• La Chevauchée fantastique (1939)

    Un microcosme "enfermé" dans les grands espaces...

    La Chevauchée fantastique

    Alors que les Apaches de Geronimo sont sur le sentier de la guerre, une diligence s'apprête à faire le trajet entre Tonto et Lordsburg en Arizona.

    À son bord, un banquier, un shérif, un représentant en whisky, un gambler, la femme enceinte d'un colonel de cavalerie, mais aussi un médecin alcoolique et une prostituée, tout deux chassés de la ville. En chemin, le shérif arrête Ringo Kid (John Wayne), un homme accusé de meurtre qui s'est enfuit de prison pour se venger de ceux qui ont tué sa famille.

    Le voyage va dévoiler le visage de ces représentants de la société américaine du 19ème Siècle, entre veulerie, égoïsme et mépris pour les laissés-pour-compte. Il n'est pas si étonnant que les personnages positifs soient une prostituée et un hors-la-loi.

    La Chevauchée fantastiqueOn a dit que La Chevauchée fantastique est une transposition "westernienne" de la nouvelle de Flaubert "Boule de suif", on a dit que c'est le premier film tourné par John Ford en extérieur dans la Monument Valley, on a dit que John Wayne est entré dans le panthéon des héros de western grâce à ce chef-d'oeuvre...

    Voilà ce que j'en dis, moi : c'est, tout genre confondu, un des plus grands films jamais réalisés. Chaque personnage ressemble à un stéréotype, mais l'aventure dévoile le meilleur et le pire de chacun sans aucun message moralisateur : ainsi John Carradine dans le rôle du joueur 'Hatfield', montré comme un opportuniste dédaigneux. En une scène, lorsqu'il recouvre de son manteau le corps d'une femme tuée par les Indiens, son personnage prend une autre dimension, et sa mort nous attriste énormément.

    Quant à l'apparition de John Wayne, alias 'Ringo Kid', celui dont on parle dès le début du film et qui a cette aura "sulfureuse" de tueur, elle est devenue mythique.

    La Chevauchée fantastiqueLa Chevauchée fantastique

     

    John Ford adorait les alcooliques jovials et humoristiques. Dans La Chevauchée, le rôle est tenu par Thomas Mitchell qui forme avec Donald Meek un "duo" qui évacue la sensation d'étouffement qui nous prend souvent devant les enfermements divers du film.

    Car, paradoxalement, cette histoire présente peu de scènes de "grands espaces" malgré le décors : les héros passent une grande partie de l'action dans la diligence ou dans des relais, métaphores de leurs conditionnements : la très belle séquence où, s'attablant dans une auberge, ils se placent loin de 'Dallas' (Claire Trevor) et 'Ringo', en dit plus sur leur "enfermement" que tout les discours.

    Ford, à l'opposée de certains metteurs en scènes chichiteux et sans imagination d'aujourd'hui, n'avait nullement besoin de longues scènes pour expliquer les agissements des protagonistes. Il allait au coeur du problème en une réplique, un regard ou un geste. Et ses personnages sont tous attachants, contradictoires et... humains avant tout.

    La Chevauchée fantastique est peut-être bien le premier "western psychologique" de l'Histoire du cinéma. Et je dirais même le plus réussit.

     

    La Chevauchée fantastique

     

    La Chevauchée fantastique

     

     

    P.S. : Le dvd que j'ai visionné ne présentait que la version française, et j'ai eu la surprise lors de mes recherches sur Wikipédia d'apprendre que l'un des doubleurs était Gérard Oury  - dans le "rôle" d'un jeune officier de la cavalerie...

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  • Commentaires

    1
    DANIEL
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 21:14

    Oury comme Louis de Funès faisaient du doublage dans leurs jeunes années..Ce lot de personnages dans la diligence a sans doute été repris par Martin Ritt dans " Hombre" et la aussi les personnages ne ressemblent pas a leur apparence sauf peut etre Richard Boone mais en meme temps c est Richard Boone...smile 

    2
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 10:14

    J'ai oublié de parler de l'album de Lucky Luke "La Dilligence", qui semble être un hommage au film... Il faudrait que je me l'achète un jour.

    Je ne connais pas Hombre, mais ce que tu en dis m'interpelle...

    3
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 14:24

    Le jour où tu as publié ton article, je me suis offert "Diligence vers l'ouest" ("Stagecoach" en anglais) de Gordon Douglas qui comme son titre original l'indique est un remake de "La chevauchée fantastique". J'ai cru lire que ce film était évidemment très décrié.

    L'original est un chef d'oeuvre. Beaucoup de scènes remontent (outre l'arrivée de Wayne), notamment la scène du "repas", incroyablement filmée, écrite et jouée par tous les personnages. Tu notes parfaitement la performance impeccable de John Carradine, qui donne une grande profondeur à son personnage sans aller dans l'excès. Le tournage fut particulièrement dur pour Wayne que Ford maltraitait verbalement.

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