• La Charge héroïque

    Elle portait un ruban jaune.

    La Charge héroïque1876. La bataille de Little Big Horn vient d'avoir lieu, les Indiens commencent à se rassembler sur la Frontière, causant l'inquiétude des colons blancs, de l'armée et de Washington.

    Dans un fort isolé, le capitaine de cavalerie Nathan Brittle (John Wayne) est à une semaine de la retraite. Son supérieur, le major Alishard (George O'Brien) lui confie une dernière mission : escorter sa femme et sa nièce jusqu'à la ville la plus proche, afin qu'elles prennent la diligence pour l'Est et se mettent à l'abri.

    La Charge héroïque (1949) est le deuxième film de la "trilogie" que John Ford consacra à la cavalerie et mettant en vedette le Duke. Celui-ci compose un très beau personnage de vieux militaire blanchi sous le harnais, d'une grande tendresse et d'une grande humanité derrière son leitmotiv "Ne vous excusez pas, c'est un signe de faiblesse" (*).

    Il faut le voir taquiner son aide de camp Quincannon (Victor MacLaglen) ou poser un regard tendre et nostalgique sur les jeunes soldats Cahill (John Agar) et Pernell (Harry Carrey Jr), tout deux épris de la capricieuse Olivia (Joanne Dru).

    Trois scènes peuvent résumer à la fois le personnage, le film, et la vision du réalisateur sur son acteur-fétiche : lorsque 'Brittle' se recueille sur la tombe de sa femme, quand ses soldats lui offrent la montre et qu'il chausse ses lunettes pour lire l'inscription gravée dessus (un geste qui aurait été improvisé par Wayne lui-même), et lorsqu'il se rend au camp indien pour discuter avec son vieil ami le chef Pony That Walk (Chef John Big Tree).

    Le titre original, She Wore a Yellow Ribbon ("Elle portait un ruban jaune") fait référence à la fois à une chanson que l'on entend dans le film et à une tradition de la cavalerie américaine : les jeunes filles portaient ce ruban lorsqu'elles avaient un galant. Contrairement à ce que laisse entendre le titre français, il indique bien le véritable propos du film : alors que le héros s'apprête à partir pour laisser sa place aux plus jeunes, les traditions sont toujours respectées, 'Olivia' arborant durant tout le film son colifichet jaune dans les cheveux.

    Et oui, encore une fois le titre français, La Charge héroïque, est hors de propos : ladite charge a lieu tout à la fin du film, et son but est bien d'empêcher une effusion de sang. D'ailleurs, le seul massacre auquel on assiste est celui des trafiquants d'armes, tués par les Indiens à qui il étaient venu vendre des fusils. Une façon pour Ford de montrer qui sont les véritables "ennemis".

    Comme tout chef-d'oeuvre, il y a tant à dire sur ce film que sans nul doute j'y reviendrai dans d'autres posts. Je terminerai en disant que La Charge héroïque est un magnifique western et l'une des plus belles oeuvres de son réalisateur.

    La Charge héroïque

     

     

     

     

    (*) Cette phrase a été reprise quasiment mot pour mot par le personnage de 'Gibbs' (Mark Harmon) dans la série NCIS. Hommage ?

    « Le retour de ValcogneJean-Paul Le Chanois (1909-1985) »

  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Juin 2016 à 09:09

    Un film fondateur du western qui marque une étape dans le genre, irréversible. On peut dire sans trop s'avancer qu'un autre palier fut donné par Sergio Leone. Attendons le prochain nouveau point de vue avec gourmandise...smile

    2
    Mercredi 8 Juin 2016 à 22:34

    Film magnifique, frôlant la perfection. Une des plus grandes interprétations de Wayne, sa plus émouvante, sans que l'émotion ne soit pleurnicherie. J'aime la scène finale, où au lieu de rejoindre la 'fête", il part au cimetière, où son personnage appartient à jamais. Et bel article, ma foi.

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