• L'Aigle vole au soleil

    Un biopic réussit signé John Ford.

    L'Aigle vole au soleilDans les années 1910, Frank "Spig" Wead (John Wayne), jeune officier pilote de l'US Navy, tente de convaincre ses supérieurs de la nécessité de développer l'aéronautique navale. Il finit par y parvenir et devient une "huile", au grand dam de son épouse Min (Maureen O'Hara) qu'il délaisse pour les missions.

    Mais suite à un accident, Spig se retrouve paralysé. Passant de longs mois à se battre contre son propre corps, il va finir par retrouver l'usage de ses jambes, mais, devenu handicapé, il se verra écarté de l'armée. Une nouvelle carrière d'écrivain et de scénariste s'ouvre alors à lui...

    L'Aigle vole au soleil (1957), signé John Ford est le "biopic" d'un ingénieur en aéronautique américain, célèbre pour avoir - entre autre - songé à employer des navires d'escorte pour les portes-avions durant la Seconde Guerre Mondiale. Il est vrai que voir au début du film un John Wayne de 50 ans dans la peau d'un jeune pilote est assez étonnant, on n'y crois pas vraiment, mais l'acteur donne ensuite le change lorsque, immobilisé sur un lit pendant une bonne partie de l'histoire, il parvient à nous serrer la gorge d'émotion lorsqu'il demande à sa femme de le quitter, et lui donne des conseils pour l'éducation de leur deux filles.

    Commençant dans une ambiance bonne enfant de défis virils et de bagarres typiquement "Fordienne", le film bascule peu à peu dans le drame, et l'on assiste à la décrépitude du couple formé par Wayne et O'Hara, depuis la perte de leur premier enfant jusqu'à l'accident. Mais de loin en loin, l'amour des deux époux reste intacte, malgré leur caractère respectif et le handicap du héros.

    Contrairement à d'autres réalisateurs, Ford parvient à susciter l'émotion sans sombrer dans le larmoyant. Même la fin, très chargée émotionnellement, n'arrive pas à être ridicule et garde son impact aujourd'hui encore.

    Le couple Wayne/O'Hara fonctionne comme toujours à merveille, et l'on apprécie le jeu de Ward Bond  en réalisateur très inspiré sans aucun doute de Ford lui-même.

    Le biopic est un genre assez délicat, et L'Aigle vole au soleil est l'un des exemples les plus réussis.

    L'Aigle vole au soleil

     

     

    « Mel Gibson va remettre Jésus en scène !Bon Anniversaire, Evy ! »

  • Commentaires

    1
    Mardi 14 Juin 2016 à 10:08

    Très beau film de Ford avec une nouvelle fois un Wayne très touchant et engagé, sobre, composant un personnage waynien tout en émotion et évidemment en virilité, spécialement lorsqu'il devient lourdement handicapé, évitant tout glamour. Les scènes avec O'Hara sont magnifiques ; la scène finale où Wayne, seul, à l'aube de sa disparition prochaine, se remémore ses moments avec elle est superbe, alors qu'il ne fait que l'éviter où la rejeter. Le temps qui passe et le temps qui reste et fait grisonner. Les changements de ton brutaux, l'humour gamin voire gras, suivi d'une intense émotion, voire de dépression, sa dureté sentimentale, s'expliquent par la grande identification de Ford à son sujet, sujet qui était un homme qu'il admirait et connaissait. On croirait que Ford s'autopsychanalyse.

    Effectivement, c'est une gageure de voir un Wayne de 50 ans jouer un moment un jeunot de 20 ans, mais c'est une licence cinématographique, le personnage a toujours été d'un bloc, tout le film est une remémoration, et dans ce film pour la première et seule fois de sa carrière, Wayne joue sans perruque lorsqu'il joue le personnage plus vieux, largement dégarni. Ford y emploie ses fidèles dans ce film sur la fidélité : Ward Bond y jour explicitement le rôle de John Ford (Spig Wead a écrit pour Ford le fameux "Les sacrifiés", avec John Wayne) et y emploie Ken Curtis (qui était un temps son beau-fils) dans le plus grand rôle qu'il ait fait pour Ford, où il était plutôt habitué aux courts rôles 'country' chantants.

    C'est assez fou, à bien y penser, que Ford fasse un film sur un homme qui a été un de ses scénariste et qu'il connaissait, d'où le ton à la fois mélancolique et dépressif sur le temps, et le côté viril et trivial à la Ford, curieusement dosé. Ford a déclaré à propose de cet homme qu'il admirait "Je ne voulais pas faire ce film, parce que Spig était un grand pote. Mais je ne voulais pas que quelqu'un d'autre le fasse". Cette admiration étaiat à double tranchant. Le petit-fils de Ford déclara que ce film était aussi une auto-biographie pour Ford, qui s'identifiait à ce personnage : des âmes d'aventuriers brisées (Wead était un vrai casse-cou avant son accident) bloquées par leur limites physiques, qui ont loupé leur vie familiale et intime (d'ailleurs, il est devient paraplégique du fait d'un accident domestique dans la maison familiale qu'il fréquente peu et est un lieu dangereux : il y surréagit comme s'il sortait d'un cockpit d'avion en flammes, ce qui causera sa perte), voire sexuelle, et vivant par procuration.

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