Une "Madame Bovary" du 20ème siècle ?

François Donge (Jean Gabin) vient d'être empoisonné par sa femme, Élisabeth, surnommée "Bébé" (Danielle Darrieux). Alors qu'il agonise sur son lit d'hôpital, il se remémore leur rencontre et les dix années de mariage durant lesquelles "Bébé", amoureuse de son mari, est d'abord blessée par ses infidélités et son égoïsme, avant de devenir à son tour cynique et froide.

La Vérité sur Bébé Donge d'Henri Decoin est l'adaptation d'un roman de Georges Simenon. C'est un film noir décrivant le milieu bourgeois de province, où le paraitre est important : l'entourage du couple Monge va ainsi s'évertuer à tenter de cacher les véritables raisons de l'hospitalisation de François.

Dans le même genre d'idée, on comprend très vite que les élans romanesques de "Bébé" se fracassent littéralement sur l'égoïsme de son époux, homme volage et imbu de sa personne. Si François a d'abord été attiré par la jeunesse et la fraîcheur d'esprit de la jeune femme, très vite l'habitude conjugale s'est installée dans le couple, du moins de son point de vue.

Jean Gabin en monstre d'égocentrisme et de froideur et Danielle Darrieux en femme-enfant qui finit par se durcir jusqu'à commettre l'irréparable sont épatants. Autour d'eux, Gabrielle Dorziat en vieille marieuse, Jacques Castelot en médecin opportuniste, Daniel Lecourtoit qui joue le frère de 'François' et Claude Génia dans le rôle de la sœur de "Bébé".

La Vérité sur Bébé Donge est une réussite, qui fait penser à plusieurs reprises à "Madame Bovary" par la personnalité de son héroïne, et aux œuvres de Claude Chabrol par son ton cynique et amer.