De Tintin à Nikita

Né le 3 juin 1929 au Havre, Jean Bouise sort diplômé de l'École supérieure de chimie de Rouan. Ce n'est qu'à l'issue d'un stage de théâtre en 1950 qu'il se découvre une passion pour la comédie, qu'il va concrétiser grâce à sa rencontre avec le metteur en scène Roger Planchon.

Devenu comédien, il participe à la naissance du Théâtre de la Comédie de Lyon puis au Théâtre de la Cité de Villeurbanne, qui deviendra plus tard le TNP. Il y interprète aussi bien des pièces du répertoire que des oeuvres originales de Planchon. C'est au sein de la troupe qu'il rencontre Isabelle Sadoyan, qui deviendra sa femme.

Il apparait une première fois au grand écran dans L'Autre Cristobal (1962) d'Armand Gatti, un film qui sera présenté au Festival de Cannes en 1963 mais ne sera jamais distribué dans les salles. Après son rôle du directeur de l'école dans La Foire aux cancres (63) et sa participation dans le film Soy Cuba (où il est crédité "Jean Bouisse"), il incarne le truculent 'Capitaine Haddock' dans Tintin et les oranges bleues (64) de Philippe Condroyer.

Second rôle discret, reconnaissable à ses lunettes de myope et une moustache, Jean Bouise est au générique de La Guerre est finie d'Alain Resnais, Avec la peau des autres de Jacques Deray, L'Américain de Marcel Bozzuffi.

Dans Z de Costa-Gavras, il est un ami du sénateur interprété par Yves Montand, devient le juge des mineurs dans Mourir d'aimer d'André Cayatte, le patron de l'usine dans L'Aveu. Il retrouve une troisième fois Costa-Gavras pour Section spéciale en 75.

Même s'il semble à son aise dans le drame (Les Choses de la vie, Le Vieux fusil) ou les brûlots politiques (L'Attentat, Le Juge Fayard, dit le shérif), on retrouve également Jean Bouise dans des films plus légers comme La Poudre d'escampette ou Le Retour du grand blond.

Dans Monsieur Klein, il interprète au début du film l'homme contraint de vendre un tableau de famille au héros interprété par Alain Delon, et à la fin dans le train, comme un remord vivant de l'égoïsme de Klein.

Jean Bouise est nominé en 1976 pour le César du meilleur acteur dans un second rôle masculin pour Le Vieux fusil, puis en 78 pour Le Juge Fayard, dit le shérif. Il n'obtiendra la statuette qu'en 1979 pour sa prestation en patron du club de foot dans Coup de Tête.

À la fin de sa vie, il va devenir un des acteurs-fétiches de Luc Besson, apparaissant dans Le Dernier combat (83), Subway (85), Le Grand bleu (88) et Nikita (90) dans lequel il incarne son tout dernier rôle, l'attaché d'ambassade d'U.R.S.S. Besson lui dédiera d'ailleurs le film.

Outre le théâtre et le cinéma, Jean Bouise a également été présent sur le petit écran : c'est ainsi qu'il tiens le rôle-titre d'Ubu Roi en 1965 (dans une mise en scène de Jean-Christophe Averty), qu'il est 'Charles Bovary' dans l'adaptation de Madame Bovary en 1974, qu'il joue dans Le Voyageur imprudent de Pierre Tchernia d'après René Barjavel.

Dans le téléfilm Mérette (1982) de Jean-Jacques Lagrange, il joue un pasteur aux côtés de son épouse Isabelle Sadoyan.  On le retrouve aussi dans les séries L'Épingle noire et Paris-Saint-Lazare (82), Le Mystérieux Docteur Cornélius (83), dans Noces de Soufre, téléfilm de l'anthologie Série Noire sur TF1 (84).

Atteint d'un cancer des poumons, Jean Bouise décède le 6 juillet 1989 à à l'hôpital Léon-Bérard de Lyon.

Une salle du TNP de Villeurbanne porte aujourd'hui son nom.

Filmographie sélective :

1963 - L'Autre Cristobal - Armand Gatti

1963 - La Foire aux cancres - Louis Daquin

1964 - Soy Cuba - Mikhaïl Kalatozov

1964 - Tintin et les oranges bleues - Philippe Condroyer

1965 - La Vieille dame indigne - René Allio

1966 - La Guerre est finie - Alain Resnais

1966 - Avec la peau des autres - Jacques Deray

1969 - L'Américain - Marcel Bozzuffi

1970 - Z - Costa-Gavras

1970 - Mourir d'aimer - André Cayatte

1970 - Les Choses de la vie - Claude Sautet

1970 - L'Aveu -Costa-Gavras

1971 - La Poudre d'escampette - Philippe de Broca

1972 - L'Attentat - Yves Boisset

1973 - Les Granges brûlées - Jean Chapot

1974 - Le Retour du grand blond - Yves Robert

1975 - Folle à tuer - Yves Boisset

1975 - Section spéciale - Costa-Gavras

1976 - Le Vieux fusil - Robert Enrico

1976 - Monsieur Klein - Joseph Losey

1976 - Mado - Claude Sautet

1977 - Le Juge Fayard, dit le shérif - Yves Boisset

1977 - Mort d'un pourri - Georges Lautner

1978 - Un papillon sur l'épaule - Jacques Deray

1979 - Coup de tête - Jean-Jacques Annaud

1982 - Hécate, déesse de la nuit - Daniel Schmid

1983 - Équateur - Serge Gainsbourg

1983 - Au nom de tous les miens - Robert Enrico

1983 - Le Dernier combat - Luc Besson

1983 - Édith et Marcel - Claude Lelouch

1985 - Partir, revenir - Claude Lelouch

1985 - Subway - Luc Besson

1986 - Zone rouge - Robert Enrico

1987 - Dernier été à Tanger - Alexandre Arcady

1987 - l'Été en pente douce - Gérard Krawczyk

1987 - De guerre lasse - Robert Enrico

1988 - Le Grand bleu - Luc Besson

1988 - L'Oeuvre au noir - André Delvaux

1989 - La Révolution française - Robert Enrico

1990 - Nikita - Luc Besson