• L'Indien - deuxième partie -

    Une victime, un assassin ?

    L'Indien - deuxième partie -Je vais aborder ici les différentes représentations de l'Indien au cinéma, depuis la curiosité jusqu'à la représentation de la réalité, en passant par le racisme primaire.

    De 1894 à 1902, les premiers films figurant d'authentiques indiens étaient des documentaires, généralement des représentations du fameux Buffalo Bill's Wild West Show ; l'image du Native n'était pas alors systématiquement négative : il s'agissait là  de simple curiosité, un début peut-être de démarche antropologique.

    Le célèbre D.W.Griffith donna à la même époque dans ses films deux images antagonistes de l'Indien : soit le "bon sauvage" dans la tradition rousseauiste, soit une menace à la civilisation américaine. Il faut remarquer que déjà à l'époque dans les films de fiction, les Indiens étaient joués par des acteurs blancs grimés, les studios pratiquant une sevère discrimination raciale.

    Ce racisme sera présent dans la représentation de toute "ethnies", et perdurera longtemps : ainsi, dans Le Grand passage de King Vidor en 1940, l'Indien est décrit comme une créature sanginaire, et le film contient une scène de massacre de Natives conçue pour succiter l'adhésion du spectateur.

    Dans le film Les Conquérants du Nouveau Monde de Cecil B. DeMille, Boris Karloff, le plus célèbre "monstre" du cinéma, interprète un chef, participant ainsi à l'image négative des Indiens.

    A la même période, néanmoins, William A. Wellman, en 1947, dénonce les éxactions commises contre les Indiens dans Buffalo Bill. La même année, Le Massacre de Fort Appache de John Ford présente une vision très humaniste des Indiens doublée d'une interrogation sur les guerres Indiennes selon le point de vue des Blancs.

    C'est vraiment dans les années 50 que le statut de l'Indien commence à changer : La Flèche Brisée, de Delmer Daves, raconte un passage de la difficile relation entre les deux peuples : la signature du traité de paix entre Washington et le chef Cochise. Si ce western est humaniste et libéral, on peut néanmoins objecter que les "bons indiens" sont interprètés par des Blancs, les "mauvais" par des Natives.L'Indien - deuxième partie -

    Dans le même genre, Bronco Apache, de Robert Aldrich, est une représentation saisisante de l'Indien rebelle, commençant plutôt bien, mais se terminant par une image digne des films antérieurs : l'Indien, dompté par la maternité de sa femme, devient un gentil agriculteur... 

    Deux autres westerns pro-indiens de la même époque, La Porte du diable d'Anthony Mann (1950) et La Dernière chasse de Richard Brooks (1956) ont un discours plus réaliste que le film de Daves, sans avoir obtenus le même succès : l'Amérique n'était pas encore prête à accepter ses erreurs passées envers les Natives.

    C'est dans lesL'Indien - deuxième partie - années 60 et 70 que l'image de l'Indien prends une autre dimention : le "Flower Power" est passé par là, et les Natives sont souvent représentés comme un peuple pacifique en bute aux Blancs, comme dans Little Big Man, qui tire à boulets rouges contre les figures de l'Ouest, mais égratigne également les indiens.

    Des films mettent en vedette les Indiens : Willie Boy (Abraham Polonski), Les Collines de la terreur (Michael Winner), souvent dans des rôles de vengeurs, comme si enfin on leurs accordait ce droit, autrefois résérvés au Blancs. A remarquer encore une fois que ce sont des acteurs américains qui jouent les Natives : Winner voulait que le rôle de "Pardon Chato" soit interpreté par un veritable Apache.

    Les choses en restèrent là jusqu'aux années 90, et Danse avec les loups marque le début d'une veritable réhabilitation du peuple indien : emploi de la langue Lakota, impliquant les sous-titres, réalisme et lyrisme des scènes...Le film n'échappe pas au manichéisme : ainsi, les Lakota sont de "bons Indiens" et les Pawnies des "mauvais". Mais il ouvre la voie vers une autre représentation des Indiens, suivie par Le Dernier des Mohicans de Michael Mann et Geronimo de Walter Hill.

    L'Indien au cinéma est donc passé par diverses phases, devenant tour à tour un objet de curiosité ou de répulsion, ami ou ennemi, être humain respectable ou animal sauvage à abattre, avant de trouver enfin sa place légitime : un individu appartenant à un pays, à une nation, qui fût la victime d'une civilisation en marche.

     

     

     

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