre de Lewis Caroll.

        Il semble d'ailleurs que Japrisot aime à truffer ses oeuvres de références à "Alice" : sauf erreur de ma part, il y a d'autres citations dans "L'été meurtrier" et dans "La course du lièvre à travers les champs".

        Pour revenir au jeu des acteurs du film de Clément, on a l'impression que le personnage joué par Jobert lui servira à plusieurs reprises dans sa carrière, je pense par exemple à Folle à tuer.

        Bronson, lui, détonne complètement. On ne sait s'il s'amuse à terroriser Jobert pour obtenir ses aveux ou s'il est vraiment capable du pire pour avoir ce qu'il désire.C'est après la descente chez le proxénète Jean Piat qu'on ressent qu'il a eu vraiment peur de l'avoir mis en danger.

        Mention spéciale à Annie Cordy, dont j'adore le personnage de mère faussement froide : la scène où elle parle tendrement à sa fille (alors que celle-ci dort et ne peux pas l'entendre) est très belle à mes yeux.

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