Broderick Crawford vs Charles Bickford.

Un petit groupe de cavaliers exténués rejoint la ville de Roswell au Nouveau Mexique. Il s'agit d'un "posse" qui s'était constitué quelques jours auparavant dans la bourgade pour rechercher Will, George et Art Romer qui venaient de voler 105 000 $ à Sampson Drune (Charles Bickford), riche propriétaire terrien.

Très vite, les habitants de Roswell se rendent compte que le shérif Frasier (Broderick Crawford) est blessé grièvement, et que Drune, qui faisait partie du posse, manque à l'appel. Ils apprennent par ailleurs que les trois voleurs ont été tués, mais que l'argent a disparu...

La Dernière chevauchée d'Alfred L. Werker est une excellente "série B". Construit sous la forme d'un long "flash-back", agrémenté d'un surprenant retournement de situation, le film s'appuie principalement sur deux figures puissantes, Broderick Crawford et Charles Bickford.

Le premier interprète le shérif de la ville, un homme qui eut un glorieux passé mais s'est depuis noyé dans l'alcool pour oublier un douloureux secret lié à l'intrigue, le second est un "Cattle-Barron" arrogant et égoïste, qui ne cesse de rabaisser ses semblables ; seul son fils adoptif incarné par John Derek trouve grâce à ces yeux.

Il faut voir Crawford, silhouette branlante et visage couvert de sueur, demander aux participants du "posse" de prêter serment : un grand moment de cinéma. Bickford, lui, est tout aussi parfait dans son rôle de crapule au passé sombre. Face à eux, John Derek, sensé être le "jeune premier", n'est qu'un bellâtre sans grande envergure. Que dire de Wanda Hendrix, transparente petite amie de Derek, qui n'apparait que deux ou trois fois, prononce deux phrases et sourit d'un air niais devant le jeune homme

La Dernière chevauchée est un western de "série B" qui aurait pu être un chef d'oeuvre du genre. Dans le bonus du DVD, Bertrand Tavernier raconte que la Columbia ne croyait pas trop à ce film, malgré un scénario de Kenneth Gamet (Dix hommes à abattre, Les Massacreurs du Kansas). C'est dommage, car la confrontation Crawford-Bickford vaut le coup d'oeil.