French cowboy

Jean Hamman, né le 26 octobre 1883 dans le huitième arrondissement de Paris, est le fils d'un expert en tableaux. Son grand-père paternel était le peintre belge Edouard Hammam et sa grand-mère fut dame de compagnie de l'impératrice Eugénie.

À douze ans, Jean assiste à une projection de films des frères Lumière au Salon Indien du Grand Café à Paris.

Il passe sa jeunesse à côtoyer les amis de son père, Alexandre Dumas fils, Guy de Maupassant et Georges Feydeau, puis, après des études en France et en Angleterre, il intègre l'Académie des Beaux-Arts.

À 21 ans, il suit son père aux États-Unis pour l'aider dans ses travaux. Il assiste à une projection du film The Grand Train Robbery, le premier western de l'Histoire, ainsi qu'à une représentation du Buffalo Bill Wild West Show.

Grâce à un ami, il passe quelques temps dans la réserve Indienne de Pine Ridge (Dakota du Sud) et se lie d'amitié avec des Sioux Oglala, qui le surnomment "Mocking Bird" en raison de son caractère facétieux. Il travaille même dans un ranch, se familiarisant avec le maniement du lasso et la monte "western".

Rentré en France, il commence par fonder la "Blue Star Association", rassemblant des cavaliers amateurs d'équitation western, d'acrobaties et de lasso. Mais celui que ses amis américains appellent Joë Hammam rêve de faire des films de cowboys  et frappe aux portes de toutes les maisons de production. Seule, la firme Lux lui accorde de tourner deux films : Cow Boy (1906) et Le Desperado (1907). Le succès est immédiat

Une série de films, réalisés par Victorin-Hippolyte Jasset, Gaston Roudès ou Jean Durand, est alors tournée aux environs de Paris (dans les carrières d'Arcueil, sur la plaine de Nanterre et dans les bois de Meudon et Fontainebleau) ; ce sont des courts-métrages où Joë Hamman, devenu à l'écran 'Arizona Bill', effectue des cascades impressionnantes pour l'époque : sauter d'un cheval sur un train en marche, ou tomber avec sa monture du haut d'un pont dans une rivière.

En 1905, le Buffalo Bill Wild West Show se produit en France, et c'est l'occasion pour Joë de retrouver certains de ses amis Indiens, devenus figurants pour le spectacle. Dans le même temps il rencontre le marquis Folco de Baroncelli, un éleveur de taureaux, qui lui fera découvrir les paysages de la Camargue.

Emballé par ce décors naturel, l'acteur fonde alors Les Films Joë Hammam et va désormais produire et jouer à quelques encablures des Saintes-Maries-De-La-Mer.

Mais en 1914, alors qu'il devait tourner en Amérique, il est mobilisé. La guerre l'éloigne des caméras et, lorsqu'il revient au cinéma dans les années 20, les films d'outre-Atlantique ont enterrés les productions françaises.

Il continue de jouer, mais ne fait plus de western. Il fonde dans les années 50 le "Club hippique du lasso", qui comme la "Blue Star Association" quarante ans auparavant, réunit les passionnés d'équitation western.

Sa formation à l'art graphique lui permet de devenir illustrateur sur les oeuvres de Balzac, Charles Perreault ou Edgard Alan Poe, ainsi que des livres pour enfants. En 1962 sort son autobiographie, "Du Far West à Montmartre", préfacé par Jean Cocteau.

Joë Hamman tourne une dernière fois, à 84 ans, dans le film Pop'Game (67) de Francis Leroi où il interprète un vieux shérif racontant ses aventures à une petite fille. Il décède le 30 juin 1974 à Dieppe.

Seule une quinzaine de westerns tournés par Joë Hamman est aujourd'hui connue : les pellicules, hautement inflammables, ont quasiment toutes été détruites. De plus, l'oubli des foules a fait son oeuvre : très peu de gens connaissent aujourd'hui l'acteur, qui fut néanmoins un précurseur en matière de western européen, ainsi qu'en équitation western (aujourd'hui bien implantée en France).

À gauche : Dessin de Joë Hamman pour un illustré. À droite : la restauration d'un costume porté par l'acteur (qui lui fut offert par un ami Indien) au musée franco-américain du Château de Blérancourt (Aisne).